samedi 30 juin 2012

Les Femmes du Bus 678 - Mohamed Diab - mai 2012

Un premier film fort et juste

Un film inspiré par des faits réels

L'affiche du film
de Mohamed Diab (Egypte)
Les Femmes du Bus 678 ne reprend que des faits réels. Tous les exemples de harcèle-ment sexuel montrés dans le film sont inspirés de témoignages d'agresseurs, recueillis par le réalisateur. Ce dernier s'est surtout inspiré de l'affaire Noha Rushdi en 2008, qui représente le premier procès pour harcè-lement sexuel en Égypte. Victime agres-sée par un inconnu dans les rues égyptiennes, cette femme a été la première à oser affronter son agresseur et porter plainte contre lui. Elle a finalement réussi à le faire condamner à trois ans de prison. Mohamed Diab aborde cette affaire dans la partie du film qui concerne le personnage de Nelly, interprété par Nahed El Sebaï : "Quand j'ai commencé le script, Noha Rushdi ne voulait plus parler aux médias ; je ne l'ai rencontrée que plus tard, elle a vu le film chez moi, elle était très émue", confie-t-il.

L'histoire 


De gauche à droite Nelly, Seba et Faïza
Trois femmes, magnifiques, issues de milieux sociaux différents, subissent la loi des hommes, sont harcelées chaque jour et ne supportent plus le machisme et l'impunité masculine. Chacune à leur manière, elles décident de se battre, de refuser les mains aux fesses, les frottements appuyés dans le bus, les viols impunis, le dictat familial.

Elles choisiront chacune leur façon de lutter, mais se trouveront réunies, solidaires.

Seba et Essam, le commissaire de police
Seba, célibataire, issue de la classe aisée égyptienne, donne des cours d'autodéfense à destination des femmes harcelées. Elle a échappé de peu au viol, lors d'un match de football.


Faïza dans le bus 678
C'est lors de l'une de ses séances d'information qu'elle fera connaissance de Faïza, la plus modeste des trois, mariée à un militaire et mère de deux enfants. Elle porte le voile et prend le bus tous les jours pour aller travailler dans une agence notariale. Elle n'en peut plus et malgré les difficultés financières, décide de prendre, un temps, le taxi pour fuir les assauts masculins.

 
Nelly est issue de la classe moyenne
Nelly est la plus virulente (dans la réalité c'est Noha Rushdi ). Elle porte plainte et entend bien aller au bout de sa démarche, malgré les pressions familiale. Elle est fiancée avec Omar qui la soutient, mais ne veut pas trahir l'honneur des deux familles. Il a du mal à se situer et tout au long du film, est interpellé par Nelly qui "ne lâche rien". Nous assistons à son long cheminement.

Troisième personnage important du film, le commissaire Essam va mener l'enquête sur les agressions à l'encontre des hommes entreprenants du bus 678. Il va jouer un rôle déterminant auprès des trois femmes.

Mohamed Diab réussit un premier film très juste et sans pathos. Il signe un film courageux qui lui a déjà valu quelques agressions. Il souligne avec force un problème récurrents que vivent les femmes égyptiennes et mets le doigt sur le poids de la culture arabe. Au travers des différents personnage, il montre bien combien les préjugés pèsent, y compris sur les plus progressistes.
 

Faïza
Le combat que mènent les femmes égyptiennes est essentiel et le réalisateur montre bien que ce sont elles, et elles seules, qui changeront leurs destins et qui entraîneront une réflexion plus globale sur la société. Le poids des "traditions" pèsent, quel que soit le milieux social, et l'on est surpris de constater que même les femmes les plus avancées vivent des contradictions très importantes. Le poids de la famille est très important et il freine considérablement les évolutions.

