lundi 15 mars 2010

Boualem Sansal : L’enfant fou de l’arbre creux – Gallimard – 1999

Un récit parsemé de paraboles

Pierre et Farid sont dans la même cellule du quartier des condamnés à mort de la prison de Lambèse.
Pierre Chaumet est né à Vialar (Tisemsilt) et est entré clandestinement en Algérie pour retrouver sa vraie mère Aïcha. Tout au long de son périple, il va découvrir une Algérie bien mal en point et il va remonter au jour bien des aspects très dangereux de la guerre d’Algérie.
Farid a participé aux massacres commis par les islamistes. Entre ces deux personnages un long dialogue va s’établir, alors que la direction de la prison s’apprête à recevoir une délégation internationale.

Dans un style qui n’appartient qu’à lui, généreux et vigoureux, Boualem Sansal nous fait vivre cette quête identitaire et les multiples découvertes qu’elle occasionne. L’auteur ne fait aucune concession aux dirigeants de son pays et nous invite à réfléchir sur le devenir de ce pays. On l’aura compris, ce dialogue entre un « pied noir » et un arabe est hautement symbolique comme l’est tout autant le titre de ce cet ouvrage. Il est d’ailleurs intéressant d’avoir le regard de Boualem Sansal sur ce curieux intitulé, « L’enfant fou de l’arbre creux » :
« Lambèse est emblématique de ce qu’est devenue l’Algérie depuis 62, c’est une grande prison. Jusqu’aux années 80, on ne voyageait à l’étranger qu’avec une autorisation, on ne pouvait rien faire, on n’avait aucune liberté politique, C’était l’enfermement. L’arrivée des islamistes a encore aggravé la situation : non seulement on pouvait nous mettre physiquement en prison, mais intellectuellement, spirituellement aussi, l’algérie était une prison. Hélas, c’est comme ça. En situant mon histoire à Lambèse, c’est l’Algérie. « L’enfant fou de l’arbre creux » peut symboliser le peuple algérien qui était infantilisé par des discours extrêmement primitifs. Il est enchaîné, aveuglé… L’arbre creux c’est cette Algérie dont on a enlevé toute la richesse, toute la substance, c’est un arbre sec. Pourquoi un Français et un Algérien, parce que c’est le centre de la problématique. On a des relations compliquées avec la France. Il y a plus d’un million d’Algériens qui vivent en France, il y a une histoire commune, ses bons côtés, ses mauvais côtés et ses horreurs. C’était pour moi intéressant de mettre le débat, car le roman est un débat, un échange entre un Français et un Algérien. Chacun racontant sa conception de l’Algérie.
Cet enfant enchaîné au milieu de la cour de Lambèse, il n’existe pas : il est clair que c’est un symbole. Et les symboles ne se voient pas. On le voit seulement quand on est préparé, quand on le veut, quand on a les moyens de le voir. Donc moi-même je me pose la question est-ce que les gens de Lambèse, ces prisonniers qui regardent la cour à travers les grilles, voient cet enfant fou, ce peuple rendu fou par cette politique absurde, celle que nous avons menée depuis 62, ce peuple qui est infantilisé qui est aveugle ? A un moment donné, on découvre que cet enfant, en plus d’être fou et de se trouver dans cette position paradoxale, est aveugle. Non, on ne le voit pas mais on le sent. Mais évidemment, lui, Pierre, le Français en prison avec Farid, le voit, car il vient de l’extérieur. Pour l’observateur extérieur, c’est relativement facile de voir que le peuple algérien a été abruti, enchaîné, aveuglé, infantilisé démuni de moyens d’analyser et de discernement, donc en définitive détruit. »
Interview, Le Quotidien d’Oran, 24/09/2000

L’écriture de Boualem Sansal est toujours aussi truculente et porte le récit vers des sommets. Les paraboles se multiplient à travers le récit. La critique est très vive et fait mouche.

