dimanche 14 octobre 2012

Ce que le jour doit à la nuit : A. Arcady - 12 septembre 2012

Khadra choisit Arcady pour adapter son roman au cinéma
Une réussite !
 
 

Le 1er décembre 2008, j'écrivais sur ce blog :

" Un regard très humain sur l’Algérie coloniale
C’est l’histoire d’une bande d’amis sur fond d’Algérie coloniale entre 1830 et 2008. Elle nous est racontée par Younès, qui deviendra assez vite Jonas. Nous sommes dans la région d’Oran, chère au cœur de Yasmina Khadra... " Suite ici

Je venais de dévorer le roman de Yasmina Khadra et j'étais sous le choc. J'étais bouleversé et une fois encore mon cœur battait la chamade pour ma belle terre natale.

J'imaginais que des réalisateurs s'intéresseraient à ce roman et que le choix serait difficile pour Yasmina Khadra. Finalement Alexandre Arcady, enfant du pays, arriva à le convaincre et le film était lancé.
 
Pour être tout à fait honnête, j'étais très méfiant quant au choix du réalisateur qui ne fait pas partie de mes préférés. Restituer le folklore Pied-noir en en faisant des tonnes ne m'a jamais captivé (Le Coup de sirocco, Le Grand Pardon, Le Grand Pardon 2, Là-bas... mon pays, entre autres). Pourtant, il avait tenu le rôle de Noël dans " Avoir vingt ans dans les Aurès ", film français réalisé par René Vautier et sorti en 1972.
 

 
Au-delà de l'histoire d'amour. Pour comprendre la souffrance de l'Algérie, il faut voir ce film qui respecte totalement l'œuvre de Yasmina Khadra.
 
Film bouleversant de vérité pour un Algérien-Français qui n'a pas choisi de partir. La seule véritable œuvre d'Alexandre Arcady, de mon point de vue, qui a accepté de faire ce film avec ses tripes de là-bas et qui a parfaitement servi le texte de Khadra.
 
Monsieur Arcady, moi qui n'aime pas ce que vous faites habituellement, là je vous tire mon chapeau.
 
Monsieur Khadra, vous avez bien fait de confier cette adaptation à Monsieur Arcady. Je l'ai vu 2 fois en 3 jours. J'ai les yeux toujours embués et ça me fait un bien fou !

 

 
Messieurs les critiques qui vous permettez tout et n'importe quoi, au nom de votre impunité, vous écrivez sur un sujet que vous ne connaissez pas ! Khadra et Arcady parlent de l'Algérie qui souffre, avec pour prétexte une histoire d'amour impossible. Ils parlent des rapports humains, tout au long d'une grande saga. Ils évoquent la souffrance, mais aussi la vraie vie en Algérie, alors que la France l'occupait indûment.
 
Cessez de jouer les intellos (plutôt mauvais) qui font autorité sur tout et posez-vous les bonnes questions. Vos papiers sont minables, étriqués et ignorants !
 
Lecteurs de ce blog, je vous invite à allez voir ce grand film, à lire ce grand roman et à ignorer les prétendus spécialistes imbus de leur personne. Lisez les avis des internautes sur les sites spécialisés et vous serez convaincus...
 
Yahia

jeudi 11 octobre 2012

samedi 6 octobre 2012

Souad Massi Au CAP d'AULNAY SOUS BOIS


Concert de Souad Massi accompagnée des musiciens du Cap au CAP d'Aulnay-sous-Bois,
le 21 septembre 2012 pour l'ouverture du festival MAAD IN 93
Vidéo réalisée par VIDEO2GAME
 

Pierre Chaulet est décédé : un grand militant pour l'Algérie Algérienne

Pierre Chaulet (à gauche) et Réda Malek,
des compagnons de longue date
 
Pierre Chaulet né le 27 mars 1930 à Alger
et mort le 05 Octobre 2012 à Montpellier

Pierre Chaulet était un médecin Algérien résistant durant la guerre d'Algérie au coté du FLN. Il a effectué des opérations secrètes avec les combattants du FLN sous les ordres de Abane Ramdane. Il fut expulsé en France mais il arrive a rejoindre avec sa femme, Claudine, le FLN en Tunisie où il a continué ces activités de résistant autant que médecin et d'écrire pour le journal du FLN, El Moudjahid.
 
Il fait la rencontre de Franz Fanon a l’hôpital de Blida en 1955. “En février 1955, Abane Ramdane est venu me demander de trouver un psychiatre pour suivre le cas des moudjahidine qui risquaient de parler sous la torture. Et c’est à partir de là que j’ai connu Frantz Fanon qui a hébergé également des malades à l’hôpital de Blida”1.
 
Après l'indépendance de l'Algérie, Chaulet a rejoint l'hôpital Mustapha Pacha. Il a contribué à l'éradication de la tuberculose en Algérie. Claudine Chaulet est quant à elle devenu professeur de sociologie à l' Université d'Alger. Co-auteur avec sa femme Claudine de leurs mémoires : "Le choix de l'Algérie : deux voix, une mémoires" sortie en 2012 aux éditions [barzakh].
 
