- Spectacles


FFA 2023 LE THÉORÈME DE MARGUERITE

En avant première
Moteur demandé FFA 2023

Entretien avec Anna Novion (Réalisatrice)

Scénario : Anna Novion, Mathieu Robin, Marie-Stéphane Imbert, Agnès Feuvre
Musique : Pascal Bideau
Interprétation : Ella Rumpf, Jean-Pierre Darroussin, Clotilde Courau, Julien Frison de la Comédie Française, Sonia Bonny
Production  : TS productions, Beauvoir Films

Distribution :
Pyramide

Un film très malin et très sensible qui parle de mathématiques sans entrer pleinement dedans...
 

* Anagyre est le nom donné à un objet paradoxal qui, lancé dans le sens naturel de rotation tourne rapidement, alors que lancé dans le sens opposé, il s'arrête après quelques instants en vibrant, pour repartir dans le sens contraire et naturel de rotation1,2.

Les anagyres sont aussi appelées pierres celtiques, parce que les Celtes auraient trouvé des galets « magiques » qui tournaient dans un sens mais pas dans l'autre3.

La passion est sans doute un des fils conducteurs de cette très belle histoire dont je vous livre le pitch "officiel" :
« L'avenir de Marguerite, brillante élève en Mathématiques à l'ENS, semble tout tracé. Seule fille de sa promo, elle termine une thèse qu’elle doit exposer devant un parterre de chercheurs. Le jour J, une erreur bouscule toutes ses certitudes et l’édifice s’effondre. Marguerite décide de tout quitter pour tout recommencer. »
 
Jean-Pierre Darroussin et Ella Rumpf
La dernière phrase du pitch, annonce en fait toute la richesse du film ! Les mathématiques resteront la passion de Marguerite (excellente Ella Rumpf), même en dehors du cadre de l'ENS et la passion ne caractérise pas seulement les maths, mais aussi tout ce qu'il y a de plus humain. Et oui, l'amour est au rendez-vous, même des caractères austères, secrets et peu bavards s'y laissent prendre...

La réalisatrice est dans son film, parce qu'elle rapproche son expérience du cinéma de cette passion dévorante de la chercheuse qui, même en abandonnant, est hantée par son sujet d'étude. Elle ne peut pas accepter de laisser en suspens la conclusion du sujet de sa thèse et en se relançant sur un autre thème (et pas des plus facile), elle découvre une nouvelle vie, puisqu'elle n'est plus sur campus et s'ouvre la porte de l'amour avec le formidable comédien qu'est Julien Frison. Ce dernier a un rapport complexe avec Marguerite, à la fois sur le plan professionnel et sur le plan amoureux. Comme pour le second sujet de recherche de Marguerite (Théorème de Fermat)

Le troisième personnage est Laurent Werner (le toujours passionnant Jean-Pierre Darroussin). On ressent très bien et très vite ce qu'en dit Anna Novion qui a aussi eu recours à une excellente mathématicienne comme conseillère technique (Arianne Mézart) et a donc découvert une analogie entre la passion de son métier et celle des maths...

L'étude des caractères, de la psychologie des personnages est remarquable et c'est sans doute une des très grandes richesses de ce film. Le personnage principal, Marguerite, remarquablement interprétée par Ella Rumpf, est à la fois complexe et très humain. Cette étudiante est passionnée dans sa vie de chercheuse, mais aussi dans sa vie amoureuse. C'est en cela qu'elle n'épouse pas la caricature classique du chercheur, dans sa bulle, à côté de la vie.

J'ai un regard très positif sur cette œuvre forte qui ne rebutera absolument pas les rétifs aux maths.

Date de sortie : 01/11/2023
Surtout allez le voir...

 

FFA 2023 LA VIE DE MA MÈRE

En compétition
Moteur demandé FFA 2023

Entretien avec Julien Carpentier (Réalisateur)

Genre : Comédie dramatique
Réalisation : Julien Carpentier

Interprètes : Agnès Jaoui, William Lebghil, Alison Wheeler, Salif Cissé

Scénario : Julien Carpentier, Benjamin Garnier (D'après une histoire de Julien Carpentier)
Musique : Dom La Nana
Production : Silex Films Distribution : KMBO

Date de sortie : 6 mars 2024

Une œuvre délicate, tendre, juste et hommage aux amours douloureuses...


On peut dire que c'est un film vérité, même si tout n'est pas montré. En tous cas, moi qui suis aussi concerné (sauf qu'il ne s'agit pas de ma mère mais de mon épouse), je l'affirme, tellement sa vérité saute au visage du spectateur. Tout est exact, fidèle à la réalité, y compris les passages romancés qui ne diminuent en rien le témoignage que nous livre Julien Carpentier avec une infinie tendresse et une délicatesse immense.

Julien (William Lebghil, à l'écran) est ce que l'on appelle un aidant, comme il en existe tant en France, et pas seulement dans le domaine psychiatrique. Il a su nous épargner les tours de clé, lorsque la porte se referme à l'HP et il a eu la pudeur d'éviter les scènes qu'il a sans doute vécues lorsqu'il a fallu hospitaliser sa maman et celles de l'isolement systématique lorsque le patient rentre en HP et je ne parle pas des contentions qui sont plus fréquentes qu'on ne veut bien nous le dire...

