dimanche 25 mai 2008

Le Quotidien d'Oran : Yasmina Khadra

Yasmina Khadra, un homme et un écrivain qui dérangent
25 mai 2008 - Mohamed Benrebiai



On a tellement dit et écrit, parfois des choses insensées, sur Yasmina Khadra, que ce soit sur sa personnalité ou sur ses positions à l’égard de son pays et l’armée, que les moins avertis se sont vus inoculer des idées fausses à l’instar de ce jeune homme qui disait, à son propos, lors d’une chaude discussion sur la terrasse d’un café d’Alger, que « Yasmina Khadra a tout renié pour les confortables salons des villes occidentales ». Cette affirmation a suscité ce modeste article en réponse à ses détracteurs, détestant l’oeuvre et l’homme et usant, en guise de critique, de dénigrements et de mensonges.
Lorsque la littérature algérienne a la chance de posséder un écrivain de cette envergure, dont la probité n’est pas la moindre de ses qualités, laisser courir de telles inepties est la pire des injustices envers celui que le prix Nobel de littérature J.M. Coetzee a qualifié « comme un des écrivains majeurs d’aujourd’hui ». Rachid Boudjedra, dont personne ne contestera les talents littéraires mais pamphlétaire acerbe à certaines heures, qui se dit, pourtant, « modeste par idéologie » trouve chez Coetzee une cinglante réponse à sa récente déclaration concernant Yasmina Khadra, qu’il considère comme « un littérateur moyen », sous-entendu comparativement à lui, et qui « ne fait même pas de roman mais du polar ». Pourquoi et à quel dessein vouloir réduire Yasmina Khadra à un écrivain de polars, sachant, pourtant, pertinemment que ceux-ci ne représentent qu’une infime partie de l’ensemble de son oeuvre constituée essentiellement de romans. Humble et modeste, Yasmina Khadra n’est cependant pas dupe de tant de vilenies, il connaît ses talents et en parle sans complexes, dans La Nouvelle République du 25 février 2001, « Je suis le seul écrivain, du moins c’est ce qu’on dit ici (en France), à pouvoir écrire dans tous les genres et à y exceller. Il ne faut pas tomber dans le piège. C’est une étiquette qu’on essaye de me coller pour me "disqualifier"...».
Yasmina Khadra déclarait, plus tard, en 2004, « A mon sens, ce qui est significatif, c’est l’engagement littéraire qui vous permet d’écrire avec intensité et authenticité. Je n’accorde pas d’importance à la querelle des styles. La preuve, j’en utilise plusieurs en fonction des atmosphères que je veux créer dans mes textes. Une oeuvre ne se réduit pas à sa catégorie. Un roman ne s’évalue pas à travers son volume. La volubilité n’est pas obligatoirement un critère de qualité, le laconisme n’est pas forcément un manque de souffle. Un livre ne vaut que par la dimension qu’il donne aux choses et aux êtres qui nous entourent » (Culture 27 mai 2004).
Dans une interview accordée, via son éditeur, à Jean-Luc Douin, de « Le Monde des livres », en 1999 soit avant qu’il ne dévoile sa véritable identité, à la question : Qu’en est-il aujourd’hui de la littérature algérienne ? Il répond : « Elle est bousillée par la jalousie ». Elle l’est certainement toujours aujourd’hui. Un article, paru au mois de novembre 2006, dans un quotidien national francophone, a vu son auteur s’atteler à déformer ou à extraire des phrases de leur contexte pour présenter Yasmina Khadra comme un mégalomane, le journaliste écrit « Il y a forcément matière à douter lorsqu’un écrivain commence à décréter, d’une manière martiale, que ses oeuvres sont les plus importantes du monde », ce qui ne fut jamais dit ou écrit par l’auteur incriminé. S’inspirant d’une critique, datant du mois de mars 2002, de Ingrid Merckx (critique du magazine Lire) qui écrivait à propos du livre L’imposture des mots , « Son récit n’a pas la teneur de L’écrivain, il est moins spectaculaire, plus intime, car il ne raconte pas, il s’explique », ce même journaliste, vraisemblablement en mal de règlement de comptes, la transforme en ces termes « Cela l’a conduit à écrire un essai maladroit dans lequel il a donné l’impression d’avoir des doutes sur son écriture. Il se justifiait presque d’avoir choisi la littérature et de s’y consacrer en s’installant en France».