D'après Wikipédia
 

Le corps de Pierre arrive lundi prochain de Marseille. On organise demain (samedi 06/10/2012) ici une cérémonie de recueillement. Il sera enterré Mardi au cimetière d'El Mouradia. (info de Omar Bessaoud)
 

Viens chez moi j’habite à la Paillade reçoit... par Kaina-tv


La sépulture de Pierre Chaulet
(photo transmise par Djamel-Eddine Mekhancha)
 
L'hommage de Omar Bessaoud
Economiste-CIHEM-IAM-
Montpellier
 
Pierre Chaulet vient de nous quitter ce vendredi 5 Octobre, date symbolique qui a marqué l’histoire tourmentée de notre pays, et ceci  après une pénible maladie contre laquelle il se sera battu avec un courage et une lucidité admirables. Il savait dès le début de la maladie le mal qui le rongeait et se plaisait à dire à ses proches avec une pointe d’humour contrôlé qu’il était né avec la célébration du centenaire de la colonisation (1930) et qu’il allait nous quitter alors que nous célébrons l’année du cinquantenaire de l’indépendance du pays.
Deux autres dates symboles qui résument aussi parfaitement sa vie. Celle d’ « un monde fini qui commence » selon la belle formule de Paul Valéry.  Le processus de déclin du monde colonial commence en effet au moment même où  le mouvement national moderne - dans lequel Pierre s’engagera dès le déclenchement de la Révolution- émerge. Ce mouvement libérateur engagé par les forces nationales  et patriotiques annonce ainsi dans les faits le début de la fin du système colonial. 
Pierre fut pour notre génération un homme à part. Et cela pour plusieurs raisons.
D’abord son engagement pour la patrie, pour l’Algérie indépendante fut total et sans réserve. Il avait très tôt pris conscience des injustices du système colonial, de la violence et de l’humiliation subies par le peuple algérien. Il fut de ceux parmi les européens d’origine qui ont brisé les barrières imposées par un régime « d’apartheid larvé » - la formule lui appartient-, barrières  qui le séparait de ses frères algériens. Lorsque le chahid Mohammed Laïchaoui (qui a dactylographié à Ighil Imoula l’appel historique du 1er Novembre 1954) l’informe que l’insurrection qui était déclenchée était une « chose sérieuse », il s’engagea avec raison et sans faille aux côtés de ceux qui appellent à la Libération et à l’indépendance du pays. Il savait où était son camp et comme il le répétait souvent, il n’y avait pas place pour lui pour une troisième voie. « Il y avait ceux qui étaient pour l’indépendance nationale et les autres (ultras partisans de l’Algérie française, libéraux partisans d’une Algérie avec souveraineté française…) ».
Les mémoires écrites à deux voix avec Claudine son épouse, sa compagne avec laquelle il partagera tous les combats retrace avec modestie et l’intelligence qu’on lui connaît sa contribution à la lutte de libération. La lutte et le combat pour une Algérie libre et indépendante trouva en Pierre et Claudine des porte-parole, des représentants qui donnaient une légitimité politique et morale indiscutable à la Révolution algérienne. Il mit son expérience, ses ressources intellectuelles et toutes ses qualités d’homme au service du pays. Il côtoya les dirigeants les plus prestigieux de la Révolution dont Abane Ramdane et Ben M’hidi. Il fut le compagnon et l’ami de Fanon, l’animateur précieux et infatigable d’El Moudjahid et de l’agence Algérie Presse dont on sait l’influence qu’ils eurent sur la mobilisation nationale et internationale pour le triomphe de la révolution.
Ce souffle révolutionnaire qui était le sien il y a plus de 50 ans est resté intact jusqu’à la fin. Il consacra ces derniers mois, quand ses forces physiques le lui permettaient, à  communiquer ce souffle et l’idéal de cette Algérie révolutionnaire dont il fut l’acteur et le témoin. En effet, même affaibli par la maladie, Pierre tenait à mobiliser et à éclairer avec une générosité remarquable les  générations nées ici de ce combat libérateur et des sacrifices consentis pour l’indépendance nationale.
Il présenta son livre et se prêta en juin à l’exercice de conférences-débat au siège du Consulat d’Algérie à Montpellier, à Ganges... Il témoignera par le moyen des média aussi (voir l’interview accordé à Kaina-tv (http://www.kaina-tv.org/new-site/tag/pierre-chaulet/). Il tenait à dire et à éclairer avec toute sa raison et sa force morale du bien-fondé de la lutte, de sa justesse et ceci contre les thèses « négationnistes » ou « révisionnistes» qui ont cours aujourd’hui.