Il a évité avec intelligence et talent l'écueil du documentaire qui, lui, aurait été insoutenable pour les personnes qui n'ont pas traversé ça. Cette façon de romancer son récit, à la fois ne trahit pas la réalité, mais permet au spectateur de réaliser combien la bipolarité est une maladie très particulière, déroutante pour le commun des mortels qui marque à vie les protagonistes. Merci à Julien d'avoir pris tout ce temps pour mûrir ce projet qui est une réussite totale sur tous les plans.

Sachez que c'est seulement grâce à son talent et sans nul doute à l'amour qu'il porte à sa maman qu'il a pu se lancer dans cette course poursuite avec la maladie, au risque de s'épuiser (rappelez-vous sa remarque adressée à sa maman, à un moment clé du film : « Ça fait du bien de dormir ! »). Dans mon expérience personnelle, il m'a fallu, avec l'aide des psychiatres, renoncer à ce genre d'obstination pour protéger mon intégrité.

Enfin, je veux remercier le public qui a fait le choix de décerner ce prix à cette œuvre remarquable. En effet, cette maladie est mal connue parce qu'elle ne se voit pas forcément (sauf aux changements de cycles : up et down, comme on l'exprime en psy) et que l'on ne comprend pas forcément. Mais aussi cette maladie, lorsque l'on a quelques clés fait peur et on a tendance à en repousser l'image, lorsqu'on est extérieur. C'est inattendu pour moi et bien sûr quelle satisfaction de voir une telle évolution !

Bien que bouleversé, les yeux humides (pour ne pas dire plus), tout au long de la projection, j'ai beaucoup pensé à mon fils qui a toujours autant de mal à accepter la maladie de sa maman, alors qu'il a passé la quarantaine. J'espère qu'il aura l'audace et la force d'aller voir ce film, à sa sortie en salles. Je suis persuadé que ça l'aidera, car La Vie de ma Mère a vraiment, entre toutes ses qualités, celle d'être un excellent outil thérapeutique ! Malgré la dureté de ce que je vis, je suis sorti de ce moment d'amour suspendu, renforcé, malgré toutes les remontées qu'il a suscitées en moi. Encore merci Julien Carpentier (vous avez le même prénom que mon fils...) : vous êtes une très belle personne !

Un dernier mot pour Marie-France Brière et Dominique Besnehard, sans qui tout ça n'aurait sans doute pas connu le même destin : ne changez rien, vous apportez beaucoup au cinéma et plus largement à la Culture et à son accessibilité !

Rendez-vous pour la 17ème édition qui sera à nouveau un grand moment.

 

FFA 2023 Imagine - Anna Apter

Un film réalisé en partie grâce à l'aide de l'intelligence artificielle.
 
Titre à venir

Anna Apter s'est livrée à l'exercice pour voir et c'est vraiment une excellente introduction au débat. C'est pourquoi je le mets en tête de ce billet, contrairement à Michel Abouchahla, président du magazine Écran Total et modérateur de la table ronde qui suit.





La table ronde
Présentation

« La 30e édition du FFA se fera-t-elle sans scénaristes ? L'IA signe-t-elle la fin d'un pan de la création ? 

Pour répondre à ces questions, rendez-vous au CNAM-ENJMIN pour une table ronde modérée par Michel Abouchahla, président du magazine Écran Total. Le débat sera précédé de la projection du court métrage d'animation /Imagine, d'Anna Apter, réalisé en partie grâce à l'aide de l' intelligence artificielle. » (Source : site du FFA 2023)

Compte-rendu

C'était une table ronde avec Olivier Gorce, scénariste de L'Abbé Pierre et Simon Bouisson, scénariste, Laura Chaubard, Directrice générale de l'École Polytechnique, bardée de titres et de diplômes, Axel Buendia, Directeur du CNAM-ENJMIN, l'éternel Jack Lang, Président de l'Institut du Monde Arabe et Michel Abouchahla, le modérateur qui fait sans doute partie du staff du festival.

Le public n'était pas invité pour intervenir...

J'ai assisté à des exposés globalement très optimistes. Les interventions étaient essentiellement basées sur leur pratique personnelle, sans vraiment aborder les questions Politiques. Le seul angle qui a été effleuré, concernait les droits d'auteurs, domaine de compétence det l'ancien et éternel ministre de la Culture Jack Lang interpellé par l'animateur. Il a prétexté avoir été subjugué par les interventions qui venaient d'avoir lieu et, visiblement gêné par cet aspect des choses, a très bien contourné l'obstacle en évoquant seulement les précautions juridiques à prendre au niveau général. S'en est suivi un long exposé 100% langue de bois qui a déroulé des généralités et des flatteries, comme il sait le faire...

Passons sur cette venue pour se montrer pour évoquer ce qu'en ont dit ceux qui avait une légitimité pour trancher entre IA : ennemis ou pas.

Je dois reconnaître que la Directrice de l'École Polytechnique a remarquablement définit l'Intelligence Artificielle (je déteste cette expression totalement fausse) : « L'IA est un ensemble d'outils qui regroupe les compétences humaines et les dépasse. »

Elle apprend à partir d'exemples. C'est une intelligence assez sommaire qui bénéficie de la puissance de calcul des machines.

Les algorithmes ont une qualité de « nourrissage » variable et c'est l'homme qui en est maître.

Voilà donc qui situait bien le débat. La suite montrera que cet espoir a été malheureusement déçu !