Khadra arrogant ? Ecoutons plutôt Youcef Merahi, auteur de Qui êtes-vous Monsieur Khadra (SEDIA 2007), « J’avoue avoir eu quelques appréhensions avant notre entretien ; et ce, pour la simple raison que j’avais en face de moi un immense écrivain, avec tout ce que cela peut comporter comme préalables labyrinthiques. Sauf que Yasmina Khadra s’est montré d’une disponibilité humaine et intellectuelle, à la hauteur de son talent ». Dans le cours des basses et méchantes attaques contre lui, un journaliste du quotidien arabophone le plus vendu l’avait traité de « mensonge littéraire, marque déposée d’une fabrication française ». Blessé, on le serait à moins, par une allégation aussi grossière que mensongère, l’écrivain répond dans son entretien avec Youcef Merahi, « Ce journaliste est-il plus algérien que moi ? J’ai passé trente-six ans dans l’armée algérienne... j’ai passé ma vie à parcourir mon pays, à veiller sur ses frontières, à fourbir ses armes... Mon passeport est algérien et je n’en ai pas d’autres. Mon visage, mon âme, ma démarche, mon regard est algérien. De quel droit ce journaliste me dénie-t-il mon algérianité ? » (Qui êtes-vous Monsieur Khadra de Youcef Merahi). Ces dénigrements éhontés ne sont pas, sans rappeler, celles dont a fait l’objet Mohammed Dib, qui est considéré à juste titre, avec Kateb Yacine, comme le monument de la littérature algérienne et dont la reconnaissance par les siens fut posthume, tardive, et sur le bout de la langue. Mais « Il est des gens qui rejoignent certains fromages dont l’authenticité relève soit de la teneur de la moisissure, soit de la densité de leur puanteur... Ils incarnent la purulence. Les désinfecter serait les dénaturer » (L’imposture des mots de Yasmina Khadra). Quelle meilleure réponse, à ceux qui mettent en doute l’attachement de Yasmina Khadra à ses origines et à son pays, que celle de l’intéressé, lui-même, qui déclarait à son interlocuteur français : « Je suis un romancier qui compte exclusivement sur ses convictions littéraires et sa probité intellectuelle. Je suis honnête et je ne vois pas pourquoi je dois en pâtir. C’est vrai qu’en France, pour être admis, il faut renier une partie de soi-même. Certains se disent Kabyles pour se démarquer des autres Algériens, d’autres renoncent à leur passeport vert pour brandir des passeports européens, d’autres encore se disent démocrates pour condamner les libertés de ceux qui ne militent pas dans leur groupe. Moi, on m’a demandé de cracher sur ma partie militaire pour lubrifier l’ascension de ma carrière littéraire. J’ai dit non. Je suis algérien, arabo-berbère, musulman et bidasse jusqu’au bout des ongles. Pas question de me défaire d’une seule fibre de mon être. Si j’ai du talent, je finirai pas forcer le respect ; si je ne suis qu’un écrivaillon de passage, je ne tarderai pas à l’apprendre à mes dépens... » (Culture 27 mai 2004).
Si Yasmina Khadra devient sourcilleux lorsqu’il s’agit de certains principes, il ne juge, par contre, personne par rapport à ses choix. Cela le grandit plus et réduit à leur véritable nature ces pamphlétaires de carte postale qui, à force de manier le mensonge, le mensonge s’est retourné contre eux « En France, je ne suis pas un exilé, mais un émigré. Ma notoriété d’écrivain ne me met aucunement à l’abri des tracasseries administratives et mentales liées aux problèmes de l’émigration. Mais cela ne me consterne pas outre mesure. Certains amis me suggèrent d’opter pour la double nationalité. Je ne peux pas changer de papiers sans changer la couleur de mes yeux et le timbre de mon accent. Je suis algérien, et je préfère le rester. Cela ne veut pas dire que j’en veux à ceux qui ont opté pour la naturalisation. Chacun mène sa barque comme il l’entend. Moi, c’est ainsi que je veux mener la mienne, un point c’est tout». A Youcef Merahi, dans Qui êtes-vous Monsieur Khadra, il tient à préciser « je ne reproche rien ni à mon faciès ni à mon accent. Ils sont mon identité, mes coordonnées, ma filiation. Beaucoup de gens me demandent : "Est-ce que vous vous sentez français ? " Parce que j’écris en français ? Je suis algérien. Ce n’est pas la langue qui fait mon appartenance biologique, mes racines, mes traditions, ma nationalité ». Walid Sahraoui, dans L’Expression du 8 novembre 2007, résume presque parfaitement la nature profonde du sentiment de Yasmina Khadra pour son pays. « Il défend son pays bec et ongles. Là aussi, il le fait non pour avoir une rente, mais par conviction. Parce qu’il n’a pas de pays de rechange et parce qu’il sait que s’il veut imposer le respect aux autres, il est vital de ne pas insulter les siens. De ne pas s’insulter. Ce principe, Khadra l’a appris de ses ancêtres du Sahara, les Doui Meniâ, de grands poètes qui lui ont inculqué l’idée que la littérature est une grande charité ». Oserons-nous douter encore des principes de ce bédouin d’origine si fier de ses racines algériennes ? Il est parmi « les gens qui naissent debout, allergiques aux servitudes et qui cassent sec s’ils sont amenés à