Souhaitons que des arbres vigoureux recouvrent l’Algérie et que le peuple algérien soit de moins en moins aveugle pour faire pousser ces arbres d’une Algérie prospère.

jeudi 11 mars 2010

Yasmina Khadra : L'olympe des infortunes - Julliard - 2010

Une fable philosophique très forte

Un terrain vague à la périphérie d’une ville avec pour seul décor que la mer et une décharge publique. Tel est le décor du dernier roman de Yasmina Khadra.

Ach le Borgne et son protégé Junior le Simplet sont les héros d’une fresque haute en couleur. Avec eux vivent une ribambelle de paumés en tous genres : Mama la Fantomatique flanquée de son Mimosa, Haroun le Sourd, le Pacha et sa bande de poivrots qui ne dessaoulent pas, Pipo, Négus, Clovis, Bliss, les frères Djouz, Aït Cétéra, Dib etc… Cette une communauté forme un microcosme à l’écart de la ville, on a envie de dire à l’exclusion de la ville, et vit sur elle-même. Ils s’appellent les « Horr », les « clodos qui se respectent », c’est à dire des hommes libres. Libres de ne pas aller faire les poubelles des riches, dans la ville qui représente la pire des choses pour ces clochards. Libres de ne pas dépendre de la société. Libres de se passer du confort matériel. Libres de se saouler autant qu’ils le veulent.

Le récit gravite principalement autour de Ach le Borgne qui joue du Banjo et qui s’occupe de de Junior, comme un père le ferait. Il lui inculque ses valeurs et lui explique la vie à sa façon. C’est là que Khadra philosophe au travers de dialogues comme il sait les faire : haut en couleurs, pittoresques et terriblement efficaces.

On retrouve dans cette mini société tous les types d’individus qui peuplent les rues des villes. Leurs points communs qui les différencie des citadins étant l’indépendance dont ils font preuve en permanence, leur solidarité et la revendication têtue d’une liberté inaliénable. Ces êtres paumés, délaissés par la vie, abandonnés là au milieu des immondices ont des vraies valeurs. Elles seront remises en cause par la venue de Ben Adam (on remarque la malice de l’auteur dans le choix du nom…), une créature mystérieuse qui connaît le Monde et qui a bourlingué. Il va ébranler des certitudes acquises comme des vérités sacrées et va notamment remettre en cause le « couple » Ach-Junior.

A travers cette fable, Khadra porte un regard aigu sur notre société. Il est sans complaisance à l’égard d’une société mondialisée et touche du doigt l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. A la solidarité des « Horr », il oppose crûment l’indifférence de la ville. C’est si vrai que le roman se déroule dans un huis clos étonnant. Aucune relation avec les gens de la ville, même pas lorsqu’ils viennent abandonner leurs déchets. Et pour mieux montrer le fossé qui sépare les deux communautés, la seule fois où l’un des leurs va faire un retour dans le monde civilisé, il en sort meurtri dans tous les sens du terme. Comme si ce manquement à la règle méritait une dure sanction. Exclus vous êtes, exclus vous devez rester !

Khadra nous montre ce que nous ne voulons pas voir. Il nous force avec talent à regarder la vérité en face : notre égoïsme et notre individualisme. Dans cette cour des miracles, les biens matériels sont bien peu de choses et ils viennent tous de la décharge, alors que les nôtres sont le produit de cet argent pour lequel on travaille, cet argent qui constitue la seule valeur tangible de la société. Yasmin aKhadra nous met aussi face à notre aveuglement : comment peut-on ne pas voir ces SDF que nous croisons chaque jour dans la rue ?

Une nouvelle fois Khadra nous comble de par son écriture ciselée, précise et efficace. Cette fois il donne dans la philosophie, mais pas dans celle ampoulée des salons où l’on cause. Il nous donne une leçon de vie et nous invite à réfléchir sur notre société.

lundi 8 mars 2010

Nassira Belloula : De la pensée vers le papier, soixante ans d’écriture féminine algérienne – ENAG – 2009


Une exploration de la littérature féminine algérienne

Nassira Belloula nous livre un travail très intéressant sur la littérature féminine algérienne. Elle passe en revue nombre d’auteures algériennes en posant énormément de questions sur cette écritures, les thèmes abordés et les problématiques qui sont soulevées.
Le livre est structuré sur un plan très rigoureux qui permet d’aborder les thématiques des écrivaines. Les points communs sont repérés et la spécificité de l’écriture féminine est analysée. Le tout est remis dans le contexte plus général de la littérature algérienne.