Finalement, ce sont les deux scénaristes qui ont le plus apporté à la réflexion  car ils se sont appuyé sur leur vécu et Simon Bouisson nous a parlé d'une expérience qu'il avait menée pour évaluer ce que pouvait apporter ou pas l'IA. Il l'a abordée comme une aide éventuelle à la création, soit quand il était devant une feuille blanche, soit quant il avait la flemme de s'y mettre. Il a également demandé à une équipe américaine de faire avaler 70 titres précis de longs métrages à la machine, pour gagner du temps. Cette possibilité, lui a été refusée aux États-Unis, par rapport à la loi américaine...

Il nous a également expliqué que l'IA était paramétrable : selon la quantité et la qualité de nourriture qui lui étaient accordées, la machine était plus ou moins performante. Ainsi le curseur peut se déplacer de 0 à 1 et plus il est proche de 1, plus le résultat peut être intéressant en se distinguant des formulations les plus courantes et donc intéresser le scénariste pour éventuellement introduire une dose d'inattendu, dans son récit. 

De son côté, Olivier Gorce a souligné, en accord avec son collègue, l'aide à l'écriture de la machine. Le scénariste accepte ou pas ce que l'IA a créé ou s'en inspire pour écrire propre version.

Ces informations ont retenu toute mon attention, car cela veut dire, de mon point de vue que :

  • le contenu du nourrissage de la machine n'est pas contrôlable par qui veut, sinon Simon aurait eu la possibilité de rentrer uniquement les 70 titres qu'il voulait. On peut donc en déduire que cette possibilité est accordée à un nombre limité d'intervenants qui agissent sur ordre d'une autorité qui a tout intérêt à contrôler et limiter dans un domaine ou dans un autre : c'est la porte ouverte à toutes les manipulations possibles !
  • le fait de faire bouger le curseur sur l'utilisation du nourrissage indique aussi la volonté d'un auteur d'aller dans un sens ou dans l'autre et donc d'afficher, sa flemmardise ou pas, mais il n'y a que lui qui le saura...
Au-delà de ça qui est vu sous l'angle d'une pratique professionnelle, il eu fallut évoquer ce sur quoi tout les médias se sont rués d'entrée de jeu : les fausses nouvelles (fake news) et ça n'a point été fait. Pourtant, il ne faut pas être grand clerc pour appréhender toute la perversité dont peut faire preuve l'utilisateur lambda, n'importe quelle institution ou organisation et pire encore n'importe quel État pour nuire et modeler l'opinion sur des bases fausses. 
 
Enfin, la bonne utilisation de l'IA en médecine et plus généralement dans le domaine scientifique constitue le côté optimiste de cette invention. Encore faut-il que ce soit indépendant des politiques, des décideurs économiques qui ont déjà prouvé leur zèle à détourner les instruments du bien ! De cela aussi, il n'a pas été question...
 
Je termine en regrettant que les questions du public n'aient pas été permises. Sans doute que le format ne le permettait pas, mais si cette volonté avait existé, alors bien des sujets absents auraient été évoqués !

Il faudra faire mieux, de ce point de vue, lors de la dix-septième édition. Le thème est très loin d'être épuisé.

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La Pirogue : un film de Moussa Touré - 2012

La liberté est un combat
 
 
 
Un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar, d’où partent de nombreuses pirogues. Au terme d’une traversée souvent meurtrière, elles vont rejoindre les îles Canaries en territoire espagnol.

Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer. Il ne veut pas partir, mais il n’a pas le choix. Il devra conduire 30 hommes en Espagne.

Ils ne se comprennent pas tous, certains n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qui l’attend.

Allociné?

Un sujet d'actualité bien traité. La trame est certes connue d'avance. Il n'y a pas de surprise, mais un regard très juste sur les personnages.
 
Ce film traite du droit de vivre, de la dignité, des combats à mener pour garder la tête haute. Il nous rappelle aussi que nous avons un intinct de survie qui ne donne pas forcément une belle image de nous-même.
 
La fin est inéluctable et on aimerait tant que ce ne soit pas ainsi !
 
Les acteurs jouent juste et la réalisation est très réussie. Bref, un film qu'il faut voir.
 

Amour, un film de vie sur la mort
 
 
 
Lorsque Michael Haneke a écrit son film, il avait en tête dès le départ Jean-Louis Trintignant pour le rôle principal. Le réalisateur a même affirmé qu'il avait écrit le scénario pour lui et pour personne d'autre : "J'ai toujours voulu travailler avec lui car c'est un acteur que j'admire beaucoup. Sa présence dans Amour était une condition sine qua non. Je n'aurais pas fait le film sans lui", ajoute-t-il.
 
Malgré l'annonce de sa retraite du cinéma, Trintignant a accepté de lire le scénario de Haneke : "Quand il m'a envoyé le scénario j’ai été catastrophé parce que j’ai vu dans ce film une intensité, une force que je n’imaginais pas et je lui ai dit : "Je suis content de l’avoir lu parce que ça, c’est un film que je n’irai pas voir"", avoue-t-il. C'est grâce au réalisateur et à la productrice Margaret Ménégoz que l'acteur a accepté de se remettre devant la caméra et de jouer le rôle : "Je n'allais pas bien à ce moment-là et [la productrice] m’a dit quelque chose qui m’a touché énormément : "Vous n’allez pas bien mais si vous ne faites pas le film vous n’allez pas aller mieux pour autant, alors faites le film", et elle a eu raison", raconte-t-il.
 
Source : AlloCiné
On ne sort pas de la séance indemne. Certyes, mais pour rien au monde on aurait voulu le rater. Ce film nous renvoit à notre propre vie, à notre vieillissement. Ce sont des questions que l'on a souvent du mal à regarder en face. Haneke a compris que nous avions besoin d'affronter la réalité. Il a donc fait un cinéma en plans séquences, sans choses inutiles. Il y a mis l'essentiel et toute l'âme des personnages.
 
