Arab Chih, Liberté, 14 février 2009
13 février 1960-13 février 2009. Il y a 49 ans, jour pour jour, la France avait réalisé ses premiers essais nucléaires dans le Sud algérien, à Reggane plus exactement. Ces premiers tirs effectués à Hamoudia avaient pour nom de code la Gerboise bleue. Leur puissance avait été trois fois supérieure à la bombe atomique larguée en 1945 par les Américains sur la ville japonaise Hiroshima. Ce jour-là donc, la France a fait son entrée triomphale dans la cour des grandes puissances nucléaires. En l’espace d’une année seulement, trois autres tirs auraient été effectués : la Gerboise blanche (1er avril 1960), la Gerboise rouge (27 décembre 1960) et la Gerboise verte (27 avril 1961). Tous des essais atmosphériques. Donc plus dangereux. Parce qu’elle n’avait pas explosé, la dernière bombe avait été la plus polluante. Et jusqu’à 1966, date à laquelle la France avait clos son programme nucléaire dans le Sahara algérien, pas moins de 13 autres essais, souterrains cette fois, avaient été opérés.
Si aucune étude sérieuse n’a été à ce jour effectuée pour déterminer, avec exactitude, les retombées de ces essais sur la santé des populations de la région, ces dernières vivent dans la hantise des irradiations. La propagation vertigineuse de toutes sortes de pathologies (cancer, diabète…) et de l’asphyxie de l’agriculture locale sont d’ailleurs imputées aux déchets nucléaires enfouis à Hamoudia, à 60 kilomètres de Reggane.
Pourtant, l’équipe de l’AIEA, qui avait inspecté en 1999 les champs de tirs, avait conclu à la faiblesse des risques de contamination, sauf dans quatre zones, qui doivent être interdites d’accès. Chose qui a été faite par la partie algérienne en 2006 en procédant au bornage du point zéro. Curieusement, les autorités algériennes, qui, depuis 2005, demandaient à cor et à cri la repentance de la part de l’ancienne puissance coloniale pour les crimes commis en Algérie, se sont imposé un silence assourdissant sur ce dossier. La raison ? Une bonne partie des essais nucléaires français s’étaient déroulés après l’indépendance du pays. Bien plus, il semble que les accords d’Évian, qui ont mis fin à une colonisation de plus de 132 ans, contenaient des clauses secrètes accordant à la France le droit d’utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant cinq années supplémentaires.
C’est vrai qu’en février 2007, le ministère des Moudjahidine a organisé un colloque pour demander à la France une réparation pour toutes les séquelles causées par ses essais nucléaires au Sahara algérien.
En décidant une réparation matérielle des victimes françaises, peut-être même algériennes, des essais nucléaires de Reggane, le gouvernement français aurait-il pour autant réparé définitivement le tort commis ?
Non. Car les habitants de Reggane mettent en avant deux revendications essentielles : d’abord la reconnaissance par la France de ses tirs nucléaires comme étant un crime contre l’humanité et contre l’environnement. Ensuite, la décontamination totale de Hamoudia pour en finir définitivement avec le danger des irradiations.
Malheureux destin que celui de Reggane
Perdue au fin fond du Sahara algérien, cette localité n’en avait été pas moins embarquée dans un épisode de la longue et douloureuse histoire de la colonisation française en Algérie, qui n’a pas fini de livrer ses secrets : les essais nucléaires de triste mémoire. Son nom restera à jamais accolé à la bombe atomique française.
Et pour cause, c’était sur son territoire, à Hamoudia plus exactement, qu’avaient eu lieu les premiers tirs nucléaires, du nom de code la Gerboise bleue, avant d’être suivis de trois autres. L’explosion de la première bombe a été pour la France synonyme de visa d’entrée dans le club très fermé des puissances nucléaires.
Elle avait été aussi un motif de jubilation pour le général Charles de Gaulle au faite de sa popularité et qui, en apprenant la nouvelle, avait, dit-on, poussé de retentissants hourras de victoire.
Quelques détails sur les jours d’avant l’explosion de la bombe
C’était le 13 février 1960. Il y a quarante-neuf ans. Mais les préparatifs avaient commencé bien avant. Les autorités coloniales avaient installé, en novembre 1957, à Reggane une base militaire où étaient affectés 6 500 militaires français, au grand dam de certaines sociétés pétrolières qui faisaient alors de la prospection, avant d’être invités à quitter les lieux. Car, avec la décision des militaires français, Reggane était considéré alors comme une zone fermée.