courber l’échine » (A quoi rêvent les loups de Yasmina Khadra). Son amour pour son pays ne l’aveugle pas pour autant sur tant de choses qui vont de travers et c’est un écrivain, à l’écoute de son peuple, qui, en génial observateur, a décrit et disséqué, comme personne d’autre n’a su le faire, une société, notamment celle de la décennie rouge, qui n’avait « ni repères, ni tutelle, enfin tutelle réelle». Yasmina Khadra «C’est la puissance transfiguratrice du réel», comme disait Malraux à propos de Balzac. Sa tristesse n’est pas feinte quand il décrit l’Algérie, dans sa tribune publiée par le quotidien espagnol El Pais le 1er juin 2007, comme «un monastère triste et désoeuvré... tous les clochers sont en berne. Félés, misérables et laids, ils continuent de sonner le glas de nos espérances». Il ne ménage pas nos gouvernants et écrit, avec raison, « ces artisans de nos déconfitures n’arrêtent pas de nous décevoir. A chaque banqueroute, ils nous promettent de revoir leurs copies et de se corriger et oublient l’essentiel : ce ne sont pas leurs copies qui sont en cause, mais eux-mêmes ». Les nantis et les parvenus, dont les portraits sont si bien restitués dans son roman A quoi rêvent les loups, sont durement épinglés dans son interview accordé à France inter, en 1999, « C’est un monde qui s’est fait d’une manière contestable. C’est une bourgeoisie née comme magie à partir de choses condamnables. Bergers d’hier, aristocrates d’aujourd’hui. De plus, au lieu de rester dans leur propre microcosme, ces gens là ont préféré étaler leur faste devant les pauvres. C’est donc une bourgeoisie agressive. C’est elle qui provoque la misère des autres. Elle l’accentue et s’attire toutes les foudres... » (Liberté du 25 septembre 1999).
Pour Khadra tout n’est quand même pas noir puisque il a ce message d’espoir « Pourtant, l’Algérie n’est pas morte. Elle regorge de talents, par endroits de génie. Elle est encore aimée par ses enfants qui ne demandent qu’à lui venir en aide. Je les ai rencontrés en Europe, en Asie, aux USA, partout où je suis passé... nous avons un pays fantastique, riche et encore vierge, un Eldorado en jachère, un futur grand Etat capable de rayonner sur la Méditerranée... ». Sur la complexité des liens de Yasmina Khadra avec l’armée, qui a prêté à mille et une analyses, laissons la parole à l’écrivain, n’est-ce pas la meilleure des références. Les 36 années passées dans l’institution militaire, avec tout ce qui a pu avoir comme brimades et frustrations, et parallèlement les déchirures familiales, n’ont pas pour autant semé dans son coeur, à la grande déception de quelques cercles ici et en France, de la haine envers la grande muette. En réponse à Dehbia Aït Mansour, il déclare : « L’armée ne m’a jamais empêché d’écrire, elle m’a constamment ignoré. Tout ce qu’elle voulait, c’était un officier compétent, discipliné, et je crois l’avoir été de mon côté. Je n’ai rien exigé, rien revendiqué, parce que je savais que la place d’un écrivain devait se situer aux antipodes d’une place d’armes. J’ai vécu ma vocation d’écrivain quelque part dans un coin de ma solitude, avec l’espoir sans cesse grandissant de retrouver cette lumière qui me permettrait de retrouver la voie qui était foncièrement mienne : la littérature » (Liberté du 30 janvier 2001). La distinction est faite entre deux mondes, aux antipodes l’un de l’autre, celui de l’armée où « on se sert de sa tête que pour porter un casque et de ses neurones pour assimiler les ordres » et celui de la littérature son « Olympe de lumière ». Cette armée, qui fut sa « seconde famille », diabolisée par les uns et louée par les autres, qui savent que « c’est grâce à ce dernier rempart que la nation tient debout », il continue à la traîner comme un boulet difficile à s’en défaire. Lorsque son livre, L’écrivain, annoncé comme un best seller, sortit en 2001, son audience fut grevée par la parution des deux livres polémiques La sale guerre de Habib Souaïdia et Qui a tué à Bentalha ? de Yous Nasroullah. Yasmina Khadra déclara dans un entretien accordé à La Nouvelle République, le 25 février 2001, « Mon livre est sorti ici, en France, pris en sandwich entre deux écrits infamants. J’ai été pendant quatre ans pénalisé à cause de mon anonymat, maintenant, je suis pénalisé à cause de mon statut militaire ». A Youcef Merahi, dans Qui êtes-vous Monsieur Khadra, il confie « C’est vrai que je suis mal barré, avec cet uniforme qui se veut ma tunique de Nessus. Certaines chapelles bien pensantes préfèrent me tenir à distance, me disqualifiant d’office. Ceux qui me contestent n’ont pas besoin