C'est un film dérangeant, vrai, bouleversant. Un film sur l'Amour et un plaidoyer pour la mort dans la dignité. Haneke ne laisse rien de côté et montre combien la maladie isole un couple de son entourage immédiat, de sa famille. Il passe au scalpel les questions relatives à la souffrance psychiques et physiques, celles touchant à la difficulté de l'autre qui ne peut qu'accompagner et assister impuissant à la décrépitude, à la montée inexorable de la maladie et du handicap.
 
Que ceux qui se gargarisent de formules lapidaires sur les questions touchant à la mort pour contester l'euthanasie et la liberté de cahcun à décider de mourrir dans la dignité, aient le courage d'aller voir ce film. S'ils sont honnêtes, ils réfléchiront... 
 
Pour finir, allez voir ces acteurs merveilleux que sont Emmanuelle Riva (performance d'actrice extraordinaire !) et Jean-Louis Trintignant qui a bien fait de ne pas arrêter sa carrière au cinéma. Tous les deux sont bouleversants de vérité et Isabelle Hupert ne dépare pas, même si son rôle est moins important.
 
Si vous allez bien, précipitez-vous pour voir ce chef d'œuvre !
 
 
                            

 
 


Khadra choisit Arcady pour adapter son roman au cinéma
Une réussite !
 
 
Le 1er décembre 2008, j'écrivais sur ce blog :

" Un regard très humain sur l’Algérie coloniale
C’est l’histoire d’une bande d’amis sur fond d’Algérie coloniale entre 1830 et 2008. Elle nous est racontée par Younès, qui deviendra assez vite Jonas. Nous sommes dans la région d’Oran, chère au cœur de Yasmina Khadra... " Suite ici

Je venais de dévorer le roman de Yasmina Khadra et j'étais sous le choc. J'étais bouleversé et une fois encore mon cœur battait la chamade pour ma belle terre natale.

J'imaginais que des réalisateurs s'intéresseraient à ce roman et que le choix serait difficile pour Yasmina Khadra. Finalement Alexandre Arcady, enfant du pays, arriva à le convaincre et le film était lancé.
Pour être tout à fait honnête, j'étais très méfiant quant au choix du réalisateur qui ne fait pas partie de mes préférés. Restituer le folklore Pied-noir en en faisant des tonnes ne m'a jamais captivé (Le Coup de sirocco, Le Grand Pardon, Le Grand Pardon 2, Là-bas... mon pays, entre autres). Pourtant, il avait tenu le rôle de Noël dans " Avoir vingt ans dans les Aurès ", film français réalisé par René Vautier et sorti en 1972.

 
Au-delà de l'histoire d'amour. Pour comprendre la souffrance de l'Algérie, il faut voir ce film qui respecte totalement l'œuvre de Yasmina Khadra.
 
Film bouleversant de vérité pour un Algérien-Français qui n'a pas choisi de partir. La seule véritable œuvre d'Alexandre Arcady, de mon point de vue, qui a accepté de faire ce film avec ses tripes de là-bas et qui a parfaitement servi le texte de Khadra.
 
Monsieur Arcady, moi qui n'aime pas ce que vous faites habituellement, là je vous tire mon chapeau.
 
Monsieur Khadra, vous avez bien fait de confier cette adaptation à Monsieur Arcady. Je l'ai vu 2 fois en 3 jours. J'ai les yeux toujours embués et ça me fait un bien fou !
 
Messieurs les critiques qui vous permettez tout et n'importe quoi, au nom de votre impunité, vous écrivez sur un sujet que vous ne connaissez pas ! Khadra et Arcady parlent de l'Algérie qui souffre, avec pour prétexte une histoire d'amour impossible. Ils parlent des rapports humains, tout au long d'une grande saga. Ils évoquent la souffrance, mais aussi la vraie vie en Algérie, alors que la France l'occupait indûment.
 
Cessez de jouer les intellos (plutôt mauvais) qui font autorité sur tout et posez-vous les bonnes questions. Vos papiers sont minables, étriqués et ignorants !
 
Lecteurs de ce blog, je vous invite à allez voir ce grand film, à lire ce grand roman et à ignorer les prétendus spécialistes imbus de leur personne. Lisez les avis des internautes sur les sites spécialisés et vous serez convaincus...
 
Yahia

 
Du Vent dans mes mollets
Un film qui fait du bien
 
 

Vous prenez 2 petites nanas qui ne mâchent pas leurs mots. Vous y ajouter un zeste de boulettes Tunisienne, une mère juive qui parle en anglais avec son mec pour que son "poids chiche" soit écarté de la conversation. Vous mélangez avec une femme seule qui élève ses deux enfants avec vaillance, mais dans une grande souffrance dont le "radar à mec" lui indique que le mari de la mère de la copine de sa fille (non, je sais que vous suivez...) ne craquera pas tellement il est amoureux de sa femme, même avec son embonpoint, boulettes obligent. Vous ajoutez un soupçon de malice avec la grand-mère peu diserte mais efficace et vous assaisonnez avec une instit qui laisse voir son string à ses élèves. Vous obtenez une petite merveille qu'il serait dommage de laisser sur le bord de la route.
 