Ce film, antérieur au printemps arabe, est essentiel et il faut le voir absolument. Les cinéphiles y trouveront quelques maladresses. Mais là n'est pas l'important. Mohamed Diab a choisi une fin optimiste, annonciatrice de l'espoir né du printemps arabe. La place Tahir est aussi celle des femmes !

vendredi 2 septembre 2011

Le Monde : Alger est prêt à reconnaître le CNT libyen

Alger est prêt à reconnaître le CNT libyen
LEMONDE.FR avec AFP | 01.09.11 | 11h17 • Mis à jour le 01.09.11 | 14h48
Mourad Medelci, le ministre des affaires étrangères algérien,
à Sarajevo, en décembre 2010.AFP/ELVIS BARUKCIC

jeudi 1 septembre 2011

El Watan : Alger refuse l’entrée à El Gueddafi

Il voulait franchir la frontière
Alger refuse l’entrée à El Gueddafi
le 01.09.11 | 01h00
El Gueddafi, qui se trouverait à Ghadamès (Libye) en compagnie du reste de sa famille, aurait tenté de négocier avec les autorités algériennes son passage à la frontière. Le leader libyen a tenté de joindre par téléphone le président Bouteflika qui aurait refusé de prendre la communication.
Selon des sources proches de la présidence de la République, Mouammar El Gueddafi se trouverait à Ghadamès en compagnie du reste de sa famille, il aurait tenté de négocier avec les autorités algériennes son passage à la frontière et pénétrer sur le territoire national.«El Gueddafi a tenté de joindre par téléphone le président Bouteflika qui a refusé de prendre la communication. Ainsi, un conseiller du Président s’est excusé auprès du leader libyen, prétextant que le président était absent et occupé par les derniers événements survenus sur le territoire national», confie notre source à la présidence. Allusion faite au double attentat kamikaze de Cherchell. «Ce n’est pas la première fois qu’El Gueddafi et quelques-uns de ses émissaires ont tenté d’entrer en contact avec le Président pour d’éventuelles négociations, mais la position algérienne est claire et neutre et nous refusons de nous immiscer dans les affaires internes libyennes», ajoute notre source.


Concernant les conditions de l’entrée de la famille El Gueddafi en Algérie, notre source est formelle : «Pensez-vous que le CNT n’est pas au courant du passage de la famille El Gueddafi en Algérie ? Je puis vous assurer que tout cela s’est fait avec l’accord et les assurances de certains membres du Conseil de transition libyen. Aujourd’hui, nous essuyons les critiques acerbes de ce même CNT. Sans l’aide et le consentement du CNT lui-même, la famille El Gueddafi n’aurait jamais atteint les frontières.»

Concernant le sort du leader libyen, les autorités algériennes seraient inquiètes quant à la possibilité que Mouammar El Gueddafi ne s’allie avec AQMI pour sa survie, «son dernier recours». D’autant que l’Algérie vient d’annoncer l’arrivée de plus de 400 Touareg qui ont fui la rébellion libyenne.
Zouheir Aït Mouhoub

Le Figaro : «Le régime algérien fait preuve de myopie» - B. Stora

«Le régime algérien fait preuve de myopie»
Benjamin Stora, spécialiste de l'Algérie.
Crédits photo : Paul DELORT/Le Figaro

Pour Benjamin Stora*, universitaire spécialisé sur le Maghreb, les dirigeants algériens donnent l'impression de ne pas tenir compte de la nouvelle donne géopolitique.

