Alger est prêt à reconnaître le CNT libyen
LEMONDE.FR avec AFP | 01.09.11 | 11h17 • Mis à jour le 01.09.11 | 14h48
Mourad Medelci, le ministre des affaires étrangères algérien, à Sarajevo, en décembre 2010.AFP/ELVIS BARUKCIC |
Invitée à la conférence internationale sur la Libye jeudi 1er septembre à Paris, l'Algérie assure qu'elle est disposée à reconnaître le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des rebelles. A une condition cependant : que celui-ci ait formé un gouvernement représentatif. Depuis le début du soulèvement, l'Algérie avait toujours refusé de reconnaître les autorités de transition libyennes.
"Le CNT est porteur des volontés d'émancipation et de plus grande liberté du peuple libyen", a estimé Mourad Medelci, le ministre des affaires étrangères sur Europe 1, affirmant que l'Algérie avait été surtout gênée par l'intervention militaire étrangère, conduite par la France et la Grande-Bretagne. Le ministre a indiqué qu'il s'était déjà entretenu au téléphone avec le numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril, et qu'il prévoyait de rencontrer le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, jeudi à Paris, en marge de la conférence internationale.
Pressé de se justifier, Mourad Medelci a également démenti que le territoire algérien ait pu servir de passage à une aide militaire pour le "Guide" libyen et justifié l'accueil d'une partie de sa famille par des motifs purement humanitaires. L'Algérie a accueilli en début de semaine trois enfants de Mouammar Kadhafi – Aïcha, qui a accouché d'une petite fille en terre algérienne, Mohammed et Hannibal – ainsi que de Safia, la seconde épouse du leader déchu.
Le ministres des affaires étrangères a assuré qu'il n'était pas question d'offrir l'asile à l'ancien guide libyen. "L'Algérie ne prendra pas parti pour Kadhafi", a-t-il insisté. "Jamais, l'hypothèse n'a été examinée chez nous", a-t-il ajouté. Selon le quotidien algérien El-Watan, Mouammar Kadhafi aurait tenté de négocier avec les autorités algériennes d'entrer en Algérie à partir de la ville libyenne frontalière de Ghadamès où il se trouverait avec sa famille. Citant des sources proches de la présidence algérienne, le journal francophone écrit que l'ex-homme fort libyen aurait "tenté de joindre au téléphone le président Abdelaziz Bouteflika qui a refusé de prendre la communication".
JUPPÉ JUGE L'ATTITUDE D'ALGER "AMBIGUË"
L'Algérie a été conviée par la France à la conférence internationale sur la Libye, bien que Paris considère sa position eu égard au conflit libyen comme "ambiguë", terme utilisé par le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé. "Je suis allé en parler moi-même au président [Abdelaziz] Bouteflika. Il m'a assuré n'avoir donné qu'une aide humanitaire, j'espère que cela se vérifiera", a-t-il affirmé, ajoutant que les autorités algériennes lui ont démenti toute livraison d'armes au colonel Kadhafi.
Alain Juppé avait également dit "regretter" qu'Alger ne reconnaisse pas encore le CNT, qui "a fait preuve de sa représentativité". C'est quelques minutes après cette remarque que le ministre des affaires étrangères algérien précisait la position de son pays sur Europe 1. "Ce que nous aimerions, c'est que l'Algérie s'engage à fond, avec nous d'ailleurs, avec la Mauritanie, le Mali, le Niger pour lutter contre Al-Qaida au Maghreb islamique", a estimé Alain Juppé.