Ce film est un vrai petit bijou. Il n'y a rien à retirer, rien à ajouter ! C'est rafraîchissant, drôle à pleurer et en même temps profond. Les acteurs sont énormes, avec une mention spéciale pour les deux petites filles : Juliette Gombert (Rachel) et Anna Lemarchand (Valérie), criantes de vérité. Agnès Jaoui (Colette Gladstein), en mère juive qui nourrit sa famille aux boulettes tunisiennes et aux cornes de Gazelle, est étonnante au physique comme dans le jeu. Denis Podalydès (Michel Gladstein) est somptueux. Isabelle Carré (Catherine) est touchante et très juste dans sa souffrance de femme seule. Judith Magre (la grand-mère) ne parle quasiment pas, mais en dit beaucoup.
 
 Carine Tardieu a un talent fou et doit certainement avoir une mémoire étonnante de son enfance. La direction d'acteurs est formidable et les dialogues sont ciselés. Ils ne tombent jamais dans la vulgarité et sont irrésistibles.
 
Carine Tardieu pose bien le problème de l'usure du couple, sans pathos et avec tact. La rencontre des douleurs des deux femmes (Colette et Catherine) sonne juste et est traitée tout en délicatesse.
 
La réflexion sur la mort, si délicate avec des enfants, est formidablement bien menée. Elle correspond tout à fait à la psychologie enfantine.
 
La fin est une trouvaille d'une intensité rare. Elle cueille le spectateur à froid et en même temps reste dans la tonalité du récit qui la précède.
 
 
Un film qu'on ne peut pas rater parce qu'il est tout simplement authentique ! Donc, ALLEZ le VOIR !
 
 
 
 

 

Si vous voulez des preuves.


 Mohamed Diab : Les Femmes du Bus 678
Un premier film fort et juste

Un film inspiré par des faits réels
 
L'affiche du film
de Mohamed Diab (Egypte)
Les Femmes du Bus 678 ne reprend que des faits réels. Tous les exemples de harcèle-ment sexuel montrés dans le film sont inspirés de témoignages d'agresseurs, recueillis par le réalisateur. Ce dernier s'est surtout inspiré de l'affaire Noha Rushdi en 2008, qui représente le premier procès pour harcè-lement sexuel en Égypte. Victime agres-sée par un inconnu dans les rues égyptiennes, cette femme a été la première à oser affronter son agresseur et porter plainte contre lui. Elle a finalement réussi à le faire condamner à trois ans de prison. Mohamed Diab aborde cette affaire dans la partie du film qui concerne le personnage de Nelly, interprété par Nahed El Sebaï : "Quand j'ai commencé le script, Noha Rushdi ne voulait plus parler aux médias ; je ne l'ai rencontrée que plus tard, elle a vu le film chez moi, elle était très émue", confie-t-il.

L'histoire 










De gauche à droite Nelly, Seba et Faïza
Trois femmes, magnifiques, issues de milieux sociaux différents, subissent la loi des hommes, sont harcelées chaque jour et ne supportent plus le machisme et l'impunité masculine. Chacune à leur manière, elles décident de se battre, de refuser les mains aux fesses, les frottements appuyés dans le bus, les viols impunis, le dictat familial.

Elles choisiront chacune leur façon de lutter, mais se trouveront réunies, solidaires.

Seba et Essam, le commissaire de police
Seba, célibataire, issue de la classe aisée égyptienne, donne des cours d'autodéfense à destination des femmes harcelées. Elle a échappé de peu au viol, lors d'un match de football.


Faïza dans le bus 678
C'est lors de l'une de ses séances d'information qu'elle fera connaissance de Faïza, la plus modeste des trois, mariée à un militaire et mère de deux enfants. Elle porte le voile et prend le bus tous les jours pour aller travailler dans une agence notariale. Elle n'en peut plus et malgré les difficultés financières, décide de prendre, un temps, le taxi pour fuir les assauts masculins.

Nelly est issue de la classe moyenne
Nelly est la plus virulente (dans la réalité c'est Noha Rushdi ). Elle porte plainte et entend bien aller au bout de sa démarche, malgré les pressions familiale. Elle est fiancée avec Omar qui la soutient, mais ne veut pas trahir l'honneur des deux familles. Il a du mal à se situer et tout au long du film, est interpellé par Nelly qui "ne lâche rien". Nous assistons à son long cheminement.

Troisième personnage important du film, le commissaire Essam va mener l'enquête sur les agressions à l'encontre des hommes entreprenants du bus 678. Il va jouer un rôle déterminant auprès des trois femmes.

Mohamed Diab réussit un premier film très juste et sans pathos. Il signe un film courageux qui lui a déjà valu quelques agressions. Il souligne avec force un problème récurrents que vivent les femmes égyptiennes et mets le doigt sur le poids de la culture arabe. Au travers des différents personnage, il montre bien combien les préjugés pèsent, y compris sur les plus progressistes.??
Faïza
Le combat que mènent les femmes égyptiennes est essentiel et le réalisateur montre bien que ce sont elles, et elles seules, qui changeront leurs destins et qui entraîneront une réflexion plus globale sur la société. Le poids des "traditions" pèsent, quel que soit le milieux social, et l'on est surpris de constater que même les femmes les plus avancées vivent des contradictions très importantes. Le poids de la famille est très important et il freine considérablement les évolutions.

Ce film, antérieur au printemps arabe, est essentiel et il faut le voir absolument. Les cinéphiles y trouveront quelques maladresses. Mais là n'est pas l'important. Mohamed Diab a choisi une fin optimiste, annonciatrice de l'espoir né du printemps arabe. La place Tahir est aussi celle des femmes !