Pierre était en cure de traitement  lorsque le livre écrit avec Claudine est sorti à Alger [1]. Nous pouvons témoigner de sa joie et de son immense fierté d’avoir accompli son devoir de mémoire lorsque nous lui avions apporté d’Alger des exemplaires du livre. Fier parce qu’il pensait qu’il avait contribué utilement à écrire un chapitre de l’Histoire sociale de la révolution algérienne, qu’il avait aussi contribué à une réflexion collective sur ce que représentent la citoyenneté algérienne et la nationalité algérienne aujourd’hui. Quelle joie aussi à la suite de la lecture de la lettre envoyée par le Président de la République, lettre qui faisait écho à la dédicace « toute politique » accompagnant le livre qu’il lui avait adressé : le chef de l’Etat rappelant le passé glorieux de moudjahid de Pierre le qualifie « non d’un algérien à part entière, parmi le meilleur des algériens ».   La fierté d’être algérien, d’appartenir à son peuple et à cette terre qui l’a vu naître comme d’autres algériens dont les origines étaient turques, andalouses, romaines, arabes… était là toujours présente… Elle expliquait aussi tous ses engagements pour la construction du pays. 
La deuxième raison est donc celle de ses engagements aux côtés des forces nationales qui ont à cœur l’édification de l’Etat algérien.  Pierre appréciait les changements opérés dans le pays sur une échelle de l’histoire du pays qui dépasse les contingences politiques du moment. Il savait distinguer le mouvement profond de notre société et son engagement patriotique était là aussi sans faille.  Il arrivait à redonner espoir dans l’avenir de l’Algérie.
Il rappelait ainsi dans ses dernières conférences publiques qu’en dépit des déchirements de l’été 62, la rentrée des classes s’était faite dans les écoles, que les terres coloniales avaient été récupérées, que des comités de l’autogestion agricole et industrielle avaient conservé et entretenu l’outil de travail, qu’ « El moudjahid-Le peuple » paraissait… Que si les enfants étaient pieds nus, que si la pauvreté était immense, que si des maladies comme la tuberculose (les programmes de lutte contre la tuberculose furent l’une de principales préoccupations par la suite) sévissaient, et 50 ans après le pays a changé.
Nous le citons : « Scolarisation massive, plus de 30 000 médecins contre 200 en 1962 grâce à une réforme des études  médicales » (auxquelles il a activement contribué), des centaines de milliers d’étudiants, d’autres réformes et chantiers considérables ouverts et qui sont à l’origine de la transformation du pays ces 50 dernières années (réforme de l’enseignement des années 1970, réforme agraire, bases industrielles qui ont été jetées)… A ses yeux, c’est cela qui était important. L’Etat national se construit et cela représentait pour lui une réalité historique inestimable. Le message que nous avons tous retenu en l’écoutant est que par ces temps de bouleversements et de crise politique et morale, de menaces qui pèsent sur le monde (il suivait l’actualité internationale) c’est cette réalité qu’il faut défendre, que si les  tâches ne sont certes pas  accomplies, il ne faut désespérer de l’avenir si l’on mesure les changements à une échelle de temps plus longue.
Pierre aura été modeste jusqu’au bout : soulignons seulement sa contribution avec la rigueur intellectuelle et la droiture qu’on lui connaît à la formation de générations de médecins ou à  la défense du système de santé publique du pays au cours de ces 50 dernières années. 
Une autre raison enfin de notre admiration pour l’homme généreux dont la fidélité à ses idéaux de jeunesse étaient sans cesse renouvelée. Les derniers messages de Pierre, ses propos échangés à l’occasion de visites à l’hôpital ou chez Anne et Pierre son gendre sont chargés d’espoir et d’un esprit de combat pour que les générations futures poursuivent les objectifs portés par la Révolution de Novembre 1954 ou les principes adoptés lors du Congrès de la Soummam (dont les textes ont été cachés dans les langes de Luc et acheminés par Claudine). Pierre avait la conviction que la révolution démocratique et sociale pour laquelle il s’était engagé toute sa vie est dans le fond inéluctable et sa certitude est que l’Histoire inspirée des principes de Novembre reprendra son cours.
Notre grand frère Pierre avait exprimé la volonté de revoir le pays où il voulait fermer les yeux. Toutes les autorités (celles du consulat ici à Montpellier mais aussi les plus hautes autorités du pays) s’étaient mobilisées il y a une semaine pour son transfert à Alger. Il fut annulé son état s’étant subitement aggravé. Nous pensons à ses proches, sa vieille tante Colette Reveill-Tamiato (dont il conservait précieusement la photo sur lui),  ses frères et sœurs (Yves, Jean François, Marguerite et Christiane),  ses enfants (Eve, Anne et Luc) et petits enfants (le petit Yahia, Victoire, Céleste, Alice), Ghania et Pierre et à tous qui ont été toujours présents et qui l’ont entouré de leur immense affection et qui l’on aidé à vivre.
Nous avons aussi une pensée mêlée de reconnaissance et d’émotions pour Claudine- « l’autre voix » - dont on mesure la douleur après la disparition de celui, dont elle a, dès les premières rencontres, épousé la cause, partagé la vie et  poursuivi les combats pour « la conquête de la citoyenneté » algérienne. 