LE FIGARO Comment expliquez-vous l'ambiguïté du pouvoir algérien à l'égard du conflit libyen?
Benjamin STORA Elle n'est pas le produit d'une doctrine clairement définie au sommet de l'État. Elle révèle plutôt des atermoiements, des peurs dissimulées sur la conduite à suivre. Il y a aussi des raisons historiques. La matrice culturelle du régime algérien a peu changé depuis l'époque Boumediene. Le fer de lance de la diplomatie algérienne, c'est encore en grande partie l'anti-impérialisme des années 1970. Cela peut paraître difficile à croire, mais les dirigeants algériens donnent l'impression de ne pas tenir compte de la nouvelle donne géopolitique, qu'il s'agisse de la chute du mur de Berlin, de la fin de la guerre froide, de l'élection de Barack Obama… Ils analysent les relations internationales à l'aune de critères révolus, ils se veulent en quelque sorte fidèles à un monde disparu et du même coup font preuve de myopie. À cela s'ajoute la personnalité du président Bouteflika, qui a été longtemps le chef de la diplomatie de Boumediene et qui, à ce titre, a très bien connu Kadhafi. Même si les deux hommes ont eu des différends importants ces derniers temps, en particulier sur les rébellions sahariennes, ils appartiennent à la même génération de combat politique. Le deuxième facteur qui explique cette ambiguïté, c'est un nationalisme exacerbé qui rejette le principe du droit d'ingérence. Enfin, un certain nombre de responsables algériens redoutent que ce printemps arabe ne fasse le jeu d'un islam radical qu'ils ont combattu tout au long des années 1990.
Mais la chute de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi et bientôt peut-être de Bachar el-Assad a de quoi ébranler les dirigeants algériens…
Il est clair que le pouvoir est divisé sur la conduite à adopter. Le courant conservateur tient la corde, mais il ne représente pas forcément l'armée. Il y a des islamo-conservateurs ou de vieux nationalistes arabes qui sont toujours au pouvoir, qui s'accrochent au passé et qui ne comprennent pas les aspirations aux changements de la jeunesse arabe, en particulier de la jeunesse berbère, nombreuse, éduquée et à l'affût des bruits du monde.
L'Algérie peut-elle échapper au printemps arabe?
Pour la plupart des Algériens, les réformes promises régulièrement par le gouvernement relèvent de l'effet d'annonce. Face à l'immobilisme du régime, il y a une aspiration très forte au changement. Mais le rythme de ce changement ne sera pas le même. Les Algériens ont déjà beaucoup donné dans le passé. La guerre d'indépendance, le printemps berbère, l'instauration du multipartisme en 1988… Le traumatisme de la guerre civile des années 1990 pèse toujours sur la société algérienne. Les Algériens savent aussi par expérience que la chute d'un chef d'État n'entraîne pas forcément la chute de l'appareil qui le soutient. C'est encore plus vrai en Algérie, où le pouvoir est beaucoup plus opaque, complexe et sophistiqué qu'ailleurs à cause notamment de la manne pétrolière, des groupes d'intérêts qui en vivent et du clientélisme qu'elle génère. Et puis l'Algérie est un grand pays, cinq fois la France, 36 millions d'habitants contre moins de 8 millions en Libye. Un espace immense et une population hétérogène qui se compose de Sahariens, de Mozabites, de Kabyles, d'Algérois, d'Oranais qui ne marchent pas forcément du même pas. En outre, l'Algérie est un pays très riche et le pouvoir dispose de ressources financières considérables de nature à empêcher qu'un mouvement de revendications sociales ne se transforme en contestation politique. Malgré cela, les Algériens sont de plus en plus choqués par la répression en Syrie, suivent avec intérêt le processus de démocratisation en Tunisie, et craignent également un possible isolement de leur pays sur la scène internationale. Comment, dans ces conditions, ne pas croire à un changement démocratique en Algérie?
*Auteur de Le 89 arabe, réflexions sur les révolutions en cours, aux Éditions Stock

mercredi 31 août 2011

Le Monde : LIBYE – Une filiale de Bull fournissait à Kadhafi des équipements de surveillance du Web

LIBYE – Une filiale de Bull fournissait à
Kadhafi des équipements
de surveillance du Web

30 août 2011

Page d'accueil du site d'Amesys

Le Wall Street Journal est entré dans les locaux des services du renseignement libyen, chargés de surveiller les conversations des opposants, et y a fait une intéressante découverte. Le logo d'Amesys, entreprise française filiale de Bull, trône sur les manuels d'utilisation des ordinateurs abandonnés à la hâte et sur une affiche portant le délicat message : "Aidez à garder nos affaires classifiées secrètes. N'en parlez pas à l'extérieur du QG."