de ruer dans les brancards pour chahuter mon travail, il leur suffit de dire « c’est un militaire » et l’estocade fait mouche ». La rédaction du magazine Lire (Janvier 2007) tresse des louanges suite à la trilogie Les Hirondelles de Kaboul, sur l’Afghanistan, Les sirènes de Bagdad (2006), sur la guerre en Irak, et L’Attentat (2005), « Yasmina Khadra a un talent fou. Et un sacré courage ! Voici un romancier qui n’a pas peur de saisir à bras-le-corps une actualité que la plupart des romanciers se contentent de suivre ». Encensé par les uns et vilipendé par les autres, les siens surtout, Yasmina Khadra est sans appel envers la presse arabe dans une interview à Nassira Belloula (Liberté 30 octobre 2005) « Je refuse de m’enfermer dans une littérature endémique. Je suis traduit sur les cinq continents et cela fait de moi un citoyen du monde. Lorsque j’écris, je m’adresse à tous les hommes de la Terre. Savez-vous que 90 % de mon lectorat est occidental. Hormis les Algériens et les Marocains, les Arabes ne me connaissent pas. Au Moyen-Orient, on me lit en anglais, et personne n’a cherché à me traduire. Quand je pense que je suis traduit en Malayalam (Inde), en Catalan (Espagne), bientôt en flamand et en créole, c’est-à-dire dans des langues régionales, ça m’effraie comme c’est pas possible. Les Arabes sont hostiles au livre. Savez-vous que le journal El Hayat m’accuse de sacrifier la Palestine pour décrocher le Goncourt, thèse que le journal libanais El Manar s’est chargé de colporter avec le même enthousiasme perfide ? L’apartheid littéraire est en nous, dans le monde arabe. Nous sommes les plus grands ennemis de l’écrivain... ». Yasmina Khadra « s’il a su capter, voire fasciner un si large auditoire, c’est parce qu’il ne s’est jamais départi de sa condition de héraut d’une cause, d’un peuple, d’une partie de l’humanité. Il le fait avec un talent encore non égalé. C’est l’Arabe qui ne vocifère pas, c’est l’Algérien lourd d’une des plus cruelles étapes dans la vie de son peuple, c’est l’officier de la seule et vraie armée du peuple dans le monde arabe. C’est le musulman qu’habitent les lumières d’une religion qui construit ; c’est l’alchimie de tout cela qui lui a sans doute permis de forcer le discours qu’est le sien, un discours qui porte. Le discours d’un humaniste. Un humaniste debout. Je dirais même d’un humaniste armé. Yasmina Khadra mérite d’être d’abord fêté par les siens » ( Zouaoui Benhamadi ex-Directeur de l’ENRS). La méchanceté des hommes le répugne et il n’aime ni la bêtise, ni la bassesse, ni la malveillance et encore moins l’hypocrisie et la médiocrité. C’est un humaniste qui, avec des mots, « multiplie les miracles », c’est un orfèvre en écriture.
Malheureusement et en raison, notamment, du vide culturel et du prix des livres, hors de portée des modestes bourses, les Algériens, qui ne font pas partie du monde argenté très restreint parmi les férus de littérature, comme ce jeune de la terrasse du café d’Alger, ne connaissent de Yasmina Khadra que ce qui est rapporté par les médias ou par ouïe-dire. L’objectivité n’est pas, bien sûr, toujours de mise, et on a pu apprécier comment quelques journalistes ou un grand écrivain comme Boudjedra, peut-être jaloux de la notoriété de Khadra devenu un écrivain mondialement reconnu et dont les livres sont traduits en 30 langues, peuvent déformer la réalité. Dans cet article, la parole a été volontairement et souvent donnée à l’écrivain pour rétablir un tant soit peu une vérité parfois travestie. Dans ce même ordre d’idées, nous lui laisserons le soin de conclure « Pourquoi ce rejet, cette hostilité morbide qui nous amènent jusqu’à contester les meilleurs d’entre nous, qui nous empêchent de saluer les mérites des nôtres, de dire merci sans avoir le sentiment d’afficher profil bas ? Qu’est-ce qui nous dresse sans cesse les uns contre les autres dans la paix alors que nous sommes traités de la même manière en temps de guerre ? Pourquoi sommes-nous incapables de construire un avenir commun, alors que nous sommes si unis dans les martyres d’hier?... La réponse est le Mensonge. On nous ment depuis toujours. On nous manipule. On nous empêche de nous entendre. Et si les Algériens ne s’entendent pas, c’est parce qu’ils ne s’écoutent pas. Il est temps d’apprendre à vérifier la véracité de ce que l’on nous raconte, de se poser des questions lucides, de chercher nos vérités jusque dans la crasse des caniveaux. Celui qui ne connaît pas sa vérité ne saura jamais où il va. Quand on marche à tâtons en pleine lumière, on finit immanquablement par se casser les dents ».