On suit avec beaucoup d’intérêt l’enquête menée par Nassira sur l’utilisation très fréquente des pseudonymes, ce que Nassira appelle les « noms voilés », non sans quelque malice. Le lecteur est invité à parcourir les différentes périodes de cette littérature depuis celle des fondatrices jusqu’aux auteures modernes en passant par l’écriture de l’urgence des années 90.

Les rapports père-fille et mère-filles sont abordés et déclinés pour beaucoup d’auteures : Assia Djebar, Leïla Sebbar, Karima Berger, Ahlem Mostaganemi, Fatiha Nesrine, Nadia Sebki, Malika Mokkedem, Najia Abeer, Djamila débèbèche, Taos Amrouche, etc…

On prend également conscience que nombre d’écrivaines ont la double culture de par leur naissance et on réalise combien la culture française est prégnante. Énormément d’ouvrages sont écrits en français.

Une bonne partie du livre traite des problèmes spécifiques aux femmes et plus particulièrement aux femmes arabes : la place dans la vie sociale, l’enfermement, les rapports au père.

La lecture de cet ouvrage est agréable et prenante. On y découvre bien des facettes de l’écriture algérienne. A recommander pour tous les amoureux de littérature algérienne.

samedi 6 mars 2010

Youcef Dris : Les amants de Padovani - Dalimen - 2004

Un récit bouleversant dans l'Algérie Coloniale

Merci à Nassira Belloula de m’avoir procuré ce livre introuvable en France (Par contre on peut télécharger le livre en PDF ici).

C’est une tragique histoire d’amour que nous livre Youcef Dris. Dahmane et Amélie s’aiment depuis leur plus tendre enfance dans cette Algérie des années 30. Un amour très mal vu dans une Algérie coloniale qui sépare les communautés. Ils ont grandi ensemble , côte à côte et ne peuvent se passer l’un de l’autre.

Cette tragédie, fort bien écrite par Youcef Dris sera un calvaire jusqu’au bout pour Dahmane qui ne saura que très tard, après le décès d’Amélie, qu’il a eu un fils Damien. C’est à l’occasion de sa venue en France à Paris pour se soigner et à Aix en Provence qu’il découvrira cette vérité.

Ce roman qui est inspiré d’une histoire vraie, puise sa force dans une narration limpide et sensible. L’auteur n’en rajoute pas au tragique de la situation et il fait toucher du doigt les difficultés qui existaient entre la communauté européenne et les musulmans. Il tire aussi sa force du personnage de Fatma, la grand-mère de Dahmane qui l’a élevé avec beaucoup de courage et d’abnégation.

Cette histoire nous rappelle à la violence des rapports entre les êtres des pays coloniaux. Elle met en lumière, un racisme du quotidien qui ne demande qu’à s’exprimer à la première occasion.

Youcef Dris a écrit là un livre sensible et utile à la compréhension de cette Algérie des années trente et de celles qui ont précédé l’indépendance.


A propos de la polémique concernant l’accusation de plagiat à l’encontre de Yasmina Khadra, auteur de « Ce que le jour doit à la nuit »


Un lecteur de ce blog m’avait alerté sur cette polémique et c’est une des raisons pour lesquelles je tenais à lire l’ouvrage de Youcef Dris.

Je dois dire que même s’il faut constater une inspiration commune (idylle entre deux membres de communautés différentes, tragédie et retour à Aix en Provence pour le dénouement de l’histoire), le livre de Khadra n’est en rien un plagiat de l’écriture de Youcef Dris.

Ce sont deux plumes différentes. Le roman de Khadra a un souffle différent et creuse beaucoup plus les questions périphériques à l’histoire d’amour. Pourquoi ne pas admettre que l’on peut être inspiré par la même histoire réelle ? Le talent indiscutable de Khadra n’a pas besoin d’aller chercher les lignes d’un autre écrivain talentueux.