Dans ces locaux, le WSJ a trouvé plusieurs fichiers contenant des conversations téléphoniques et des chat entre opposants, ce qui ne laisse aucune doute sur la nature des activités menées sur place. Amesys a notamment fourni un système baptisé "Eagle" qui permet d'intercepter des courriers électroniques transitant sur les messageries Hotmail, Yahoo! et Gmail et de surveiller les conversations sur les messageries instantanées (MSN ou AIM). Amesys détaille d'ailleurs toutes les fonctionnalités de sa machine dans une plaquette sur son site.

Selon le WSJ, début 2011, des dirigeants libyens ont à nouveau approché Amesys pour augmenter leurs capacités de filtrage d'Internet. Pourtant seuls 100 000 Libyens sur une population de 6 millions utilisent Internet. Le WSJ cite de nombreuses conversations interceptées grâce à ce sysème. Interrogé par l'AFP, le groupe Bull a indiqué qu'il ne faisait "aucun commentaire" sur cette information. Amesys n'a de son côté répondu à aucune des demandes d'entretien du Monde.fr.

Dans son article, le WSJ pointe également d'autres sociétés, comme une filiale du constructeur aéronautique américain Boeing, Narus, spécialisée dans les logiciels de protection contre les cyberattaques. L'équipementier chinois en télécommunications ZTE aurait également vendu sa technologie au régime libyen pour des opérations de surveillance. Une entreprise sud-africaine, VASTech, aurait fourni du matériel d'écoutes téléphoniques.

El Watan : Après la fermeture du pont Sidi Rached

Après la fermeture du pont Sidi Rached

Le parking à étages vidé de ses abonnés

le 30.08.11 | 01h00


La légèreté dont l’APC a fait preuve, concernant l’interdiction de stationnement dans certaines artères, a poussé les automobilistes à bouder cette infrastructure à cause du calvaire de la circulation.

Déçu par la non-application du nouveau plan de circulation initié par une commission issue de l’APC, suite à la fermeture du pont Sidi Rached, Abdelmoula, le gérant du parking à étages de l’avenue des Frères Zaâmouche, fort touché, car son établissement en a subi de graves conséquences. Contacté par téléphone, il nous a déclaré : « Grâce à la médiatisation consacrée à la sensibilisation des citoyens pour accepter le nouveau plan et pour une meilleure adaptation, le premier jour de son application, nous avons enregistré une augmentation du nombre d’abonnés. Le tiers (30 %) du parking a été occupé, une première du genre depuis son ouverture.

Mieux encore, avant l’application du nouveau circuit, plusieurs citoyens m’ont contacté afin de réserver une place, malheureusement, les choses ont mal tourné les jours suivants. Profitant de la légèreté dont la commune a fait preuve pour ce qui de l’interdiction du stationnement au centre-ville ainsi que dans d’anciens parkings à l’exemple de celui de la placette Tatache Belkacem et de la Rue Larbi Ben Mhidi, ces même citoyens se sont excusés de ne pouvoir s’abonner. Raison de plus qu’un nouveau parking sauvage a été par la force des choses aménagé à l’avenue Zaâbane (la rue menant de la place du 1er Novembre 1954 au pont Sidi Rached)».

Selon notre interlocuteur, la majorité des utilisateurs, afin d’échapper au calvaire de la circulation qui peut s’étaler sur plus de deux heures, avant l’arrivée à son parking, préfèrent stationner carrément au centre-ville, tant qu’il n’existe aucune interdiction. Face à ce blocus, Abdelmoula n’hésite pas à exprimer son désarroi en affirmant : «La commune de Constantine considère ce projet comme déficitaire, la situation actuelle me laisse penser à d’autres solutions, six mois après sa mise en marche, je ne suis pas encore entré dans mes frais. C’est vraiment décourageant, notamment dans une ville peuplée comme celle-ci.»