 Montpellier, le 5 Octobre 2012


[1] "Le choix de l'Algérie : deux voix, une mémoires"  Editions barzakh
 
Pierre Chaulet avait 82 ans
 
 
 
Par
 
Il (Réda Malek ndlr) avait connu Pierre Chaulet, aux premières heures de la Guerre de libération. Reda Malek, ancien chef du gouvernement et ancien directeur du quotidien El Moudjahid, organe central du FLN, relate dans cet entretien les qualités de celui qui a sacrifié toute sa vie au service de l'Algérie.
L'Expression: Le moudjahid Pierre Chaulet est décédé. Vous qui l'aviez connu, quel était son rôle pendant la guerre de Libération?
Réda Malek: Encore une fois, l'Algérie perd l'un de ses dignes fils. Un brave et valeureux, qui a défendu l'Algérie durant toute sa vie. Très jeune, il était épris de justice. Tôt, il manifesta sa prise de conscience et ses positions pour défendre le peuple algérien, broyé par la machine coloniale. Il faisait partie de ces Français d'origine, qui militaient aux côtés du peuple algérien, et aux premiers rangs, contre le colonialisme français. Il faisait partie de cette mouvance menée avec bravoure par l'archevêque d'Alger, le Cardinal Duval, Henri Alleg, André Mandouze, professeur à l'Université d'Alger, qui fonda en 1954 la revue «Consciences maghrébines», dans laquelle Chaulet avait affiché ses positions anticolonialistes. Fidèle à ses engagements humanistes et chrétiens, il dénonça les effets du colonialisme sur les colonisés mais aussi les survivances de l'idéologie coloniale et ses effets bien réels sur la société française actuelle.

Que dire de Pierre Chaulet en tant qu'homme et militant de la cause algérienne?
C'est un humaniste, un militant des causes justes. Un intellectuel averti et avisé. Que c'était, dès son jeune âge, un militant politique anticolonialiste, honnête, fermement engagé et responsable, qui a mis toute sa vie au service de l'Algérie pour son indépendance, mais aussi pour que l'Algérie des justes soit bâtie. Très jeune, Pierre Chaulet manifestait déjà son identité politique. Ainsi, bien avant la Révolution, il s'est montré un militant politique anticolonialiste, honnête, fermement engagé et responsable, faisant partie de ceux qui, par leur engagement dans l'action politique auprès du FLN, sont arrivés à conduire le destin du peuple algérien à son émancipation. Ne s'arrêtant pas là, Chaulet a continué son combat politique. Il était aux côtés des Algériens durant toute sa vie. Arrive le 1er Novembre, il rejoint les rangs de la Révolution algérienne à Alger en véritable militant de la cause algérienne s'engageant corps et âme. Ainsi, tôt, il se retrouva aux premiers rangs de la Révolution. Aux côtés d'Abane Randane, Benyoucef Benkhedda, et le docteur Lamine Debaghine, il se distingua par sa présence et son utilité avérée.

Grâce à lui, les dirigeants du CCE, direction centrale du FLN, se sont frayé un chemin durant la «Bataille d'Alger», pour fuir la capitale et rejoindre le maquis. En effet, c'était lui qui avait fait sortir Abane Ramdane d'Alger pour rejoindre le maquis avant de prendre le chemin vers la Tunisie. Ses activités ne s'arrêtaient pas là, il avait même rejoint la rédaction d' El-Moudjahid en 1956, où nous avions beaucoup travaillé ensemble. Il était d'un apport considérable. En plus de ce travail à l'intérieur des rangs de la Révolution algérienne, Pierre Chaulet, en compagnie d'André Mandouze, avait surtout servi de pan pour lier et renforcer les relations entre le Gouvernement provisoire de la république algérienne (Gpra) et l'église catholique que dirigeait l'archevêque, le Cardinal Duval, plaidant tous ensemble pour l'indépendance de l'Algérie. C'est dire, à l'évidence, que Pierre Chaulet se trouvait sur tous les fronts du combat mené par le peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance. Son refus de l'arrogance, de l'oppression et l'injustice du système colonial sont autant de facteurs qui l'ont poussé, ainsi que son épouse Claudine Chaulet, à s'engager dans la Révolution. Ils étaient des progressistes et des militants de gauche. L'injustice révoltante est ce qui a guidé Pierre et Claudine à faire leur choix. C'est ce qui les a poussés à agir, à travailler dès le début dans le cadre du FLN, et à faire le choix de l'Algérie. Ils étaient Algériens à part entière.

Peut-on dire, donc, que Pierre Chaulet a inscrit son combat pour les causes justes même après l'Indépendance?
Après l'Indépendance, Pierre Chaulet resta en Algérie et décida lui et ses compagnons de lutter contre la tuberculose et se sont lancé le défi d'éradiquer cette maladie. Ils ont, en effet, réussi à relever ce défi.

Et encore, il a milité pour une médecine publique et gratuite. Il en a toujours mis son art et son génie au service de la médecine publique. Il l'un des membres fondateurs de l'APS, à Tunis en 1961.
Le Pr Chaulet a acquis la nationalité algérienne en 1963 conformément aux principes du FLN contenus dans l'appel du 1er Novembre 1954, qui a déclenché la guerre de Libération. Puis arriva, le terrorisme, le révolté, l'homme aux causes justes ne savait pas se taire. Il ne cachait pas ses positions, c'était même impossible pour lui d'assister indifférent au mal qui frappait de plein fouet l'Algérie. Il s'est toujours senti le devoir d'agir et de servir l'Algérie. D'où, les groupes terroristes lui ont adressé des menaces de mort.