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jeudi 22 mai 2008

Maïssa Bey : Pierre, sang, papier ou cendre


ENTRETIEN AVEC L’ÉCRIVAIN MAÏSSA BEY
«Pas de haine...ni de pardon» (22 mai 2008)

«Beaucoup m’ont dit que c’est un livre nécessaire...», nous a confié l’auteure, lors d’une vente-dédicace, lundi dernier, à la libraire du Tiers-Monde.
Maïssa Bey est une femme blessée dans sa chair. Son père décéda en 1957, suite à des sévices endurés par la main du colon. Maïssa Bey est née avec cette plaie, jamais cicatrisée. Son salut, elle le doit aujourd’hui à l’écriture. Un don inculqué par son père, jadis instituteur. Depuis, elle n’a de cesse décrire et de «créer», toujours des histoires qui rappellent étrangement son mal, mais un mal parfois commun à tous les Algériens. C’est alors que les souffrances de Maïssa se diluent dans la beauté du mot, la précision du verbe. L’amour de la littérature tout simplement, y compris française, ce butin de guerre cher à un autre grand écrivain, Kateb Yacine. Cette culture «plurielle» n’est-ce pas ce qui nous constitue finalement? Aussi, depuis 1996, cette femme de Sidi Bel Abbès n’arrête pas d’écrire, en français. Des nouvelles, des romans, des récits. Certains sont adaptés sur les planches grâce à un ami français, Jean-Marie Lejude qui a pris l’habitude d’adapter ses textes en pièces de théâtre. Ce sera idem pour ce dernier roman Pierre, sang, papier ou cendre, qui remonte le fil du temps pour évoquer 132 années de spoliation de terres, de tortures, de violence, d’exactions, de déculturation, de négation du droit. Un roman fait de «sang», de «cris», et de «lamentations» à l’égard du peuple algérien. Mais aussi de «désirs et de rêves nés d’histoires parfumées, d’épices enivrantes, d’histoires saupoudrées d’exotisme...On appelle cela Désir d’Orient». Un roman, sur «les bienfaits de la colonisation» de cette Madame Lafrance qui a «remodelé cette terre (l’Algérie) à son image» et raconté par le regard de cette innocente sentinelle : Un enfant.
«L’enfant marche dans les rues du village.
Partout, partout la mort a laissé son empreinte.
L’enfant court.L’enfant retourne aux champs.
Il se cache au milieu des herbes.
Rouge. Rouge, le sang des coquelicots.
Jaune. Or des jonquilles...»
Alors, les peurs et les hésitations écartées, ce texte, appuyé de recherches approfondies, de quête historique, d’inspiration fortement poétique, dans l’esprit et dans la forme, une première pour Maïssa Bey, est né. Apres trois ans de préparation et de maturation. Il s’appellera Pierre, sang, papier ou cendre, un titre qu’elle doit à Paul Eluard. Un ouvrage saisissant aussi, dont le texte est écrit, précise Maïssa Bey pour la campagne L’oeil du Tigre (Reims). Il a été créé sous le titre de Madame Lafrance, au théâtre Nouveaux relax de Chaumont, en février 2008. Une adaptation et mise en scène par Jean-Marie Lejude avec comme comédiens, Fatima Aïbout et Lahcen Razzougui et comme accompagnement musical, un accordéon signé Eric Proud, sur une scénographie de Thierry Vareille.
Avec ce nouveau roman, Maïssa Bey gagne effectivement en intensité et en lumière. Autant qu’en force poétique. Ses mots sonnent comme un vent, hissant le voile d’un bateau prêt à se lancer dans mille batailles...
Comme avant-goût, voici cet extrait: «Elle avance. Droite, fière, toute de morgue et d’insolence, vêtue de probité candide et de lin blanc, elle avance. C’est elle, c’est bien elle, reconnaissable en ses atours.Tout autour d’elle, on s’écarte. On s’incline. On fait la révérence.
Elle avance, Madame Lafrance.Sur des chemins pavés de mensonges et de serments violés, elle avance.Claquez pavillons! Aux armes, citoyens! Formez vos bataillons, en rangs serrés:Tous derrière elle! Et vous, peuplades barbares, écartez-vous, prosternez-vous!» Le ton est donné. Tranchant. Aiguisé. Un livre impitoyable, à lire, celui d’une femme apaisée, qui se réconcilie enfin avec l’autre et soi-même. Grâce à l’écriture... Ecoutons-la.