Rachid Bouchareb : Hors la loi
Un film juste

Après Indigènes, Rachid Bouchareb continue sa plongée dans l'histoire. Cette fois c'est de l'Algérie qu'il s'agit. Cette histoire commence dans les années 1920 avec l'expulsion d'une famille de fellahs au profit d'un colon. Le 8 mai 1945, suite au massacre de Sétif, Messaoud (Roshdy Zem), Abdelkader (Sami Bouajila) et Saïd (Jamel Debbouze) perdent une partie de leur famille. Abdelkader emprisonné pour ses opinions verra sa formation politique en prison qui fera de lui un leader du FLN en France. Messaoud, après avoir combattu en Indochine rejoindra la France et s'engagera au côté de son frère. Quant à Saïd, le bad boy de la famille, Il dirigera un cabaret à Pigalle et une salle de boxe.

À travers ces trois héros, le film raconte la lutte pour l'indépendance depuis la France et met en avant l'histoire du FLN sur le sol de la métropole avec ses ombres et ses cruautés. Il aborde la rivalité entre les différents partis de la révolution algérienne, notamment l'opposition fratricide entre le FLN (Front de Libération Ntionale) et le MNA (Mouvement National Algérien).

Tout au long de cette fresque historique sans concession, le spectateur cotoie le quotidien des militants nationalistes qui mettent leur vie personnelle entre paranthèses pour être totalement au service de la cause. C'est particulièreùment le cas d'Abdelkader, nationliste pur et dur entèrement dévoué à la lutte pour l'indépendance. Son frère Messaoud est plus en nuances et apparaît plus humain avec ses hésitations et ses doutes. Les scènes de violences sont là à bon escient et permùettent de comprendre le contexte.

Sans doute Bouchareb a-t-il pensé très fort à "L'armée des ombres" de Jean-Pierre Melville, sans jamais le copier. La force du film, c'est son sujet principal : le rôle des immigrés depuis le sol français pour soutenir la guerre de libération algérienne. C'est une première dans le cinéma français et c'est tout à l'honneur de Bouchareb d'avoir montré l'intransigeance des dirigeants qpour mener à bien leur entre^prise. Intransigeance qui va jusqu'aux exécutions sommaires pour faire respecter la discipline révolutionnaire. Il était important de souligner combien l'engagement des Algériens sur le sol français a permis de soutenir la révolution. Cette évocation permet aussi de mettre à l'honneur les porteurs de valises français qui permettaient aux fonds d'arriver à destination.

La sortie du film a été l'occasion d'une polémique partisane initiée notamment par Lionel Lucas, député des Alpes Maritimes qui défend un projet de mémorial de l'Algérie française. Elle est totalement vaine, à tel point que le soufflé s'est vite applati. L'objet du film de Bouchareb n'est pas Sétif, même si un quart d'heure lui est conscré. Temps justifié par la nécessité de replacer le film dans son vrai contexte. Je n'ai pas trouvé que Bouchareb avait forcé le trait sur ces tragiques évènements dont la France peut avoir honte. Plus personne de sérieux ne conste les évènements. seule une querelle de chiffres subsiste. Il reste que plus de 10 000 Algériens sont morts suite à ce massacre et c'est cela qui compte.

Ce film utile, remarquablement mis en scène et interprété (Roshdy Zem extraordinaire), doit être un point de départ pour la réflexion des plus jeunes qui chercheront à en savoir plus sur cette période tourmentée. Ils se tourneront utilement vers la littérature pour mieux comprendre cette période importante.


  Xavier Beauvois : Des hommes et des dieux
Une humanité extraordinaire

Ce film retrace l'histoire de ces moines trappistes de Tibhirine, en Algérie, qui furent sauvagement assassinés en 1996 par le GIA ou par des militaires corrompus.? Ce fim n'est pas un film sur la foi, mais il donne la part belle à la dimension humaine.

On pourrait craindre de s'y ennuyer de par la vie très réglée de ces hommes entièrement dévoués à leur foi. Ça n'est pas du tout le cas. Le quotidien de ces moines auquel on assiste s'avère passionnant car il permet de ramener les choses à l'essentiel. Ces petits actes de tous les jours rythment donc le film : les rituels religieux, les semailles, l'entretien du potager, les séances de bois.
 
Les moines vivent en harmonie avec la population algérienne du village. Ils partagent leur peur et les soucis du quotidien. Frère Luc (Michael Lonsdale absolument génial) est médecin et soigne les gens du village. C'est lui qui maintient le lien très fort avec ces Algériens persécutés par la terreur que font régner les islamistes.

C'est dans ce décor que les moines vont douter pour finalement décider de rester quoi qu'il arrive. Xavier Beauvois dresse le portrait d'hommes avec leurs faiblesses, mais aussi leur courage déterminé. C'est sans doute l'un des traits essentiels de cette œuvre cinématographique.

Si Michel Lonsdale porte le film, frère Christian incarné par Wilson Lambert est remarquablement interprété. D'ailleurs, l'ensemble des acteurs a la part belle et joue juste, sans en rajouter.

Xavier Beauvois signe quelques scènes inoubliables comme le moment où tous les moines réunis autour de la table décident de rester, après avoir exprimé chacun leur avis. Ou bien ce moment extraordinaire où alors que les pales d'un hélicoptère produisent un bruit angoissant, les moines entonnent un chant choral. Ou bien encore ce repas au son sublime du Lac des cygnes de Tchaitkovski.