C'était à la Rue Didouche Mourad que les terroristes lui ont bien signifié qu'il sera, à son tour, assassiné. Il quitta l'Algérie, mais sans tarder il y revient. Avec sa femme Claudine, ils ont d'ailleurs immortalisé leur combat et leur choix pour défendre et vivre en Algérie. Ainsi, ils ont co-écrit leurs mémoires: «Le choix de l'Algérie: deux voix, une mémoire», (sortie en 2012 aux éditions Barzakh). Dans ce livre, l'Algérie se retrouve elle-même, se reconnaît comme dans un miroir en ce qu'elle a de meilleur. Peut-on être plus Algérien que ce couple de souche française dont la rectitude, le courage et le sang-froid restent indissociables de l'une des plus prodigieuses insurrections nationales du XXIe siècle? Et enfin, il faut bien dire et le répéter que pour l'Algérie, Pierre Chaulet constitue un symbole de la Révolution algérienne et son ouverture sur le monde universel.
 
 

Décès à Alger du professeur Pierre Chaulet

le 05.10.12 | 11h08 | mis à jour le 05.10.12 | 19h06

© Souhil Baghdadi (El Watan)
Le professeur Pierre Chaulet
Photo : Souhil Baghdadi (El Watan)
 
Le professeur Pierre Chaulet, est décédé vendredi à l'âge de 82 ans à Alger des suites d'une longue maladie a annoncé la radio nationale algérienne.

Pierre Chaulet est né à Alger en 1930. Il est médecin résistant durant la guerre d'Algérie au coté du FLN. Il a effectué des opérations secrètes avec les combattants du FLN sous les ordres de Abane Ramdane.

Le Pr Chaulet a réussi, avec sa femme Claudine qui avait également épousé la cause algérienne, à rejoindre le FLN en Tunisie où il a continué ses activités à la fois comme médecin et comme journaliste au journal du FLN, El Moudjahid. Il est l'un un des membres fondateurs de l'agence de presse algérienne APS, à Tunis en 1961.

A l'indépendance de l'Algérie, il obtient la nationalité, puis occupe de nombreuses fonctions. Il a été professeur de médecine de 1967 à 1994. Chargé de mission pour la santé auprès du chef du gouvernement (1992-94) et vice-président de l’Observatoire national des droits de l’homme (1992-96), il a été également expert de la tuberculose auprès de l’OMS depuis 1981 et consultant en santé publique auprès du Conseil national économique et social (CNES) depuis 2006.

Avec Claudine, qui a été professeur de sociologie à l'université d'Alger, il a co écrit un livre relatant leurs mémoires : "Le choix de l'Algérie : deux voix, une mémoire", sortie en 2012 aux éditions Barzakh.

Le regretté sera inhumé samedi au carré chrétien du cimetière de Diar Saada (Alger).
 

Chaulet fervent militants de la cause algérienne.


C’est un monument de la cause algérienne qui s’en est allé hier. Il s’en est allé subrepticement, avec cette nette et étrange impression que la patrie ne lui a pas été assez reconnaissante. C’est une pépite à la valeur inestimable du combat émancipateur du peuple algérien, un juste parmi les justes que l’Algérie vient de perdre à jamais.

Pierre Chaulet est décédé hier, à Montpellier, des suites d’une longue maladie. Il sera rapatrié lundi et inhumé mardi à Alger (conformément à sa volonté), la ville qui l’a vu naître, où il a vécu et combattu sa vie durant. Jusqu’à ses ultimes instants de vie, le professeur Chaulet a voulu et désiré ardemment sa patrie. Hospitalisé depuis plusieurs mois en France, le professeur Chaulet demandait à rentrer chez lui pour dormir enfin du sommeil du juste. Avec Claudine, son épouse et compagne de lutte, Pierre Chaulet a frayé toute sa vie avec le mouvement national, a connu et fréquenté ses «grands» hommes, chevilles ouvrières et anonymes porteurs d’eau ; il était acteur et témoin de ses événements charnières. Le couple mythique de la Révolution algérienne abhorrait les feux des projecteurs et la rhétorique patriotarde ; il cultivait dévotement la discrétion, la modestie. Leur engagement pour l’indépendance de l’Algérie et au-delà, authentique et désintéressé, a forcé le respect de plusieurs générations d’Algériens.

«Non-musulmans, ils avaient, eux, de manière spécialement vitale, besoin d’une nation algérienne», écrivait l’historien Gilbert Meynier à propos de cette «mince frange» de pieds-noirs et de juifs d’Algérie engagés dans la lutte de Libération nationale. Car du point de vue de l’identification nationale, les pieds-noirs nationalistes algériens FLN, «furent d’authentiques Algériens, étrangers qu’ils étaient tant au communautarisme de base des Arabo-Berbères qu’au communautarisme mahométan universel ; et parce qu’ils avaient pratiquement rompu avec leur communauté originelle tant leur engagement était exceptionnel».

Pierre Chaulet n’aimait pas cette présentation un tantinet cajoleuse mais biaisée aux entournures. «Gilbert (Meynier) écrit ce qu’il veut», nous répondit, excédé, le professeur qui aimait se définir comme un «militant FLN, canal Abane» (lire l’entretien paru dans El Watan en avril 2011). Pour Pierre Chaulet, leur engagement «naturel» était «l’illustration que la guerre n’était pas raciste, confessionnelle ; que des gens génétiquement pas Algériens se considéraient comme tels, en tant que partie prenante de l’Algérie en combat».