L’Expression : Vous venez de publier aux Editions Barzakh, un nouveau livre sorti aussi en France, intitulé Pierre, sang, papier ou cendre qui évoque 132 ans de colonisation, qui retrace l’histoire de l’Algérie de 1830 à 1962. L’histoire se veut donc antérieure à votre roman Bleu, blanc, vert qui, lui, retraçait l’histoire de l’Algérie de 1962 à 1992. Je crois savoir que ce livre devait être à l’origine une pièce de théâtre sur les bienfaits de la colonisation. Qu’est -il vraiment?
Maïssa Bey : Le fait que j’avance dans l’histoire à rebours, pas exactement dans le sens chronologique, c’est parce que dans Bleu, blanc, vert je reviens sur la période post-indépendance (1962-1992). J’ai essayé donc d’éclairer notre présent à la lumière de cette histoire-là. Je me suis rendu compte qu’il fallait aller plus loin, creuser encore plus pour savoir de quoi nous sommes faits et construits. A la suite d’un entretien avec un metteur en scène qui monte tous mes livres au théâtre, qui s’appelle Jean-Marie Lejude, dont Entendez-vous dans les montagnes qui a été joué ici au Centre culturel français d’Alger, nous discutions un jour, en 2005, après la promulgation de la loi du 23 février sur les bienfaits de la colonisation. Il me dit: «Ecoute, Maïssa tu devrais écrire quelque chose sur "ces bienfaits"». Il voulait montrer ce qu’était réellement la colonisation
L’Expression : Vous avez, au départ, je suppose, rejeté la proposition.
Maïssa Bey : Oui, tout à fait car je ne suis pas historienne et je ne voulais pas revenir sur cette période...Il est revenu à la charge au moment où des écrivains africains, français et autres réagissaient à cette loi et au discours de Sarkozy à Dakar. J’ai pensé qu’il fallait quand même, nous, Algériens réagir à elle, nonobstant les journalistes et autres historiens. Je me suis demandé comment, moi romancière, je pourrais écrire quelque chose sur le sujet. Une lettre ouverte n’aurait pas suffi et n’aurait pas eu l’impact escompté. J’ai donc essayé d’imaginer dans quelle mesure je pouvais rentrer dans cette histoire-là, mais d’un point de vue d’écrivain et non d’historienne. Je voulais revenir sur la réalité, sur le fait colonial lui-même. Et comment revenir sur le fait colonial autrement qu’en essayant d’imaginer la vie quotidienne en ce temps. Imaginer un personnage confronté à cette réalité coloniale. Il s’agissait pour moi d’imaginer un enfant..
L’Expression : Pourquoi le regard d’un enfant?
Maïssa Bey : Le regard d’un enfant est important et intéressant. D’abord parce qu’il est porteur d’innocence. Parce qu’un enfant se pose des questions que des adultes ne se posent plus ou ne savent plus se poser. Aussi, je me méfie du mot vérité, car s’agissant de la colonisation, elle reste chez nous, toujours tributaire du subjectif, du vécu.
L’Expression : Cela a été dur de recouper tous ces faits historiques et de se documenter autour de la question coloniale.
Maïssa Bey : Cela a été surtout très long. Je croyais connaître l’histoire de l’Algérie. Je connaissais les faits les plus marquants, certaines dates, mais quand je me suis replongé dans cette histoire, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses que je ne connaissais pas. Donc j’ai essayé, à travers ce regard d’enfant, de voir d’abord quel était l’effet de la colonisation sur le peuple algérien, l’individu et non pas la masse comme on le considère de manière générale historiquement.
L’Expression : Vous avez, dans ce livre, évoqué ce que la France a laissé en vous comme empreintes..
Maïssa Bey : Il y a une tendance à faire l’impasse sur des choses qui nous ont constitués. Par exemple, aujourd’hui, on parle de colonisation française, mais je suis et je le répète, un produit de cette colonisation, ne serait-ce que par l’emploi de la langue française dans laquelle j’écris, je m’exprime, la langue dans laquelle j’ai appris à être, je suis, voilà. Ce sont des choses que je ne veux pas nier. Beaucoup de gens en France n’ont pas encore digéré d’avoir perdu l’Algérie. Je dis, certaines personnes n’ont pas encore accepté la réalité historique. Ce sont là des faits pervers de la colonisation. Je cite quelques exemples : Les ponts, les routes, les hôpitaux etc. On nous dit, voilà ce que la France a laissé. Or, ce n’était pas pour les «indigènes». Parce que c’était un territoire français et il fallait qu’il y ait l’architecture d’un territoire français. Cela n’a pas été fait pour le bien des indigènes, mais celui des Français. Il se trouve qu’aujourd’hui, ce pays n’est plus la France. Il y a même des gens qui me disent aussi: imaginez si la colonisation française n’avait pas eu lieu, que serait l’Algérie d’aujourd’hui? Je leur réponds : Elle se serait forgée, peut-être difficilement, peut-être avec un certain retard, par rapport, entre guillemets, aux démocraties occidentales mais moins douloureusement. Elle aurait une réalité, une culture, une histoire, des racines qui nous seraient propres et personnelles. Alors qu’aujourd’hui, on est faits de tous ces fragments qu’on essaie de bien rassembler pour constituer un Algérien.
L’Expression : C’est un peu provocateur ce terme «Madame la France»..
Maïssa Bey : Je n’ai rien inventé. C’est un terme qui existait et que beaucoup employaient ici. Quand on considère les représentations picturales ou les statuts, la France s’est toujours représentée sous des traits féminins. C’est une allégorie que je n’ai pas inventée et que j’ai reprise, bien sûr, avec cette dose d’ironie qui est nécessaire pour faire passer le propos.
L’Expression : Comment ce livre a-t-il été perçu depuis sa sortie en France?
Maïssa Bey : Beaucoup m’ont dit que c’est un livre nécessaire. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire de ce pays. Quand ils ont découvert, par exemple, à travers les yeux de cet enfant les répercussions du Code de l’indigénat sur le quotidien des Algériens, il y a des gens qui m’ont dit: «Nous ne savons pas. Nous avons lu des livres d’histoire, mais nous n’arrivions pas à visualiser. Tandis que là, c’est l’enfant qui raconte cette privation de liberté que représente cette entreprise d’acculturation qu’est le Code de l’indigénat. C’est raconté au quotidien par un enfant.» Cela rend les choses beaucoup plus proches. D’autres me disent aussi, c’est ce que nous retrouvons dans vos livres. Il n’y a pas de haine, mais il n’y a pas de pardon non plus.Cela se traduit aussi par la forme d’écriture, nouvelle chez vous, et la veine poétique dans laquelle vous avez puisé pour transmettre cette histoire.Le côté poétique est un parti pris. Quand j’ai entrepris ce texte qui est quand même assez ambitieux, je me suis dit que je n’avais pas droit à l’erreur. D’abord au plan historique.Il fallait que tous les faits historiques soient vérifiés. La deuxième chose, c’était sur le plan de l’écriture parce que dire des choses atroces telles qu’elles se sont passées, le napalm, les tortures, c’est horrible! Je ne pouvais pas les décrire comme elles se sont déroulées. Il fallait transcender cela par l’écriture. Vous savez, quand on lit des tragédies grecques où il y a les pires des choses qui se passent, les parricides, les matricides, etc. et pourtant, c’est très beau parce que c’est de la littérature, c’est de la création. Je crois que c’est ça que j’ai gardé en tête durant toute la rédaction de ce texte.
L’Expression : On ne peut faire l’impasse sur cette question. Récemment, s’est tenu le Salon international du livre de Paris qui a été consacré au 60e anniversaire d’Israël. Il se trouve que vous êtes un des rares écrivains algériens à ne pas avoir boycotté ce Salon. Pourquoi ce choix? D’autant qu’avec ce livre, un peu brûlot, sorti donc à l’occasion du Salon - c’est un peu provocateur de votre part - Est-ce finalement votre réponse (ce livre) à vos détracteurs?
Maïssa Bey : J’ai toujours refusé de répondre à cette question. Car il y a des propos qui ont été rapportés et déformés sciemment. Je le sais. Mais comme vous le dites, c’est tout à fait ça. Ma réponse est que je suis écrivaine. Ma seule réponse, c’est ce livre-là.
Propos recueillis par O. HIND

