Un premier film fort et juste
Un film inspiré par des faits réels
|
L'affiche du film
de Mohamed Diab (Egypte)
|
Les Femmes du Bus 678 ne reprend que des faits réels. Tous les exemples de harcèle-ment sexuel montrés dans le film sont inspirés de témoignages d'agresseurs, recueillis par le réalisateur. Ce dernier s'est surtout inspiré de l'affaire
Noha Rushdi en 2008, qui représente le premier procès pour harcè-lement sexuel en Égypte. Victime agres-sée par un inconnu dans les rues égyptiennes, cette femme a été la première à oser affronter son agresseur et porter plainte contre lui. Elle a finalement réussi à le faire condamner à trois ans de prison.
Mohamed Diab aborde cette affaire dans la partie du film qui concerne le personnage de Nelly, interprété par
Nahed El Sebaï :
"Quand j'ai commencé le script, Noha Rushdi ne voulait plus parler aux médias ; je ne l'ai rencontrée que plus tard, elle a vu le film chez moi, elle était très émue", confie-t-il.
L'histoire
|
De gauche à droite Nelly, Seba et Faïza |
Trois femmes, magnifiques, issues de milieux sociaux différents, subissent la loi des hommes, sont harcelées chaque jour et ne supportent plus le machisme et l'impunité masculine. Chacune à leur manière, elles décident de se battre, de refuser les mains aux fesses, les frottements appuyés dans le bus, les viols impunis, le dictat familial.
Elles choisiront chacune leur façon de lutter, mais se trouveront réunies, solidaires.
|
Seba et Essam, le commissaire de police
|
Seba, célibataire, issue de la classe aisée égyptienne, donne des cours d'autodéfense à destination des femmes harcelées. Elle a échappé de peu au viol, lors d'un match de football.
|
Faïza dans le bus 678 |
C'est lors de l'une de ses séances d'information qu'elle fera connaissance de Faïza, la plus modeste des trois, mariée à un militaire et mère de deux enfants. Elle porte le voile et prend le bus tous les jours pour aller travailler dans une agence notariale. Elle n'en peut plus et malgré les difficultés financières, décide de prendre, un temps, le taxi pour fuir les assauts masculins.
|
Nelly est issue de la classe moyenne |
Nelly est la plus virulente (dans la réalité c'est
Noha Rushdi ). Elle porte plainte et entend bien aller au bout de sa démarche, malgré les pressions familiale. Elle est fiancée avec
Omar qui la soutient, mais ne veut pas trahir l'honneur des deux familles. Il a du mal à se situer et tout au long du film, est interpellé par Nelly qui "ne lâche rien". Nous assistons à son long cheminement.
Troisième personnage important du film, le commissaire Essam va mener l'enquête sur les agressions à l'encontre des hommes entreprenants du bus 678. Il va jouer un rôle déterminant auprès des trois femmes.
Mohamed Diab réussit un premier film très juste et sans pathos. Il signe un film courageux qui lui a déjà valu quelques agressions. Il souligne avec force un problème récurrents que vivent les femmes égyptiennes et mets le doigt sur le poids de la culture arabe. Au travers des différents personnage, il montre bien combien les préjugés pèsent, y compris sur les plus progressistes.
|
Faïza |
Le combat que mènent les femmes égyptiennes est essentiel et le réalisateur montre bien que ce sont elles, et elles seules, qui changeront leurs destins et qui entraîneront une réflexion plus globale sur la société. Le poids des "traditions" pèsent, quel que soit le milieux social, et l'on est surpris de constater que même les femmes les plus avancées vivent des contradictions très importantes. Le poids de la famille est très important et il freine considérablement les évolutions.
Ce film, antérieur au printemps arabe, est essentiel et il faut le voir absolument. Les cinéphiles y trouveront quelques maladresses. Mais là n'est pas l'important.
Mohamed Diab a choisi une fin optimiste, annonciatrice de l'espoir né du printemps arabe. La place Tahir est aussi celle des femmes !