Quelque 3 500 ouvriers algériens avaient travaillé dans cette base. Pour les besoins de pacification de la région ou, peut-être, par précaution, le personnel algérien subissait un renouvellement tous les deux à trois mois.
En l’espace de trois à quatre mois, l’heure de l’explosion avait été reportée à deux reprises pour raison de conditions climatiques défavorables.
La journée d’avant l’explosion, les militaires français avaient donné quelques consignes à suivre aux habitants de Reggane et des localités environnantes quitter leurs maisons, fermer portes et fenêtres, et surtout ne pas ouvrir les yeux au moment de l’explosion… Les femmes des militaires et les Français habitant à Reggane avaient été déplacés en dehors de la région.
Les officiers, eux, s’étaient retranchés à Reggane. Seuls les appelés et les ouvriers algériens étaient restés dans la base de Hamoudia, à 20 km du point zéro. Valet de chambre auprès de plusieurs colonels français depuis 1957, Ali Ben Didi Ben Salem était à Hamoudia la veille de l’explosion. « Ils nous avaient mis au courant plusieurs jours à l’avance. Certains appelés étaient fous furieux. Ils pleuraient et vociféraient des jurons contre leurs supérieurs », se rappelle-t-il, amer.
Des dosimètres avaient été distribués aux populations algériennes pour être récupérés le lendemain de l’explosion.
Du matériel militaire (chars, hélicoptères…) étaient disséminés çà et là aux alentours du champ de tir. Différentes sortes d’animaux avaient été exposés à différentes distances du point zéro et, selon les dires de certains, quelques-unes de ces bêtes auraient été récupérées par les habitants de la région, égorgées puis consommées.
Un vieux raconte le jour de l’apocalypse
Le 13 février donc, à 7h04 du matin, ce qui devait arriver arriva : la bombe explosa. Quelques instants avant, un hélicoptère tournoyait dans le ciel en survolant toute la région et en émettant des signaux sonores. Un sinistre avertissement de l’approche de l’instant fatidique. « Tout le monde s’était mis à plat ventre en fermant les yeux des deux mains. Cette précaution ne m’avait pas empêché de percevoir la lumière. Ensuite, j’avais senti la terre trembler sous mon corps. Puis j’avais entendu un son que je n’oublierai jamais. Des portes et des fenêtres de certaines maisons que les propriétaires, dans leur fuite, avaient oublié de fermer, avaient été emportées par le souffle de la bombe », se souvient le vieux Ali Ben Didi. Et de poursuivre son récit : « Un militaire français et d’autres gens saignaient du nez. Beaucoup de fouggarras avaient été détruites. Quelque temps après, le ciel était recouvert d’un nuage de poussière qui restera au-dessus de la région jusqu’aux environs de midi. Les appelés français étaient montés sur la terrasse pour suivre du regard le nuage aller vers Tanezrouft, du côté de Bordj Badji Mokhtar. » L’éclat de la bombe avait été observé de Béchar, de Bordj Badji Mokhtar et même des frontières maliennes, poursuit notre interlocuteur.
Ce n’est que deux à trois jours après que la vie a repris son cours normal. Les Français avaient commencé à nettoyer le matériel de guerre. L’ingrate et dangereuse tâche avait été confiée à des Algériens protégés, il est vrai, par des combinaisons spéciales. En quittant la région au printemps 1964, les militaires français avaient rasé la base de Hamoudia et enfouis sous le sable tous leurs déchets. Le matériel militaire était acheminé vers In Ekker à In Salah. « Pendant plus d’un mois, des bulls procédaient aux remblayages. Ils avaient tout enterré sauf une bâtisse. À ce jour, je n’en ai pas encore percé le mystère. La route bitumée qui mène à Hamoudia avait été complètement détruite », raconte encore Ali Ben Didi. Au printemps 1964, les Français avaient quitté Reggane pour s’établir à In Ekker, du côté de Aïn Salah.