En parlant de lui, son vieil ami et compagnon de route, Rédha Malek, ne tarissait pas d’éloges : «Son sens précoce de la justice face aux inégalités s’est aiguisé au fil des ans et s’est épanoui au cours de la Révolution», disait le négociateur des Accords d’Evian.
 
«Militant FLN, canal Abane»
1er Novembre 1954 au soir. Pierre Chaulet apprend de son ami Mohamed Laichaoui, journaliste et militant du MTLD, le déclenchement de la lutte armée. Contrairement à Camus et aux centaines de milliers d’Européens d’Algérie, Chaulet n’avait pas choisi le parti de sa «mère», mais l’Algérie, le parti de la justice. «Il était clair pour moi que j’étais non seulement solidaire d’un camp, mais dans un camp : je n’avais pas à faire de choix», racontait-il. Pierre Chaulet avait 24 ans. Il venait de terminer ses études de médecine.
 
Dans Majallat Et Tarikh (édité par le Centre national d’études historiques, 1984), il se dit «né à Alger de parents nés eux-mêmes en Algérie, élevé à Alger. Responsable dans des mouvements de jeunesse chrétiens, je n’appartenais à aucun parti. Je ne parlais pas arabe. J’avais un avenir, simplement tracé, de promotion sociale par les études universitaires. Un Européen algérois ordinaire ? Pas exactement, car au-delà du milieu étudiant, j’avais des amis algériens dont, depuis deux ans, j’étais devenu étroitement solidaire. En rappelant comment ces amitiés ont pu se nouer et se transformer en solidarité de lutte, on peut espérer faire comprendre pourquoi mon engagement paraissait naturel en tant qu’aboutissement d’une évolution personnelle et exceptionnel, puisque, en situation coloniale, les rencontres à égalité sont contraires à l’ordre des choses».
Un engagement «naturel» qui n’a pas toujours été apprécié à sa juste valeur par ses frères d’armes.

A l’indépendance, nombre d’Européens d’Algérie qui avaient rallié avec armes et bagages la «cause» ont obtenu la nationalité algérienne… par décret ! Suprême humiliation. Le code de la nationalité (1963) a laissé cette catégorie d’Algériens en rade.
 
«Je ne regrette rien… surtout pas d’avoir espéré»
Bien avant, en 1960, les prémices de cet affront fait à ces militants se manifestaient déjà. Lors du congrès de l’Ugema à Tunis, les Chaulet protestaient devant Ferhat Abbas contre l’annulation de l’élection d’une étudiante algérienne d’origine juive par la section de Berlin, la future psychiatre Alice Geronimi-Cherki. Leur lettre adressée au président du GPRA restera dans les annales pour avoir mis le doigt sur une de ces blessures mortelles infligées à des militants non musulmans qui avaient rejoint la lutte sur la seule base de la Déclaration du 1er Novembre, proclamation imperméable qu’elle était aux marqueurs éthique et religieux. «Dire à Madame Cherki, écrivent les Chaulet, qu’elle est d’origine européenne alors qu’il s’agit d’une indigène algérienne authentique est une grossièreté gratuite qu’il est difficile de croire involontaire. A tout moment un Algérien non musulman peut être considéré comme un citoyen de seconde zone, un Européen libéral sympathisant, un étranger toléré.»
 
La lettre est restée sans suite. Un demi-siècle après l’indépendance, la même injustice frappe cette catégorie d’Algériens. «Je pense que les termes de cette lettre, disait Pierre Chaulet, sont d’actualité quand on constate la dérive communautariste de l’opinion de la majorité de nos concitoyens, en particulier des plus jeunes qui ignorent l’histoire du Mouvement national et pour qui des gens comme nous sont vus davantage comme des ‘’amis de l’Algérie’’ (donc en quelque sorte ‘’extérieurs’’) que comme des concitoyens égaux en droits et en devoirs.»

 


L’enfer de l’été 1962, les luttes fratricides pour le pouvoir, le débarquement de l’armée des frontières qui ont suivi ne le laisseront pas indifférent. Perplexe plutôt. «Je n’avais pas à prendre partie. J’étais simple militant de base (…). On disait ce qu’on pensait jusqu’au moment où le FLN nous a abandonnés : il y avait une coupure due aux querelles d’appareils. Il n’y avait aucune raison de faire du suivisme. On nous a dit : rentrez chez vous, on vous appellera dès qu’on aura besoin de vous. On avait tout de suite compris.»

 

A l’indépendance, Pierre Chaulet reste sur le pied de guerre. Dans la santé publique, l’aura du professeur Chaulet frise le mythe. L’organisation de la lutte contre la tuberculose, son éradication presque, c’est essentiellement lui. Il ne quittera son pays (pour la Suisse) que forcé, en 1994. Son nom figurait sur une liste de personnalités à abattre par les groupes islamistes armés. «Deux phénomènes, plaisantait-il, m’ont poussé à quitter l’Algérie : les paras et les barbus.» Au crépuscule de sa vie, Chaulet disait ne rien regretter de ses choix et engagements : «Je ne regrette surtout pas d’avoir espéré (conférence à Alger, 19 décembre 2006). Grâce aux compétences acquises, à l’engagement et à la vigilance d’hommes et de femmes conscients des réalités actuelles, issus des nouvelles générations formées après l’indépendance et grâce à elles, j’espère encore. Malgré tout.»