Rappelons que cette infrastructure a été réalisée pour régler définitivement le problème du stationnement qui se pose avec acuité dans la capitale de l’Est, mais, nous fait savoir le gestionnaire, en sus des désagréments causés par la fermeture du pont Sidi Rached, l’APC, pourtant avertie depuis plusieurs mois, tarde à réparer le réseau d’assainissement au niveau des locaux commerciaux ainsi que celui de l’alimentation en eau. L’intervention des autorités locales pour mettre fin à l’anarchie est plus que jamais nécessaire, surtout que la situation s’aggrave de jour en jour, puisque des citoyens continuent de fuir les solutions apportées par la commission de l’APC, à l’exemple de certains chauffeurs de taxi et ceux de bus privés qui n’ont pas adhéré au nouveau plan de stationnement.
O. S. Merrouche

mardi 30 août 2011

Le Monde : L'Algérie se sent menacée par la révolution en Libye


L'Algérie se sent menacée par la révolution en Libye
| 30.08.11 | 10h55

Un combattant rebelle présente un montage photo montrant
le colonel Kadhafi déguisé en femme berbère, lundi 29 août,
à Tripoli. Zohra Bensemra / REUTERS
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Avec l'arrivée sur son sol de l'épouse et de trois enfants du colonel Kadhafi, l'Algérie va avoir du mal à démentir les accusations de collusion avec l'ancien régime libyen lancées par le Conseil national de transition (CNT). Officiellement, Safia, accompagnée de Mohammed, Hannibal et Aïcha, les moins influents des descendants de Mouammar Kadhafi, ont franchi la frontière algéro-libyenne lundi 29 août à 8 h 45, selon le communiqué du ministère algérien des affaires étrangères.

Peu auparavant, on apprenait la fermeture de la frontière entre l'Algérie et la Libye, longue de 2 000 km. Dès samedi, l'agence égyptienne Mena évoquait le passage, la veille, d'un cortège de Mercedes blindées, avec peut-être à bord d'un des véhicules le colonel Kadhafi, suscitant un démenti catégorique d'Alger.
Voilà qui ne va pas arranger les relations déjà exécrables entre le CNT et le pouvoir algérien. Les révolutionnaires libyens ont réclamé, lundi soir, que les membres de la famille Kadhafi réfugiés en Algérie leur soient livrés afin d'être jugés. Alger parle d'une mesure "humanitaire" et "transitoire".

Malgré la chute du régime Kadhafi, Alger n'a toujours pas reconnu l'organe politique de la rébellion libyenne, contrairement au rival marocain. Cette réticence exaspère le CNT, au point que son porte-parole militaire, le colonel Ahmed Omar Bani, a déclaré dimanche que les dirigeants algériens "devraient répondre un jour de leur attitude".

Alger a rappelé qu'il s'en tenait à une "stricte neutralité". C'est dans ce contexte de tension et d'accusations que le "premier ministre" libyen et le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, se sont rencontrés lundi au Caire, sans faire de déclaration.

PRÉVENTIONS ENVERS LA RÉVOLUTION LIBYENNE

Depuis la prise de Tripoli, Alger est sous forte pression. Les responsables du CNT n'ont pas oublié que l'Algérie – avec le Soudan, la Syrie et le Yémen – avait voté contre le soutien de la Ligue arabe à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait ouvert la porte à l'opération aérienne de l'OTAN. A plusieurs reprises, les rebelles ont accusé Alger de laisser passer des armes et des mercenaires à destination des forces pro-Kadhafi, voire d'en livrer via des vols nocturnes ou par bateau.

Même si ces accusations n'ont pas pu être prouvées, Alger n'a jamais caché ses préventions envers la révolution libyenne, qui a ouvert la porte à l'OTAN hors de sa zone d'action habituelle. Pour autant, le colonel Kadhafi n'a jamais été un ami de l'Algérie. "Les relations entre les deux pays sont très mauvaises depuis les années 1970", souligne Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

Les ambitions du Guide libyen dans le Sahel, où il s'était institué "protecteur" des rébellions touarègues au Mali et au Niger, ses ingérences dans le Grand Sud algérien et ses interventions pro-Polisario dans le dossier du Sahara occidental agaçaient au plus haut point les généraux algériens, qui considèrent ces zones comme leur arrière-cour.

