jeudi 31 août 2023

Une table ronde qui tourne en rond...

Imagine - Anna Apter
Un film réalisé en partie grâce à l'aide de l'intelligence artificielle.
 
Titre à venir

Anna Apter s'est livrée à l'exercice pour voir et c'est vraiment une excellente introduction au débat. C'est pourquoi je le mets en tête de ce billet, contrairement à Michel Abouchahla, président du magazine Écran Total et modérateur de la table ronde qui suit.





La table ronde
Présentation

« La 30e édition du FFA se fera-t-elle sans scénaristes ? L'IA signe-t-elle la fin d'un pan de la création ? 

Pour répondre à ces questions, rendez-vous au CNAM-ENJMIN pour une table ronde modérée par Michel Abouchahla, président du magazine Écran Total. Le débat sera précédé de la projection du court métrage d'animation /Imagine, d'Anna Apter, réalisé en partie grâce à l'aide de l' intelligence artificielle. » (Source : site du FFA 2023)

Compte-rendu

C'était une table ronde avec Olivier Gorce, scénariste de L'Abbé Pierre et Simon Bouisson, scénariste, Laura Chaubard, Directrice générale de l'École Polytechnique, bardée de titres et de diplômes, Axel Buendia, Directeur du CNAM-ENJMIN, l'éternel Jack Lang, Président de l'Institut du Monde Arabe et Michel Abouchahla, le modérateur qui fait sans doute partie du staff du festival.

Le public n'était pas invité pour intervenir...

J'ai assisté à des exposés globalement très optimistes. Les interventions étaient essentiellement basées sur leur pratique personnelle, sans vraiment aborder les questions Politiques. Le seul angle qui a été effleuré, concernait les droits d'auteurs, domaine de compétence det l'ancien et éternel ministre de la Culture Jack Lang interpellé par l'animateur. Il a prétexté avoir été subjugué par les interventions qui venaient d'avoir lieu et, visiblement gêné par cet aspect des choses, a très bien contourné l'obstacle en évoquant seulement les précautions juridiques à prendre au niveau général. S'en est suivi un long exposé 100% langue de bois qui a déroulé des généralités et des flatteries, comme il sait le faire...

Passons sur cette venue pour se montrer pour évoquer ce qu'en ont dit ceux qui avait une légitimité pour trancher entre IA : ennemis ou pas.

Je dois reconnaître que la Directrice de l'École Polytechnique a remarquablement définit l'Intelligence Artificielle (je déteste cette expression totalement fausse) : « L'IA est un ensemble d'outils qui regroupe les compétences humaines et les dépasse. »

Elle apprend à partir d'exemples. C'est une intelligence assez sommaire qui bénéficie de la puissance de calcul des machines.

Les algorithmes ont une qualité de « nourrissage » variable et c'est l'homme qui en est maître.

Voilà donc qui situait bien le débat. La suite montrera que cet espoir a été malheureusement déçu !

Finalement, ce sont les deux scénaristes qui ont le plus apporté à la réflexion  car ils se sont appuyé sur leur vécu et Simon Bouisson nous a parlé d'une expérience qu'il avait menée pour évaluer ce que pouvait apporter ou pas l'IA. Il l'a abordée comme une aide éventuelle à la création, soit quand il était devant une feuille blanche, soit quant il avait la flemme de s'y mettre. Il a également demandé à une équipe américaine de faire avaler 70 titres précis de longs métrages à la machine, pour gagner du temps. Cette possibilité, lui a été refusée aux États-Unis, par rapport à la loi américaine...

Il nous a également expliqué que l'IA était paramétrable : selon la quantité et la qualité de nourriture qui lui étaient accordées, la machine était plus ou moins performante. Ainsi le curseur peut se déplacer de 0 à 1 et plus il est proche de 1, plus le résultat peut être intéressant en se distinguant des formulations les plus courantes et donc intéresser le scénariste pour éventuellement introduire une dose d'inattendu, dans son récit. 

De son côté, Olivier Gorce a souligné, en accord avec son collègue, l'aide à l'écriture de la machine. Le scénariste accepte ou pas ce que l'IA a créé ou s'en inspire pour écrire propre version.

Ces informations ont retenu toute mon attention, car cela veut dire, de mon point de vue que :

  • le contenu du nourrissage de la machine n'est pas contrôlable par qui veut, sinon Simon aurait eu la possibilité de rentrer uniquement les 70 titres qu'il voulait. On peut donc en déduire que cette possibilité est accordée à un nombre limité d'intervenants qui agissent sur ordre d'une autorité qui a tout intérêt à contrôler et limiter dans un domaine ou dans un autre : c'est la porte ouverte à toutes les manipulations possibles !
  • le fait de faire bouger le curseur sur l'utilisation du nourrissage indique aussi la volonté d'un auteur d'aller dans un sens ou dans l'autre et donc d'afficher, sa flemmardise ou pas, mais il n'y a que lui qui le saura...
Au-delà de ça qui est vu sous l'angle d'une pratique professionnelle, il eu fallut évoquer ce sur quoi tout les médias se sont rués d'entrée de jeu : les fausses nouvelles (fake news) et ça n'a point été fait. Pourtant, il ne faut pas être grand clerc pour appréhender toute la perversité dont peut faire preuve l'utilisateur lambda, n'importe quelle institution ou organisation et pire encore n'importe quel État pour nuire et modeler l'opinion sur des bases fausses. 
 
Enfin, la bonne utilisation de l'IA en médecine et plus généralement dans le domaine scientifique constitue le côté optimiste de cette invention. Encore faut-il que ce soit indépendant des politiques, des décideurs économiques qui ont déjà prouvé leur zèle à détourner les instruments du bien ! De cela aussi, il n'a pas été question...
 
Je termine en regrettant que les questions du public n'aient pas été permises. Sans doute que le format ne le permettait pas, mais si cette volonté avait existé, alors bien des sujets absents auraient été évoqués !

Il faudra faire mieux, de ce point de vue, lors de la dix-septième édition. Le thème est très loin d'être épuisé.

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