Bio express :

Né à Alger le 27 mars 1930, de parents catholiques sociaux engagés dans le syndicalisme chrétien, eux-mêmes nés en Algérie, il effectue ses études primaires et secondaires au collège Notre-Dame d’Afrique, puis des études de médecine à Alger. C’est à l’université, entre 1947 et 1950, qu’il prend conscience des limites du réformisme social ainsi que de la puissance du juste mouvement d’émancipation des peuples anciennement colonisés. Devenu responsable de mouvements de jeunesse éducatifs catholiques (notamment par le scoutisme), il participe aux contacts entrepris en 1951 entre les responsables de mouvements de jeunesse en Algérie. Il contribue à la création de l’Association de la jeunesse algérienne pour l’action sociale (AJAAS) en 1952 et devient membre du comité de rédaction de la revue Consciences Maghrébines (1954-1956).
 
A partir de décembre 1954, Pierre Chaulet milite à Alger dans le FLN (transport et hébergement de militants et responsables clandestins – dont Ramdane Abane et Larbi ben M’hidi –, soins aux malades et aux blessés, diffusion des tracts du FLN et d’El Moudjahid clandestin). Correspondant du journal l’Action (Tunis) de décembre 1955 à février 1957, il est arrêté une première fois en novembre 1956 en même temps que sa sœur, puis relâché faute de preuves ; il est encore arrêté et emprisonné à Serkadji en février 1957, puis expulsé d’Algérie en mai 1957. En décembre 1957, il soutient sa thèse de doctorat en médecine à Paris et rejoint Tunis, où son épouse Claudine et son fils Luc l’ont précédé. Il participe alors régulièrement, jusqu’en juillet 1962, à la rédaction d’El Moudjahid (en langue française) et à diverses activités développées dans le cadre du ministère de l’Information du GPRA (centre de documentation, commission cinéma-son) tout en poursuivant son activité professionnelle de médecin spécialiste dans la santé publique tunisienne et au service de santé de l’ALN-FLN (base de Tunisie). Il participe aux groupes de travail chargés de préparer des dossiers pour les pourparlers algéro-français qui aboutiront aux Accords d’Evian.
 
Après l’indépendance, sa carrière professionnelle est consacrée à la santé publique. La nationalité algérienne lui ayant été officiellement reconnue en juillet 1963, il est d’abord médecin spécialiste à temps plein, puis assistant et enfin maître de conférences agrégé à la clinique de pneumo-phtisiologie du CHU Mustapha jusqu’en 1971, avant de devenir professeur chef de service de pneumo-phtisiologie au CHU de Beni Messous de 1972 à 1994. C’est à ces postes qu’il contribue, avec ses collègues, à l’organisation de la lutte contre la tuberculose au niveau national et qu’il développe, par l’enseignement et la recherche, des stratégies de prise en charge des principales maladies respiratoires en Algérie. Parallèlement, il est élu délégué à l’Assemblée populaire communale d’Alger de 1967 à 1971, et vice-président de l’Observatoire national des droits de l’homme de 1992 à 1996.
 
De juin 1992 à février 1994, il est chargé de mission (pour le secteur de la santé) auprès du chef du gouvernement (Belaïd Abdesselam, puis Rédha Malek).En février 1994, directement menacé par le terrorisme islamiste, Pierre Chaulet s’exile à Genève où il travaille pendant quatre ans et demi comme médecin de l’OMS dans le Programme mondial de lutte contre la tuberculose, accomplissant à ce titre de nombreuses missions en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. De retour à Alger depuis 1999, il fait partie du Comité national d’experts de la tuberculose et des maladies respiratoires auprès du ministre de la Santé et devient consultant en stratégies de santé publique auprès du Conseil national économique et social depuis 2006.


La dernière interview du professeur Pierre Chaulet

«Je suis Algérien à part entière»




L’équipe du journal El Moudjahid à l’imprimerie de La Presse de Tunisie
(M’hammed Yazid, Mahieddine Moussaoui et Pierre Chaulet), avril 1959, collection Kouaci....

Dans un entretien qu’il nous avait accordé, resté inédit, le professeur Chaulet s’exprimait au sujet de la place des Européens qui se sont engagés dans la lutte de Libération nationale et refusait d’enfermer ces militants dans leur origine, comme cela a été souvent le cas. Nous publions ici l’interview en hommage au défunt.




-Les Algériens d’origine européenne jouissent-ils pleinement de leur citoyenneté algérienne ?