Plus grave, le colonel Kadhafi a été accusé à plusieurs reprises par la presse algérienne de livrer des armes aux islamistes pendant la guerre civile des années 1990.

UN SOUTIEN PARADOXAL

Pour Akram Belkaïd, trois raisons expliquent ce soutien paradoxal du gouvernement algérien, en plus du traditionnel principe de non-ingérence respecté par Alger : "D'abord, c'est symptomatique d'un pays à l'arrêt, dont la diplomatie est paralysée par les luttes de clan en vue de la succession du président [Abdelaziz] Bouteflika. Ensuite, une partie du pouvoir algérien est vraiment persuadée que le CNT est infiltré par les islamistes. Enfin, ce régime est hostile à toute idée de changement, de démocratisation ou de révolution, encore moins par la violence." Pour rester à l'écart du vent de contestation qui souffle dans le monde arabe, le gouvernement algérien a dépensé sans compter depuis le début de l'année.

Parallèlement, le spectaculaire attentat, le plus meurtrier depuis des années, contre l'académie militaire de Cherchell, qui a causé la mort de seize officiers et de deux civils vendredi, confirme les craintes algériennes sur un regain du djihadisme.

Le communiqué de revendication d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) justifie d'ailleurs l'attaque par "les soutiens [d'Alger] au régime Kadhafi". Autre source de préoccupation : les informations faisant état de livraisons d'armes lourdes, depuis la Libye, vers les combattants d'AQMI installés au nord du Mali, près de la frontière algérienne. Sans compter les centaines de combattants touaregs, de retour au bercail après avoir combattu comme mercenaires au service du colonel Kadhafi.

"Avec l'OTAN en Libye et l'armée française présente en Mauritanie pour lutter contre AQMI, l'Algérie se sent assiégée", note Akram Belkaïd. La presse et les partis d'opposition algériens ne se sont pas privés de critiquer la pusillanimité du gouvernement. "L'Algérie se doit d'être aux côtés de la révolution libyenne", demande le Mouvement des droits et libertés (MDL). "Où est l'Algérie dans ce rendez-vous de l'Histoire ? Absente, prise de léthargie !", s'exclame le quotidien El Watan.

Paradoxalement, les attaques virulentes du CNT et le pillage, dans la nuit du 21 au 22 août, de l'ambassade d'Algérie à Tripoli risquent surtout de resserrer les rangs de l'opinion algérienne autour de son gouvernement.

Christophe Ayad

dimanche 28 août 2011

El Watan : Les médias publics font l’impasse sur l’information

Alors que des Algériens sont morts en nombre
Les médias publics font l’impasse sur l’information

le 28.08.11 | 01h00




L’information a fait le tour de l’Algérie. Toutes les chaînes satellitaires ont annoncé en boucle et à la minute près le double attentat-suicide commis contre la plus prestigieuse école militaire en Algérie.

C
haque chaîne a spéculé sur les circonstances de cet acte ignoble. Les récits divergent, le bilan diffère. Mais en Algérie, l’information n’a pas été diffusée ni sur les ondes des chaînes de radio ni par l’ENTV. Les autorités se sont murées dans le silence. Aucun communiqué d’aucune institution n’a été rendu public le soir même.
Aucun ministre n’a daigné sortir de sa réserve pour rassurer, et encore moins compatir à la douleur des familles touchées de plein fouet.
Ould Abbès, ministre de la Santé, le plus médiatisé, n’a pas jugé utile, cette fois-ci, de se rendre au chevet des victimes.
Dans les rues de la capitale, la discussion autour de l’attentat bat son plein. Certains «naïfs» guettaient encore l’Unique dans l’espoir d’avoir une version officielle de ce qui s’est réellement passé à l’Académie interarmes de Cherchell. Niet.
Ils n’auront aucun détail sur cet attentat kamikaze. «L’orpheline» n’a pas le feu vert du premier magistrat du pays pour diffuser l’information. Mieux encore, elle ne pouvait pas interrompre la cérémonie retransmise en direct de la Grande Mosquée d’Alger, tenue à l’occasion de la célébration de Leïlat El Qadr, où le chef de l’Etat procédait à la remise des prix aux lauréats du concours international de récitation et de psalmodie du Saint Coran.