Pour avoir lu sur la toile les débats plus que passionnés sur la question, je dois dire avoir été frappé par la partialité des adversaires de Khadra. A tel point que nombre d’entre eux n’ont même pas lu le livre de Youcef Dris !

Cette polémique est vaine et n’apporte rien à la littérature algérienne qui compte des talents comme ceux de Youcef Dris et de Yasmina Khadra.

vendredi 5 mars 2010

Tahar Ben Jelloun : Au Pays - Gallimard - 2009

Un conte moderne de l’immigré fidèle à ses traditions


Mohamed, peintre dans une usine automobile, voit sa retraite arriver et il en a peur comme s’il était atteint d’une maladie grave. Il a émigré en France alors qu’il était très jeune et n’a connu que le travail à l’usine. Toute sa vie était rythmée par ses trajets pour se rendre à l’usine, les heures de repos bien méritées, la pratique sourcilleuse de l’islam, le bien être de sa famille et de ses six enfants et les retours au bled pour les vacances et le respect des traditions marocaines.

Mohamed ne comprend pas bien la vie occidentale et met les choses dans des boîtes : ça c’est pour eux et pas pour moi. Il élève ses enfants dans le respect des coutumes du pays. Il ne conçoit pas qu’ils réagissent différemment de lui. Pourtant cette génération ne raisonne pas comme lui. Elle est française et s’est affranchie des lourdeurs des traditions. Sa fille se marie avec un « françaouis », au grand dame de Mohamed qui ne veut plus la voir, Rachid, un de ses fils change de prénom pour s’appeler Richard. Tout cela fait beaucoup pour un seul honnête homme.

L’approche de « l’entraite », comme il dit, lui fait très peur. C’est comme une maladie qui ne le fera plus exister. Brutalement il n’aura plus aucun but dans la vie. Finalement et logiquement cet homme dévoué à sa familles et au coutumes ancestrales décide de rentrer au bled pour finir de construire la maison familiale qui doit regrouper ses six enfants et leurs progéniture. Il ne demande l’avis de personne et un beau matin prend la route du Maroc. Une très grande maison, démesurée, à la hauteur des rêves de Mohamed, va attendre ses occupants.

Tahar Ben Jelloun nous livre là un superbe roman traité comme un conte. Il décrit la problématique de cette immigration qui a donné des générations d’enfants intégrés et en décalage avec leurs parents. Au passage, il jette un regard sur l’enflamement des cités et le comportement des jeunes beurs en butte avec la société française. Ce travail de décryptage de la problématique immigration/intégration, Ben Jelloun le mène avec un vocabulaire simple et efficace, sans tomber dans le pathos. Il nous interpelle fortement car c’est la vie quotidienne qu’il exprime, en oubliant les idéologies. Il montre également que la pratique de l’islam ça n’est pas l’islamisme.

Un très beau roman que l’on dévore du début à la fin.

dimanche 21 février 2010

Leïla Sebbar : La Seine était rouge Paris octobre 1961 - Babel - 2009

Nous ne sommes pas très loin de la fin de la guerre d'Algérie. Nous sommes le 17 octobre 1961 et le FLN organise une manifestation pacifique en réponse au couvre-feu imposé par Maurice Papon, Préfet de police, aux Algériens. La police charge, matraque agresse des gens sans défense, commet des exactions insupportables, jette des Algériens dans la Seine et arrête des milliers de personnes.

Voilà pour les faits historiques. Mais Leïla Sebbar veut nous faire comprendre cette triste période où c'était encore la sale guerre d'Algérie qui ne disait pas son nom et où pourtant il était déjà admis pour De Gaulle, Président de la République, que l'Algérie serait très prochainement algérienne.