Site non sécurisé, pillage et business du cuivre
Laissé à l’abandon, le site avait fait l’objet, quelques années plus tard, entre 1968 et 1970, d’un véritable pillage. Tout ce qui pouvait être vendu ou utilisé avait été saccagé. Ignorant tout du phénomène de la radioactivité, des citoyens de Reggane avaient récupéré des tôles de zinc pour être utilisées comme toitures pour leurs maisons. Des tuyaux de la conduite d’eau de la base militaire de Hamoudia avaient été subtilisés pour être utilisés dans les seggias. Le site, une véritable mine d’or pour certains adeptes du gain facile qui y venaient de partout, y compris de la lointaine Béchar, à bord de leurs semi-remorques. Ils y restaient plusieurs jours en dressant des tentes sur les lieux mêmes de l’explosion. Le moindre objet ferreux ou ayant une quelconque valeur était ramassé pour être ensuite écoulé dans un quelconque marché. Objet de prédilection, c’étaient certains tubes enrobés dans du caoutchouc, qu’ils faisaient fondre pour récupérer leur cuivre. Une fois les camions bien remplis, ils regagnèrent alors Béchar pour écouler leur marchandise au Maroc, voire même en Europe !
Des années durant, le point zéro est resté non sécurisé. Même s’il n’y avait pas âme qui vive, il reste qu’il était accessible aux animaux et aux habitants de la région qui, d’ailleurs, s’y aventuraient sans vraiment mesurer le grand risque qui les guettait. Enfants, M. A. Ksasi, président de l’association 13 février 1960, et Lehbab Abderrahmane, membre de la même association, se rendaient dans le champ de tirs pour jouer. « Il faut dire la vérité. Quand les Français étaient là, les lieux étaient sécurisés et inaccessibles. C’est à partir de 1968 que les choses se sont dégradées. Et au bout de deux ans, c'est-à-dire jusqu’à 1970, le site était tout bonnement rasés », déplore M. Lehbal. En 2006, le Commissariat aux énergies atomiques a dépêché une équipe de spécialistes pour faire des prélèvements. Et depuis, le point zéro où avaient eu lieu les trois premiers tirs a fait l’objet d’un bornage sur un rayon de 12 kilomètres. Selon des indiscrétions, l’opération a coûté quelque deux milliards et demi de centimes. Mais le danger est-il pour autant définitivement écarté ? Non. « Le bornage ne limite pas les risques car il s’agit de radioactivité », prévient M. Omar Tabek, directeur de l’environnement de la wilaya d’Adrar.
Pourquoi un si grand retard dans la prise de conscience quant à la nécessité absolue de protéger les habitants de la région des dangers des irradiations ?
Le tabou qui a entouré le dossier ? Peut-être. Surtout que depuis l’Indépendance, cette séquence de l’histoire contemporaine de l’Algérie a fait l’objet d’une véritable omerta. Personne n’osait aborder le sujet. Ce n’est qu’en 1995 qu’une poignée d’étudiants de la région a enfin cassé le tabou en décidant de commémorer l’événement, non sans quelques difficultés. Mais le premier officiel à briser le silence est l’actuel secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) Saïd Abadou qui, en 1998, du temps où il était ministre des Moudjahidine, s’était rendu jusqu’aux abords du point zéro pour inaugurer une stèle. Les habitants de la région en sont d’ailleurs gré. « Avant 1998, ce dossier était frappé du sceau du secret. C’est Saïd Abadou qui l’a mis au cœur du débat public », affirme le président de l’APC de Reggane, Abdoullah Mebarek. « Sans une quelconque protection mais seulement escorté, Saïd Abadou s’est déplacé jusqu’au point zéro », renchérit M. Lehbab.
Impact des irradiations : entre réalité et affabulation
En plus du black-out de plus de 35 ans qui l’entoure, ce dossier a une autre face cachée : les émanations radioactives des déchets nucléaires enterrés à Hamoudia. Les habitants vivent, ces dernières années notamment, dans la hantise des irradiations. Ils savent que la menace radioactive, diffuse mais réelle, est suspendue comme un épée de Damoclès au-dessus de leur tête. On raconte que des enfants seraient nés avec de vilaines malformations et des animaux auraient donné naissance à de véritables petits monstres ! Des affabulations ? Peut-être. Mais les habitants de Reggane, eux, croient dur comme fer que les déchets radioactifs enfouis ont commencé déjà à produire leurs effets néfastes sur leur santé, celle de leur bétail, sur la production agricole et sur l’environnement. Pour le maire de Reggane comme pour beaucoup d’autres, il n’y a pas l’ombre d’un doute : les émanations radioactives dégagées par les déchets nucléaires y sont pour beaucoup dans le développement vertigineux de certaines pathologies, comme le cancer, le diabète, la tension artérielle, etc.