dimanche 11 mai 2008

Boualem Sansal : Le village de l'allemand ou le journal des frères Schiller Gallimard janvier 2008

Boualem Sansal : Le village de l'Allemand ou le journal des frères SchillerCe livre est-il vraiment basé sur une histoire authentique, comme l'affirme son auteur ? Son propos se résume-t-il vraiment à vouloir comparer l'islamisme au nazisme ?

À la première interrogation, je réponds sans hésiter que ça n'a aucune espèce d'importance. Que ce soit vrai ou pas n'enlève ni n'ajoute rien au roman. Par contre, pourquoi Sansal a-t-il besoin de cette affirmation non démontrée pour présenter son roman ?

À la seconde question, je dois dire que je me suis demandé, tout au long de la lecture de ce roman, si je lisais bien le même ouvrage que tous ces auteurs des commentaires divers et variés s'étalant à longueur de colonnes sur cette similitude entre islamisme et nazisme et s'indignant avec force, dans un débat passionné auquel Boualem Sansal prête le flanc, comme le montrent les deux vidéos que l'on peut visionner à la suite de cet article. À croire que lui-même passe à côté de son propos !

Chacun jugera, mais j'ai tendance à penser que cette histoire n'a rien à gagner à l'exagération, à la caricature, sinon une certaine conception du marketing, si loin des ambitions littéraires. Si le village de l'Allemand existe vraiment, pourquoi ne pas le nommer ? Pourquoi l'avoir appelé Aïn Deb (la source de l'âne) et se contenter, sans autre précision, affirmer y être allé, il y a vingt ans et avoir découvert cette histoire assez incroyable ? Jusqu'à présent, aucune recherche n'a abouti... De la même façon, asséner que de nombreux nazis étaient venus gonfler les rangs de l'ALN, sans fournir de chiffres vérifiables, est quand même un peu court, lorsque l'on touche à des questions aussi sensibles. J'aimerais bien lire l'avis des historiens sur ces questions.