Personnellement, j'ai regretté que le montage se contente d'une juxtaposition de scènes dont beaucoup consistaient en plans fixes. Ces derniers n'étaient justifiés que lorsqu'ils soulignaient le caractère religieux des moments de recueillement.
Ce film est remarquable et maîtrisé. C'est un beau moment d'humanité.







Bande annonce


Valence - La Fabrique : Bleu Blanc Vert - 22 mai 2009 - Compagnie « El Ajouad »

Un superbe spectacle, beau comme le roman de Maïssa Bey

J'avais consacré un billet au très beau roman de Maïssa Bey et j'avais dit tout le bien que j'en pensais.

Cette fois, c'est du spectacle dont je vais vous parler. J'ai fait le voyage de Cognac à Valence pour ne pas rater cette création de la compagnie « El Ajouad » qui était en résidence à la « Comédie de Valence ».

Au travers du cheminement de Lilas et Ali, c'est 30 ans de l'histoire algérienne qui sont balayés (1962-1992). 30 ans d'espoirs, d'épreuves, de déceptions, de souffrances. Une saga magnifiquement écrite par Maïssa Bey et magistralement adaptée par Christophe Martin, superbement mise en scène par Kheireddine Lardjam, astucieusement scénographiée par Émily Cauwet et sompteusement interprétée par la splendide Malika Bel Bey, Larbi Bastam et Samir El Hakim.

Pour mémoire, rappel de l'argument du Roman et donc de la pièce : "1962. Lilas et Ali apprennent brusquement qu'il est interdit d'utiliser le crayon rouge : le papier reste blanc, l'encre reste bleue, mais les corrections se feront dorénavant en vert.Il n'est pas question de maintenir le bleu blanc rouge, couleurs haïes de la colonisation. Nos deux héros, au moment de l’indépendance, un garçon et une fille, rentrent ensemble de l'école ; ils habitent le même immeuble. Ils se précipitent chez eux pour raconter ce premier symbole de l'indépendance : ils sont fiers, et se sentent les pionniers d'un acte fondateur. À partir de cet acte fondateur, les deux héros de “Bleu blanc vert”, roman ironique et amer de Maïssa Bey, racontent trente ans d'Algérie indépendante, de 1962 à 1992 où tout bascule avec la victoire du Front Islamique du Salut aux élections. " (http://www.comediedevalence.com/)
Sans aucun doute, comme le dit Maïssa Bey, cette pièce est " une création à part entière ". Dans le même temps, la pièce est d'une fidélité absolue au roman. À tel point que l'on a l'impression d'avoir sous nos yeux et dans les oreilles la totalité du roman. Pourtant le spectacle est exlusivement constitué des monologues, des dialogues des deux protagonistes, avec un plus non négligeable : les chants de Larbi Bastam qu'il interprète de sa voix puissante et profonde. Ces illustrations musicales ponctuent le spectacle et lui donnent une couleur particulière. Nos deux amoureux sont toujours sur scène simultanément, ils sont inséparables comme ils le sont dans l'histoire, malgré tous les aléas de la vie qu'ils rencontrent dans une Algérie bouleversée.

La pièce souligne très efficacement le poids de la tradition, les dysfonctionnements de la société, sous l’angle du quotidien. Avec beaucoup d'humour, d'ironie et d'amertume, elle expose les rêves du peuple algérien, jusqu’au moment ou il est totalement broyé par une guerre civile dévastatrice qui va durablement et durement marquer les Algériens dans leur chair et dans leur tête.

La mise en scène sensible de Kheireddine Lardjam est au millimètre : il n'y a rien de trop ! La scénographie très sobre et si symbolique d'Émily Cauwet est efficace et permet de bien circuler dans l'histoire de Lilas et Ali, mais aussi dans l'Histoire de la toute jeune Algérie.

N
ous finirons par les acteurs, sans qui évidemment rien ne serait possible. Au risque de me répéter Malika Bel Bey est éblouissante, elle est vraie et sans doute que ses larmes ne sont pas loin, en dehors des besoins du jeu d'acteur. Larbi Bastam lui donne une réplique du même niveau et crédibilise parfaitement les intentions des auteurs (roman et pièce).Quant à Samir El Hakim, il se livre à un exercice extrêmement difficile en chantant à capella, souvent après de longue stations debout, immobile sur la scène. Sa voix traverse la salle et ajoute incontestablement à l'émotion.

Nous étions 4 amis à nous rendre ensemble à cette représentation. Je me sens autorisé à dire que nous étions tous les quatre bouleversés. 3 d'entre nous n'avaient pas encore lu le roman. Ils se sont promis de le faire le plus rapidement possible. Ne passez pas à côté de ce que je considère comme un authentique événement. Consultez la vidéo ci-dessous qui vous donne les dates de la tournée en France. Cette pièce va également tourner en Algérie. Je sais qu'elle sera jouée à Constantine vers le mois de janvier 2010 (confidence du metteur en scène). Dès que je trouve les dates algériennes, je les mets en ligne sur le blog.
 



Les citronniers - film de Eran Riklis - 2007
Une femme courageuse et digne
enracinée dans sa terre

Bande annonceEn Cisjordanie, Salma cultive des citronniers hérités de son père. Elle est seule, avec son ouvrier qui la considère comme sa fille. Elle devient, bien malgré elle, la voisine du ministre israélien de la défense. Dès lors, sa vie va basculer. Les services de sécurité estiment qu'il faut couper les arbres qui offrent, de leur point de vue, un camouflage idéal pour les terroristes. Elle décide de se battre jusqu'au bout, en prenant un avocat. Avec lui, elle porte l'affaire devant la cour suprême.