D’ailleurs, expliquent-ils, le taux de cancéreux à Reggane dépasse la moyenne enregistrée dans la wilaya d’Adrar. Le bornage du périmètre du point zéro par les autorités est, à leurs yeux, une preuve supplémentaire quant à l’existence du danger des irradiations. « À Ksar Taarabt, à l’entrée de la ville de Reggane, le nombre de sourds-muets a pris des proportions alarmantes », assure Kaazaoui Ahmed, chef du ksar Zerafil. « Avant l’explosion de la bombe, il n’y avait que deux à trois aveugles dans les trois ksars Taarabth, tinoulef Djdida et Tinoulef qdima. Mais aujourd’hui ils sont très nombreux », croit savoir le vieil Ali Ben Didi Ben Salem. Et d’ajouter : « J’ai remarqué une terrible chose chez nous. Quand nos bêtes de somme marchent, il leur arrive de rentrer directement dans les murs sans se rendre compte. »
Les humains, eux aussi, seraient confrontés à ce problème d’équilibre. « C’est une particularité des gens d’ici. À peine la quarantaine passée, ils commencent à avoir une démarche titubante », témoigne Lehbab Abderrahmane, membre de l’association 13 Février 1960.
C’est, non sans un pincement au cœur, que les gens de Reggane déplorent la baisse de la production agricole dans la région. Un brin de nostalgie émaille d’ailleurs leurs propos quand ils évoquent l’âge d’or de leur agriculture. Ces temps pas très lointains pourtant où la tomate de Reggane envahissait les marchés européens. « Chaque jour, on embarque des tonnes de tomates sur des camions qui sont ensuite acheminés à l’aérodrome de Reggane pour être emmenées, à bord d’avions militaires, au nord du pays ou exporté vers l’Europe », se souvient un citoyen. Selon les dires de certains, même la localité de Zaouïa El-Kounta, à 80 km de Hamoudia, est confrontée, quoiqu’à un degré moindre, au problème de la baisse de la production de la tomate. « Mais ces dernières décennies la production a baissé et la seule usine que nous avions ici a mis la clé sous le paillasson en 1991. » Comme la production de la tomate, celle des dattes ne serait pas en reste. Elle aurait baissée et la qualité se serait détériorée. « Autrefois, la récolte des dattes était très bonne. Bien plus, on exportait au Mali et au Niger. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Même la qualité s’est détériorée. La cause ce sont les irradiations », souligne M. Kaazaoui.
Les responsables locaux déplorent l’absence d’études
Quel crédit accordent les responsables locaux des secteurs concernés (santé, agriculture et environnement) à ces scénarios-catastrophes ?
Ils refusent de succomber à l’alarmisme ambiant et préfèrent aborder la question des effets des irradiations avec une grande circonspection. Ils mettent tous en avant l’absence d’une quelconque étude pour justifier leur prudence. « Il n’y a aucune étude sérieuse et approfondie quant aux effets des irradiations sur l’environnement, la santé ou l’agriculture. Seuls les Français en ont fait », explique M. Tabek.
« Les pathologies médicales existent. Mais les lier aux irradiations, ce n’est pas une chose évidente. Il faut avoir des données fiables sur la période d’avant et d’après l’explosion de la bombe. En l’absence d’études, la question reste toujours posée. Il se peut que les irradiations aient eu un impact sur la flambée des pathologies mais d’autres facteurs peuvent aussi en être à l’origine », assure Dr Abdelli Mohamed, président du conseil médical. « On sait qu’il y a des irradiations mais personne ne peut circonscrire les limites du danger. Rien de sérieux n’a été fait alors qu’on parle de la question depuis six ans. Avant c’était tabou », insiste, pour sa part, Dr Mustapha Oussidhoum.
Avant d’ajouter : « Pour faire ce genre d’étude, il faut avoir des laboratoires spécialisés et un personnel qualifié. Il faut disposer d’un centre pour le diagnostic et d’un autre pour le traitement. Ce qui n’est pas le cas chez nous. »
À l’instar de ses collègues, M. Benkaaoukaou, sous-directeur de l’EPH de Reggane, refuse d’établir une quelconque causalité entre les irradiations et l’augmentation des pathologies.
« Certes, il y a augmentation du nombre de cancéreux mais techniquement on ne peut pas dire que cela est dû aux irradiations. Il n’y a aucune étude sur le nucléaire ni dépistage. Il se peut qu’il soit dû à l’élargissement de la couverture médicale », dit-il.
Quant à M. Boudifa Abdelwahed, subdivisionnaire de l’agriculture à la daïra de Reggane, il ne sera pas plus disert que les responsables des autres secteurs. « Cela fait quinze ans qu’on vient ici pour me poser la même question : l’impact des irradiations sur la production agricole. Je suis un agronome et non un spécialiste du nucléaire.