Un Etat qui se respecte aurait dénoncé à travers tous les canaux de communication et ouvertement cet acte et affiché par la même son soutien et sa présence auprès des victimes et leurs familles.
Cela y va de la crédibilité même de l’Etat. L’information sécuritaire a de tout temps été l’objet de rétention et de black-out de la part des autorités, alors que les Algériens ont le droit de savoir ce qui se passe dans leur pays, il y va de leur sécurité.
Ce vendredi, le journal de 20 heures et celui de minuit ont fait l’impasse sur la mort de 18 Algériens. La radio en a fait de même. Le comble est que cette dernière donne l’information, connue pourtant de tous les Algériens, en se réfugiant derrière la revue de presse et citant l’information donnée par El Watan et El Khabar.

D’aucuns estiment que l’Etat se ridiculise en continuant à contrôler les médias lourds, au moment où l’Algérien peut avoir, au moindre coup, le monde à sa portée. La Télévision algérienne est une télévision d’Etat et non une télévision publique qui sert les Algériens. Hier, à 11h44, l’APS diffusait un communiqué laconique émanant du ministère de la Défense se limitant au nombre de morts et de blessés. Vers 14h, le même département rédige un autre communiqué où il donne un autre bilan de l’attentat, à savoir 18 morts (bilan donné la veille par notre journal) et s’incline à la mémoire des chouhada…
Une manière de dire aux Algériens, contentez-vous de cela et n’attendez surtout pas un communiqué de condoléances de la part du président des Algériens.
Nabila Amir

vendredi 26 août 2011

Maalouf au Théâtre SALLE JACQUES TATI de Saint Germain en laye

Mon ami Faouzi Abdennour (guitare et chant)
en concert

El Watan : Algérie-Libye



Le mauvais calcul d'Alger

le 26.08.11 | 01h00

Les silences de l’Algérie officielle sur les bouleversements en cours en Libye et la chute prochaine de Mouammar El Gueddafi sont devenus assourdissants.

Les partenaires de l’Algérie s’étonnent comment un pays assiste à l’accélération de l’histoire à ses frontières sans prendre d’initiative. A Alger, on préfère donner aux événements une lecture sécuritaire simpliste. On insiste sur la circulation des armes. Et on oublie l’essentiel. Si les frontières avec la Libye sont bien contrôlées, l’armée algérienne a suffisamment de moyens pour le faire, pourquoi craindre la circulation des armes ? Des armes et des explosifs ne circulent-ils pas assez dans le nord de l’Algérie ? Sinon comment expliquer l’enchaînement des attentats à l’explosif en Kabylie et à l’est du pays ? Aucun responsable algérien n’a donné d’explication sur cette situation. Donc, réduire la crise libyenne au risque sécuritaire n’est qu’une question accessoire. L’essentiel n’est-il pas la fin, peu glorieuse, d’une dictature de 42 ans ? Le colonel El Gueddafi, arrivé au pouvoir après un coup d’Etat et qui va finir par mordre la poussière après avoir traité ses opposants de «rats» et menacé de «brûler» la Libye, a, pendant longtemps, eu des rapports particuliers avec les responsables algériens, à commencer par l’actuel Président, ancien ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika.