L'auteur choisit de raconter l'histoire d'Amel, 16 ans qui entend sa mère, Noria et sa grand-mère, Lalla, discuter en arabe de choses qui lui paraissent graves. Mais elle ne parle pas cette langue et se trouve en dehors de ces discussions, d'autant qu'elle ne trouve aucune réponse aux questions qu'elle pose. Amel veut savoir et elle va y parvenir grâce à Omer, journaliste algérien immigré et grâce au film, sur les porteurs et les porteuses de valises, que veut tourner Louis, le fils d'une Française qui a adopté la cause algérienne.

Le livre est bâti  autour d'allers et retours incessants entre ces trois personnages. Certains chapitres sont écrits comme s'il s'agissait d'un scénario : Extérieur jour, extérieur nuit, intérieur jour, intérieur nuit.

"Intérieur Jour
On allait à l'école pieds nus, dans la neige, l'hiver... Alors la boue du bidonville, ça me fait pas peur. Mon père est mort dans la boue des rizières, en Indochine, sa pension a disparu avec lui et sa compagnie. Travailler pour ma mère oui, pour la smala non. J'ai pas eu le certificat d'études, je sais compter. Je tiens ce café dans la merde, mais ça marche
... J'enverrai de l'argent à ma mère, si elle est pas morte. Mes frères, mes sœurs, qu'ils se démerdent, comme moi.
Ils sont venus plusieurs fois 'les calots bleus', les harkis de Papon, on les appelle comme ça, je sais pas pourquoi. Je fais pas de politique. Les autres aussi, les FLN, ils m'appellent 'Frère' pour moi, c'est pas des frères. Je dis rien. 'Pas d'alcool, pas de tabac. interdit de jouer aux cartes, interdit de jouer aux courses. Si tu désobéis, tu sais ce qui t'attend.' L'un d'eux a passé son index sur sa gorge en levant la tête, de gauche à droite. J'ai compris. Ils ont dit aussi : 'Ordre de la Direction, fermeture des commerces le 17 octobre 1961. J'ai pas de rideau de fer. J'ai fermé la porte en planches, à clé."

C'est dans ce style direct, dépouillé que Leïla Sebbar raconte. C'est très efficace et le lecteur assiste au fil des pages et des rencontres avec Omer ou Louis à la révélation de la vérité tant recherchée par Amel. Vérité affreuse illustrée par des témoignages :
"Extérieur nuit
C'était le 17 octobre 1961. Il pleuvait.
J'ai pensé que j'allais mourir, je buvais l'eau de la Seine, j'étais lourd, très lourd. J'ai fait la prière. Je l'avais oubliée, avec le travail on a plus le temps, on va au café, on boit un peu, les tournées, ça fait boire. J'ai pas trop bu, mais j'ai bu et c'est défendu chez nous, les musulmans. J'ai bu et la prière... Ce soir-là, la pluie, les coups, l'eau froide, elle sentais mauvais la Seine... La prière est revenue. J'ai prié, prié... et j'ai été sauvé. Sinon, je me noyais, comme d'autres. on a retrouvé des corps charriés par la Seine. Sûrement la Seine était rouge ce jour-là, de nuit on voyait pas. On a repêché des algériens, ils avaient les mains liées dans le dos et les pieds attachés...
... La Seine les a rejetés. Même la Seine, elle en voulait pas des Algériens. Combien ? On saura peu-être un jour. Et ceux qu'on a retrouvés, pendus dans les bois, près de Paris..."

C'est finalement Louis qui recueillera le témoignage de cette nuit de démence de la part de Noria, la mère d'Amel. C'est comme si c'était un secret de famille que l'on ne peut pas dire à sa fille, mais que l'on finit par confier à l'Autre, comme si on se soulageait.

C'est un véritable hommage à ces martyrs Algériens que rend Leïla Sebbar à tous ces manifestants, ces immigrés opprimés par la France coloniale. Une leçon d'histoire pour les plus jeunes, pour tous ceux qui n'ont pas connu cette guerre et qui n'en ont guère entendu parler à l'école.