Je m'en tiens donc à ce que j'ai lu, en mettant de côté ce qui a envahi la scène médiatique, puisque c'est d'un roman que l'on parle. Nous entrons dans cette histoire par le biais de deux journaux écrits par deux frères : Rachel, l'aîné et Malrich, le plus jeune. En fait chaque chapitre est constitué de l'un ou de l'autre des deux journaux. Les deux frères sont nés d'un père allemand, Hans, et d'Aïcha, une mère algérienne. Ils vivent en France, chez un oncle, alors que leurs parents sont restés au pays.
Rachel (contraction de Rachid et Helmut), cadre aisé dans une grande multinationale, découvre que son père a servi dans l'armée allemande, dans les camps d'extermination, lors de la seconde guerre mondiale et a rejoint, plus tard, les combattants de l'ALN, lors de la guerre de libération en Algérie. Marié à Aïcha, converti à l'islam, le moujahid Hassan a des enfants et devient le cheikh respécté du village d'Aïn Deb.
Lors de la décennie noire, le village est massacré et les frères Schiller perdent leurs parents. C'est à cette occasion que Rachel qui est allé au bled découvre une boîte qui contient le terrible secret. À l'aide des documents qui s'y trouvent, Rachel refait le chemin accompli par son père pour comprendre. Il va être totalement détruit.
Son frère Malrich (contraction de Malek et Ulrich), sorti très vite du système éducatif et vivant de petits trafics, habite chez son oncle Ali et sa tante Sakina, en banlieue parisienne. Il découvrira ce terrible secret à la mort de son frère, suicidé un 24 avril comme ses parents pour expier des crimes de son père. Il fera lui aussi, à sa façon le chemin suivi par son père et éprouvera aussi la culpabilité. Il reste le plus positif des deux : « un jour je retournerai… et je raconterai l'histoire de Hans… je dois dire la vérité, dans la tête des enfants, elle fera son chemin ».

C'est sur ce fond tragique que Sansal aborde les questions sensibles :- le parallèle entre l'islamisme et le nazisme,- la culpabilité des descendants des criminels de guerre,- la Shoah,- la situation des banlieues françaises dans lesquelles vivent notamment des Algériens et des beurs rejetés par la France et livrés aux activistes islamistes.

L'auteur force le trait sur ce rapprochement entre islamisme et nazisme. Il a tort car en caricaturant, il décrédibilise son propos. Les cités quelles que soient les difficultés ne sont pas des camps de concentration, pas plus que l'Algérie, même si on ne peut que souhaiter une vie meilleure au peuple algérien. Ceci étant dit, ces aspects sont très loin d'être l'essentiel du roman qui est plutôt à chercher dans une étude minutieuse de la culpabilité vécue par les deux frères, chacun à leur façon. Voici, par exemple ce que dit Rachel : « Se découvrir le fils d'un bourreau est pire que d'avoir été soi-même un bourreau. Le bourreau a ses justifications, il s'abrite derrière un discours, il peut nier, il peut crâner, revendiquer son crime, que dis-je son ministère, et affronter fièrement la potence, il peut se cacher derrière ses ordres, il peut se sauver, changer d'identité, se construire de nouvelles justifications, il peut s'amender, il peut tout.Mais le fils, que peut-il, sinon compter les crimes de son père et traîner le boulet sa vie durant ? (...) Tu n'avais pas le droit de vivre, tu n'avais pas le droit de nous donner la vie, cette vie je n'en veux pas, elle est un cauchemar, une honte indélébile. Tu n'avais pas le droit de fuir, papa. (...) Hans Schiller, sois maudit ! » On peut regretter que cette analyse s'arrête à l'individu et que Boualem Sansal ne traite, à aucun moment, le problème sous l'angle du collectif. Il y avait là, l'occasion de donner plus de force encore à son roman.


Par contre, à travers Rachel, Sansal décrit, avec une minutie louable, les mécanismes de l'extermination des juifs. De ce point de vue, son roman trouve un souffle impressionnant et permet de rendre tout à fait crédible la démarche de Malrich qui, à son tour, va se saisir de cette histoire pour se hisser à un niveau de conscience remarquable, eu égard à son parcourt chaotique.

Enfin, même si je souligne la qualité de ce récit, je n'ai pas retrouvé le Sansal qui m'a ébloui avec Le serment des barbares et Harraga. Son style est plus sobre et ne donne pas lieu aux grandes chevauchées auxquelles il nous a habitués.

En résumé, c'est un bon roman, mais pas le meilleur de ceux qu'il a écrit.

Deux vidéos de l'interview de Boualem Sansal
accordée au Nouvel Observateur