A Alger, on s’est adapté sans complexe à la folie en montagnes russes du tyran de Tripoli. Les coups bas, nombreux, d’El Gueddafi n’ont pas changé cette situation. L’autoritarisme moyenâgeux du régime libyen arrangeait parfaitement «les affaires» du pouvoir algérien en crise cyclique de légitimité. Et aujourd’hui que la tête d’El Gueddafi est mise à prix par le Conseil national de transition (CNT) libyen, on se sent presque «solidaire» dans les palais d’Alger avec le colonel en fuite. On actionne les médias officiels, télévision et radio en tête, pour tenter de minimiser les événements historiques en Libye et faire diversion sur des questions secondaires, inévitables en pareilles circonstances, comme la fausse arrestation de Seïf El Islam El Gueddafi. Ces manipulations de médias, toujours fermés à l’expression libre, sont les signes d’une incapacité dramatique à adopter une stratégie de communication pouvant expliquer les positions algériennes par rapport aux événements en cours. Les responsables au ministère des Affaires étrangères ont fermé leurs portables pour ne pas répondre aux questions de la presse, d’autres font des déclarations dans l’anonymat. A l’image du chef de l’Etat, qui poursuit ses «auditions» informelles de ministres, comme si de rien n’était, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, est invisible. Introuvable. Aux dernières nouvelles, le chef de la diplomatie algérienne a été vu à Doha, au Qatar, où il a participé à une réunion ministérielle du comité de l’Initiative de paix arabe consacrée à l’examen de la question de la candidature de la Palestine en qualité d’Etat membre des Nations unies.

Donc, au lieu d’occuper le devant de la scène pour clarifier la curieuse position algérienne sur la fin de la dictature en Libye, M. Medelci tente de «remplir» son agenda comme il peut. Hier, il a enfin parlé, en déclarant au quotidien algérien Echourouk que l’Algérie exprimera sa position sur la reconnaissance du CNT libyen après les réunions de l’Union africaine et des ministres arabes des Affaires étrangères des Etats membres de la Ligue arabe. Puisqu’on en est là, pourquoi ne pas demander aux experts de la Ligue arabe et de l’Union africaine de venir gérer la politique extérieure de l’Algérie pour, au moins, faire oublier l’incompétence installée dans les bureaux algérois ! La déclaration de Medelci porte un nom : la fuite en avant. Le Tchad, pays voisin de la Libye, a reconnu mercredi le CNT «seule autorité légitime» du peuple libyen. Le Tchad n’a pas attendu une réunion de l’Union africaine pour assumer une position souveraine. Même chose pour l’Ethiopie qui appelé cette même Union africaine à reconnaître le CNT. La Tunisie et le Maroc n’ont, eux, pas transféré leur souveraineté à la Ligue arabe pour se positionner sur la question libyenne. L’Algérie a, dès le début, eu une attitude agressive vis-à-vis du CNT avant que celui-ci l’accuse d’envoyer des mercenaires soutenir les milices d’El Gueddafi. Medelci n’a-t-il pas dit que les rebelles libyens ne pourront pas diriger la Libye ?

Et dès le départ, l’Algérie a choisi la voie de la vraie fausse solution de l’Union africaine sur la Libye qui ne s’appuie pas sur le départ d’El Gueddafi du pouvoir. Après les échecs sur l’accompagnement des révolutions en Tunisie et en Egypte, la position ambiguë sur la Syrie et le silence sur le Yémen, la diplomatie algérienne est en phase de perdre sa crédibilité. L’attaque condamnable de l’ambassade d’Algérie à Tripoli devrait donner à réfléchir sur cette image du pays que Abdelaziz Bouteflika devait embellir. Il est urgent aussi de libérer la diplomatie des réflexes sécuritaires anciens, de la remettre à jour et de rompre définitivement avec les méthodes des années de plomb. La guerre froide a cessé d’exister. Au ministère des Affaires étrangères, on devrait peut-être l’apprendre, une fois pour toutes. Le monopole étouffant qu’exerce le président de la République sur la politique extérieure doit être discuté pour être atténué ensuite révisé. Car, les blocages internes provoqués par les méthodes archaïques de gestion actuelle des affaires de l’Etat se sont déplacés vers la conduite de politique étrangère. Résultat : l’Algérie est un pays sans voix, sans position, sans vision, sans perspective, sans personnalité diplomatique.

Fayçal Métaoui