Je n’ai pas qualité pour répondre au nom de cette catégorie de citoyens.D’ailleurs, je trouve discriminatoire de citer les personnes en fonction de leur origine, ce qui était une pratique coloniale. Parle-t-on des Algériens d’origine turque ou kurde ou tcherkesse ou maltaise ou andalouse ? Il se trouve que, historiquement, le peuplement colonial, constitué à la suite de l’occupation française du pays au XIXe siècle, a laissé en Algérie des descendants dont certains ont choisi non seulement de participer à la lutte de Libération nationale, mais aussi de s’intégrer à l’Algérie indépendante, dans le respect des valeurs culturelles et civilisationnelles de la nation, en participant à leur place et selon leurs compétences aux tâches de l’édification nationale ainsi qu’aux débats et aux luttes politiques, professionnelles ou syndicales, avec les autres Algériens et comme d’autres Algériens.

Pour ma part, depuis l’indépendance, j’ai joui pleinement de la citoyenneté algérienne qui m’a été reconnue dès 1963, conformément aux principes contenus dans l’appel du 1er Novembre 1954, renouvelés dans la Charte de la Soummam en 1956. Il faut souligner que dans l’histoire générale de la décolonisation, l’Algérie est le premier pays à avoir offert la citoyenneté et la nationalité aux personnes issues du peuplement colonial qui accepteraient l’égalité des droits et des devoirs de tous les citoyens.
 
C’est ainsi que je suis devenu fonctionnaire de l’Etat algérien en qualité d’enseignant puis de professeur de médecine, que j’ai été élu à la première Assemblée populaire communale de la ville d’Alger, et élu comme vice-président de l’Observatoire national des droits de l’homme, puis chargé de mission pour la santé auprès du chef du gouvernement. Ces engagements m’ont valu d’être menacé de mort, comme d’autres Algériens au cours de la décennie noire, et un exil de plus de 4 ans. A mon retour, ayant pris ma retraite, j’ai participé bénévolement à l’enseignement universitaire et apporté ma contribution d’expert OMS et de consultant en santé publique au ministère chargé de la Santé et au Conseil national économique et social. Je m’excuse de raconter tout cela parce que je n’aime pas parler de moi, mais je le fais pour vous confirmer que je suis un citoyen algérien à part entière.
 
-L’engagement de ces Algériens «d’origine européenne» en faveur de l’indépendance de l’Algérie est-il reconnu par l’histoire officielle ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi, selon vous ?
Tout d’abord, je voudrais bien savoir ce qu’est l’histoire officielle. Il y a épisodiquement, à l’occasion de dates anniversaires, des rappels historiques plus ou moins complets. On lit maintenant de plus en plus souvent des témoignages d’acteurs de ce bouleversement social et politique énorme qu’a été la Révolution algérienne. Il me semble que l’engagement de la petite poignée de militants issus de la minorité de peuplement colonial ou de la minorité juive d’Algérie n’est ni mieux ni moins connue que l’engagement et le sacrifice de milliers d’autres militants anonymes, hommes et femmes, des villes et des campagnes. C’est la tâche immense des historiens de rétablir les faits, de recouper les témoignages et d’écrire la véritable histoire sociale de la Révolution. Progressivement, ce travail est en train de s’accomplir.
 
-Mais il y a le cas de Félix Collozi…
Ce militant anticolonialiste a été condamné aux travaux forcés à perpétuité en raison de sa participation à la lutte de Libération nationale. C’est à ce titre que la nationalité algérienne lui avait été reconnue. Il a été déchu de la nationalité algérienne par décret présidentiel en 1968, apparemment pour des raisons politiques, puisque, à ma connaissance, il n’a pas mené d’action subversive contre l’Etat ni préconisé l’assassinat d’autres Algériens. Je pense que son cas mérite d’être pris en charge par les instances ou institutions en charge de la protection, de la défense ou de la promotion des droits de l’homme en vue du réexamen de sa situation et d’une réparation amplement méritée après plus de 40 ans, alors qu’il vit en Algérie et que je le rencontre chaque fois que nous honorons la mémoire des martyrs condamnés à mort et exécutés.
 
-Pourquoi, quand on parle d’eux, on utilise souvent la formule «amis de l’Algérie» ?
Je pense que c’est le résultat de l’amnésie et de l’inculture politique et historique, entretenues par la dérive «communautariste» de la conception de la nation algérienne, actuellement dominante à l’école et dans la majorité des discours «commémoratifs» officiels. Parmi les amis de l’Algérie, on classe tous ceux qui, tout en gardant leur nationalité d’origine, ont aidé notre lutte : je pense aux amis du réseau Jeanson et aux autres amis de Belgique, de Suisse, d’Allemagne, souvent qualifiés de «porteurs de valises» ou encore de «porteurs d’espoir». Cette classification est commode pour certains de nos compatriotes, souvent encore attachés à une conception étroite et réductrice de la nation algérienne, qui n’était pas celle des rédacteurs de l’Appel du 1er Novembre 1954. Cela évite d’avoir à considérer ces personnes non seulement comme des concitoyens, mais aussi comme des compatriotes, égaux en droits et en devoirs, subissant les mêmes contraintes et participant aux mêmes espoirs et aux mêmes combats que les autres Algériens. Mais heureusement, les pratiques sociales dépassent les préjugés idéologiques et la vie, comme l’Algérie, a des visages multiples..
Hacen Ouali
 

 

mardi 2 octobre 2012

Eric Fernandez

Le grand Eric Fernandez qui partage
aussi la scène dans un spectacle
avec Souad Massi : " Choeurs de Cordoue "