Tel est l'argument de ce superbe film qui ne verse jamais dans la propagande, la caricature, le lieu commun. Pas de scènes de violence, pas de slogans politiques. Le réalisateur israélien préfère le ton d'une chronique sociale bouleversante qui permet de poser clairement le vrai problème palestinien : le droit d'avoir une terre et de vivre en paix. Nous sommes loin de l'islamisme, des attentats, du manichéisme. Il s'agit bien là d'êtres humains qui souffrent et qui ne demandent que le droit de vivre.

Eran Riklis aborde ce sujet avec beaucoup d'intelligence et de tact, y compris dans le traitement de l'histoire d'amour de Salma et de Ziad, son avocat palestinien. Avec une grande lucidité, il met les femmes au centre de son film : Salma qui incarne la résistance palestinienne, Mira, la femme du ministre qui revendique sa liberté et Gera, la journaliste israélienne, qui porte l'affaire sur la place publique. Ces trois femmes agissent, pendant que les hommes traitent la question en ne lui donnant pas un caractère prioritaire, laissant de côté le symbole ou se replient sur la tradition ou bien encore, malgré leur pouvoir, se retranchent derrière l'avis intouchable des services de sécurité. Le réalisateur termine son film avec autant de brio et d'intelligence. Il insiste sur l'absurdité du jugement, d'autant qu'après la débauche de clôtures, de miaradors, d'agents de la sécurité et de soldat, le fameux mur s'ajoutera à tout cet arsenal inutile et fera face au ministre, plus seul que jamais, dans son camp retranché, ainsi qu'à la solitude digne et désespérée de Salma, symbole de la résistance de tout un peuple à qui la puissance aveugle d'une nation inflige chaque jour davantage injustice sur injustice.

Le ton du film, profondément humain, est juste. C'est pourquoi il émeut et échappe au discours facile, stéréotypé. C'est ainsi que le spectateur peut comprendre l'injustice que vit le peuple palestinien. Cette œuvre, vaut tous les discours. Elle nous interpelle, nous interroge : va-t-on continuer longtemps à bafouer les droits de ces hommes et de ces femmes ?
Merci, monsieur Riklis, d'avoir porté cette œuvre à l'écran !

Française

La réalisatrice, Souad El-Bouhati, passe à côté d'un très beau sujet : dommage !


Voir la bande annonce : ici


J'ai pour principe de ne mettre sur ce blog que des papiers positifs. Je fais ajourd'hui exception à cette règle, tellement je suis déçu, après avoir nourri beaucoup d'espoirs sur ce film. Je ne partage donc pas les nombreuses critiques positives et notamment celle de Télarama.

Je m'empresse de dire que Hafsia Herzi, césar du meilleur espoir 2008, est excellente, tout comme dans "La graine et le mulet" d'Abdellatif Kechiche.


Hafsia Herzi dans Française de Souad El-BouhatiLe pitch : "Sofia, née en France de parents maghrébins, passe une enfance heureuse dans sa cité de province. Son père [qui perd son job (ndlr)] ayant le mal du pays, elle se retrouve dans une ferme au Maroc. Elle a dix ans à peine. Elle se jure de passer son bac afin de retourner en France à dix-huit ans. Mais la vie s'arrange toujours pour bouleverser nos plans... " (evene.fr)

Le sujet abordé va à rebours des clichés sur l'immigration : Famille, déracinement, passage à l'âge adulte, refus de laisser sa terre natale, la France, pour Sofia, l'héroïne du film qui se sent exilée au Maroc et ne rêve que de son retour en France. Pour une fois "la beurette" n'exalte pas le communautarisme et exprime une identité très forte qui bannit les clichés habituels. Pas de problèmes des banlieues, pas d'islamisme, pas de replis communautaire. La réalisatrice a cette phrase qui situe ses intentions : "Le pays d'origine qui lui manque tant n'est pas la France, c'est son Enfance." Mais même là on ne trouve pas la profondeur.

Les paysages marocains sont bien mis en images. Ils permettent de rentrer dans cette ambiance si différente de celle ressentie de la France.

Le film tarde à démarrer et lorsqu'il s'installe enfin, après trois quarts d'heure très lents, Souad El-Bouhati, qui a été longtemps assistante sociale, traite tous les thèmes énumérés plus haut, d'une façon très superficielle. La mère qui finalement prend les décisions par rapport au combat de sa fille pour retrouver la France, offre un visage fermé, autoritaire, mais le spectateur reste sur sa faim quant aux relations avec le père qui est insignifiant dans le film. Hafsia porte le film de bout en bout sur les épaules face à des comédiennes mal dirigées qui récitent leur texte plus qu'elles ne l'interprètent.

Finalement, le spectateur comprend que Sofia gagne son indépendance, obtient le droit de décider seule, mais c'est à la toute fin du film, sans que le combat soit vraiment livré, en ce sens que l'héroïne ne s'attarde pas sur les problèmes de fond : les racines familiales, la terre natale (la sienne et celle de ses parents), l'enfermement des femmes marocaines, les rapports hommes-femmes au Maghreb, etc...

C'est un grand regret, car la thématique du film pouvait porter très haut la réflexion sociale et politique. Souad El-Bouhati, dont c'est le premier long métrage, aura sûrement l'occasion de concrétiser la sensibilité que l'on sent poindre avec ce film.