Un livre qu'il faut lire absolument !

jeudi 14 janvier 2010

Une belle aventure aux Grammy Awards de Los Angeles (31/01/2010)





Chicago Blues: A LIVING HISTORY


C'est une belle histoire qui commence en 2007, lorsque Larry Skoller programme ses artistes pour la première édition du festival Aulnay All Blues. Puis il propose à Mohamed Beldjoudi un projet qui lui tient à cœur : éditer une histoire du Chicago Blues. La ville d'Aulnay-Sous-Bois est partante et co-produit avec Raisin’Music, maison de production dirigée par Larry Skoller et basée à Cognac le double CD. Le conte de fée peut exister : en avril 2009 un double CD "Chicago Blues: A LIVING HISTORY" est dans les bacs aux USA et en France. 40 000 € sont investis pour la plus grande joie des fans de Blues. Depuis, 7000 disques ont été vendus, dont plus de 2000 aux Etats-Unis.

Chicago Blues : A LIVING HISTORY (CLBH) est unani-mement salué par la critique musicale, des musiciens et historiens de la musique dans le monde entier comme l'hommage le plus important de notre temps pour les Blues de Chicago.

CBLH réunit deux générations de musiciens vivants, parmi les plus grands, de Chicago. Dans une collaboration sans précédent du Chicago Blues, le légendaire Billy Boy Arnold, John Primer, Billy Branch et Lurrie Bell - héritiers de la tradition du Chicago Blues - se sont réunis pour célébrer et rendre hommage à l'évolution du genre depuis ses tout premiers jours à travers le présent.





Le groupe s'est uni pour témoigner de l'histoire du genre dans sa forme la plus puissante de ces artistes extraordinaires qui sont le pont entre les auteurs du genre et le Chicago Blues d'aujourd'hui - à travers eux le Chicago Blues reste une tradition vivante.









Nomination aux Grammy :

Best Traditional Blues Album 2009




Nomination aux Blues Music Award :

Meilleur Album 2009


Meilleur Album Traditionnel 2009



Blast Blues Award :

Lauréat du Meilleur Album traditionnel 2009


L'Académie du Jazz de France :

Lauréat du Meilleur Album Blues 2009



Je suis très heureux de cette nomination aux Grammy awards. Larry le mérite bien ainsi que tous les musiciens embarqués dans cette magnifique aventure. Bravo également à Aulnay-sous-bois pour son courage et sa prise de risques.


Je tiens à saluer chaleureusement et particulièrement Billy Flinn, Kenny "Beedy-eyes" Smith (Mister Mac Do !), Felton Crews, Matthew Skoller et Lurie Bell que j'ai eu la chance de cotoyer.

Ce band est extraordinaire. Le double CD est fabuleux. J'ai hâte de les voir en live lors de leur prochaine tournée en France !

Blues is Beautifull...

lundi 26 octobre 2009

Nouveau site pour Souad Massi

Souad Massi méritait un site régulièrement tenu à jour.

Devant l'indigence d'Universal pour la maintenance du site officiel, j'ai proposé à Souad de créer un site qui pourrait servir de référence. Elle a accepté et c'est donc ainsi que j'en suis venu à construire le site :

http://s.massi.free.fr/

Merci de le consulter et surtout, si vous avez des infos, des compte-rendus de concerts envoyez-les moi à : yahia.jmp@free.fr

Yahia

dimanche 14 juin 2009

Valence - La Fabrique : Bleu Blanc Vert - 22 mai 2009 - Compagnie « El Ajouad »

Un superbe spectacle, beau comme le roman de Maïssa Bey

J'avais consacré un billet au très beau roman de Maïssa Bey et j'avais dit tout le bien que j'en pensais.

Cette fois, c'est du spectacle dont je vais vous parler. J'ai fait le voyage de Cognac à Valence pour ne pas rater cette création de la compagnie « El Ajouad » qui était en résidence à la « Comédie de Valence ».




Au travers du cheminement de Lilas et Ali, c'est 30 ans de l'histoire algérienne qui sont balayés (1962-1992). 30 ans d'espoirs, d'épreuves, de déceptions, de souffrances. Une saga magnifiquement écrite par Maïssa Bey et magistralement adaptée par Christophe Martin, superbement mise en scène par Kheireddine Lardjam, astucieusement scénographiée par Émily Cauwet et sompteusement interprétée par la splendide Malika Bel Bey, Larbi Bastam et Samir El Hakim.