Ce que je sais c’est que les essais atmosphériques dégagent toujours des irradiations. La durée de vie des éléments radioactifs peut être de quelques secondes ou de plusieurs siècles.
Ce qu’il faut savoir aussi c’est que chaque plante a un seuil de radioactivité naturelle. En l’absence d’une étude sérieuse, on ne peut pas être catégorique. La baisse de la production est peut-être due au morcellement des terres, à la sécheresse… », affirme-t-il.
L’association du 13 Février 1960 interpelle la France
C’est donc le flou le plus total. Personne n’est en mesure, aujourd’hui, de dire la vérité à une population légitimement inquiète. Le salut lui viendrait-il peut-être de l’association du 13 février 1960 qui, avec son action revendicative, pourrait un jour faire bouger les choses.
Créée en 1997 et agréée en 2000, elle s’est toujours employée à la sensibilisation des écoliers et des citoyens quant aux dangers des irradiations. Depuis 2002, elle commémore l’événement en organisant, la nuit de chaque 13 février, une marche de scouts qui, les bougies à la main, sillonnent la ville de l’entrée jusqu’à la place des Martyrs jouxtant le siège de l’APC où un sit-in est observé. Des activités sportives et des conférences sont aussi organisées.
Les animateurs de cette association militent pour que la France reconnaisse les tirs nucléaires comme étant un crime contre l’humanité et contre l’environnement. Ils veulent aussi que l’ancienne puissance coloniale procède à la décontamination de la région. Le lancement d’une étude scientifique pour déterminer le degré du danger est vivement souhaitée.
L’autre vœu des membres de cette association est que le ministère de l’Éducation nationale procède un jour à l’intégration de cet événement dans les programmes scolaires. « De la France, nous attendons qu’elle nous donne les plans pour déterminer les lieux où sont enfouis les déchets comme nous escomptons une réparation. Mais notre État doit aussi envoyer des équipes de spécialistes dans tous les domaines pour faire des études et prendre les mesures qui s’imposent », affirme le P/APC. « Contrairement aux militaires français contaminés, nous ne voulons pas d’une réparation matérielle et individuelle », lance Lehbab. Les attentes de l’association alors ? Son président, M. Ksaci, explique : « Nous voulons une solution durable et non pas de replâtrage comme c’est le cas avec le bornage du point zéro. On aurait aimé que notre région soit décontaminée, dotée d’un hôpital équipé et spécialisé et d’une station de filtrage d’eau, etc. »
Mais le plus grand souhait des membres de l’association est que État algérien hausse un peu plus le ton vis-à-vis des autorités françaises.
Un téléfilm sur la même question vient d'être diffusé sur le service public
Le 28 Avril, à 20 h 30, sur France 2 « Vive la bombe » de Jean-Pierre Sinapi nous a relaté un essai nucléaire français enfoui du 1er mai 1962, au cœur du Sahara, base française d'In Ecker. Ce sera l'accident de Béryl puisque la montagne s'est fissurée. Cet accident a été dissimulé par l'état farnçais pendant plus de vingt ans.
Malheureusement le sujet n'est traité que du point de vue français, ce qui est bien dommage et tristement prévisible. Beaucoup de sentiments d'une mère inquiète pour son fils ... C'est même loin des préoccupations de tous les français soucieux de ce genre de problèmes.
« Pratiquement rien sur les populations de la région, la flore et la faune, les retombées sur toute la région et les pays voisins et les compteurs qui grésillent même aujourd'hui ... Mais des réflexions inutiles et gratuites sur l'Algérie française, le FLN, etc... » m'écrira Djamel, un de mes amis Algériens.
En effet, Le film est très franco-français et est bienveillant par rapport à l'Algérie Française et ne parle de l'Algérie qu'à travers le FLN qui est critiqué. Effectivement les Français n'ont rien de bien consistant pour comprendre des faits qui à l'époque lui ont été cachés. D'ailleurs, est-ce qu'aujourd'hui la volonté existe de dire les choses telles qu'elles sont sur cette époque ? Pourquoi n'est-il fait mention nulle part des accords d'Evian ? Les jeunes Français n'ont aucune chance d'y comprendre quoi que ce soit. Quant aux Algériens, une fois de plus, c'est la chappe de plomb qui s'abat sur eux
Ce qui est positif est que la projection est tombée juste au moment du procès sur le sujet qui s'ouvre à Paris concernant le problème rencontré en Polynésie.
Yahia