Pour mémoire, rappel de l'argument du Roman et donc de la pièce : "1962. Lilas et Ali apprennent brusquement qu'il est interdit d'utiliser le crayon rouge : le papier reste blanc, l'encre reste bleue, mais les corrections se feront dorénavant en vert.Il n'est pas question de maintenir le bleu blanc rouge, couleurs haïes de la colonisation. Nos deux héros, au moment de l’indépendance, un garçon et une fille, rentrent ensemble de l'école ; ils habitent le même immeuble. Ils se précipitent chez eux pour raconter ce premier symbole de l'indépendance : ils sont fiers, et se sentent les pionniers d'un acte fondateur. À partir de cet acte fondateur, les deux héros de “Bleu blanc vert”, roman ironique et amer de Maïssa Bey, racontent trente ans d'Algérie indépendante, de 1962 à 1992 où tout bascule avec la victoire du Front Islamique du Salut aux élections. " (http://www.comediedevalence.com/)

Sans aucun doute, comme le dit Maïssa Bey, cette pièce est " une création à part entière ". Dans le même temps, la pièce est d'une fidélité absolue au roman. À tel point que l'on a l'impression d'avoir sous nos yeux et dans les oreilles la totalité du roman. Pourtant le spectacle est exlusivement constitué des monologues, des dialogues des deux protagonistes, avec un plus non négligeable : les chants de Larbi Bastam qu'il interprète de sa voix puissante et profonde. Ces illustrations musicales ponctuent le spectacle et lui donnent une couleur particulière. Nos deux amoureux sont toujours sur scène simultanément, ils sont inséparables comme ils le sont dans l'histoire, malgré tous les aléas de la vie qu'ils rencontrent dans une Algérie bouleversée.


La pièce souligne très efficacement le poids de la tradition, les dysfonctionnements de la société, sous l’angle du quotidien. Avec beaucoup d'humour, d'ironie et d'amertume, elle expose les rêves du peuple algérien, jusqu’au moment ou il est totalement broyé par une guerre civile dévastatrice qui va durablement et durement marquer les Algériens dans leur chair et dans leur tête.


La mise en scène sensible de Kheireddine Lardjam est au millimètre : il n'y a rien de trop ! La scénographie très sobre et si symbolique d'Émily Cauwet est efficace et permet de bien circuler dans l'histoire de Lilas et Ali, mais aussi dans l'Histoire de la toute jeune Algérie.


N
ous finirons par les acteurs, sans qui évidemment rien ne serait possible. Au risque de me répéter Malika Bel Bey est éblouissante, elle est vraie et sans doute que ses larmes ne sont pas loin, en dehors des besoins du jeu d'acteur. Larbi Bastam lui donne une réplique du même niveau et crédibilise parfaitement les intentions des auteurs (roman et pièce).Quant à Samir El Hakim, il se livre à un exercice extrêmement difficile en chantant à capella, souvent après de longue stations debout, immobile sur la scène. Sa voix traverse la salle et ajoute incontestablement à l'émotion.


Nous étions 4 amis à nous rendre ensemble à cette représentation. Je me sens autorisé à dire que nous étions tous les quatre bouleversés. 3 d'entre nous n'avaient pas encore lu le roman. Ils se sont promis de le faire le plus rapidement possible. Ne passez pas à côté de ce que je considère comme un authentique évènement. Consultez la vidéo ci-dessous qui vous donne les dates de la tournée en France. Cette pièce va également tourner en Algérie. Je sais qu'elle sera jouée à Constantine vers le mois de janvier 2010 (confidence du metteur en scène). Dès que je trouve les dates algériennes, je les mets en ligne sur le blog.



jeudi 28 mai 2009

Alger : Panaf 2009

Panaf 2009 consacré au festival panafricain de cet été se tiendra à Alger


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