Des forces spéciales françaises, britanniques et arabes auprès de la rébellion
23.08.11 | 15h32
23.08.11 | 15h32
La bataille pour Tripoli est le théâtre d'un soutien majeur apporté aux forces rebelles par des "conseillers" étrangers issus des forces spéciales de quatre pays : la France, le Royaume-Uni, les Emirats arabes unis, et le Qatar, indiquait-on de source officielle à Paris, lundi 22 août.
Ces membres de forces spéciales étrangères seraient un peu moins d'une centaine. Ils agissent à l'intérieur et aux abords de la capitale libyenne. Leur rôle consiste à assurer une coordination étroite entre l'OTAN et les actions des rebelles, en particulier des sortes unités d'élite de l'opposition qu'ils ont formées au cours des derniers mois. "Nous leur avons appris le métier", se félicite cet officiel. Fin avril, Paris et Londres avaient annoncé l'envoi en Libye de "conseillers militaires".
Selon cet officiel français impliqué de près dans le pilotage des opérations, l'issue de la bataille était lundi "une question d'heures ou de jours, avec un petit "s"". Il semblait accorder du crédit à une déclaration du Conseil national de transition (CNT), l'organe de l'opposition, affirmant qu'il contrôlait 80 % de la ville.
L'un des principaux enjeux demeurait de savoir quelle serait l'attitude des dernières forces pro-Kadhafi. Celles-ci étaient décrites comme "concentrées sur des places-fortes", comme des casernes et surtout le complexe de Bab Al-Azizia, quartier général traditionnel du Guide libyen.
"Peut-être ce dernier s'est-il déplacé vers le sud du pays où il a des propriétés, ou bien vers l'Algérie", avançait cet officiel soulignant l'absence d'informations vérifiées à ce sujet. Cet expert penchait pour une hypothèse où le colonel Kadhafi aurait quitté Tripoli. "Autrement, je m'explique mal pourquoi sa garde présidentielle s'est rendue, la nuit dernière", commentait-il.
"Peut-être ce dernier s'est-il déplacé vers le sud du pays où il a des propriétés, ou bien vers l'Algérie", avançait cet officiel soulignant l'absence d'informations vérifiées à ce sujet. Cet expert penchait pour une hypothèse où le colonel Kadhafi aurait quitté Tripoli. "Autrement, je m'explique mal pourquoi sa garde présidentielle s'est rendue, la nuit dernière", commentait-il.
Deux détachements de forces loyalistes en particulier suscitent des préoccupations, "les mercenaires de la Brigade révolutionnaire et la 32e brigade de Khamis", l'un des fils du colonel Kadhafi. L'OTAN, toujours selon cette source, s'employait à concentrer ses tirs de façon à empêcher tout regroupement aux abords de Tripoli d'unités d'artillerie agissant sur les ordres du colonel Kadhafi ou de ses derniers fidèles. On jugeait côté français tout à fait possible que Mouammar Kadhafi ordonne à son armée de tirer de façon indifférenciée sur la capitale avec de l'artillerie.
Les deux principales unités pro-Kadhafi décrites plus haut disposent encore de capacités conséquentes, précisait cette source : des chars lourds, de l'artillerie, des mortiers, des canons, des lance-roquettes multiples. Les autres composantes des forces loyalistes représentent un danger plus relatif car elles "ont plus ou moins de munitions".
L'opposition contrôle la majeure partie du territoire libyen, évalue-t-on à Paris. Hors de la capitale, une attention particulière est accordée à la situation autour de Sebha, dans le sud-ouest du pays, une ville qui est le fief de la tribu de Mouammar Kadhafi, les Kadhafa.
Les habitants de cette localité qui abrite une importante garnison du régime observaient une "prudente neutralité". Signe d'un basculement jugé acquis des principales tribus, qui, jusqu'à il y a peu, attendaient d'être assurées du caractère inévitable de la chute du régime car elles craignaient, en cas d'issue plus incertaine, de faire l'objet de représailles des unités de Kadhafi. Le souvenir reste vif en effet des violences perpétrées par le pouvoir libyen en 1996 après un soulèvement armé dans l'est du pays. Jusqu'à mille personnes avaient alors été fusillées dans un stade.
Les habitants de cette localité qui abrite une importante garnison du régime observaient une "prudente neutralité". Signe d'un basculement jugé acquis des principales tribus, qui, jusqu'à il y a peu, attendaient d'être assurées du caractère inévitable de la chute du régime car elles craignaient, en cas d'issue plus incertaine, de faire l'objet de représailles des unités de Kadhafi. Le souvenir reste vif en effet des violences perpétrées par le pouvoir libyen en 1996 après un soulèvement armé dans l'est du pays. Jusqu'à mille personnes avaient alors été fusillées dans un stade.
L'effort de mobilisation des tribus mené au cours des deux derniers mois porterait ainsi ses fruits et aurait joué un rôle central dans l'avancée importante des rebelles observée ces derniers jours.
L'action de l'OTAN dans Tripoli reste toutefois sérieusement entravée par le contexte de tissu urbain. Il est quasi-impossible dans ces conditions d'apporter un soutien aérien ouvrant la voie aux groupes de rebelles, soumis par ailleurs à des tirs importants de snipers loyalistes. Les combattants de la rébellion se retrouvent ainsi en pleine ville face à face avec des tanks sans couverture aérienne dite "appui-feu" évidente - une rude mise à l'épreuve de leur détermination. Comme le dit cette source, "poitrine nue face à un tank, il faut y aller..."
Les rebelles ayant par ailleurs saisi du matériel militaire lourd à l'ennemi, la coordination entre unités devenait encore plus essentielle, pour éviter la confusion et les tirs fratricides. L'officiel français décrivait aussi la façon dont les troupes rebelles avaient pu fondre ces derniers jours sur la capitale, selon un plan manifestement préparé à l'avance.
Cruciale, une meilleure communication avait fini par s'établir au fil des semaines entre les groupes rebelles du djebel Nefoussa, dans les montagnes du Sud-Ouest, ceux de la poche de Misrata, qui élargissait son périmètre, et les chefs militaires à Benghazi dans l'Est.
Les forces spéciales étrangères, qui semblaient pour une large part composées de Français, d'Emiratis et de Qataris (les Britanniques étant moins nombreux), ont été très actives notamment pour préparer le débarquement sur une plage de Tripoli, le 20 août, d'un commando de rebelles de Misrata arrivé par bateau. Le trajet emprunté par ces embarcations avait été auparavant sécurisé par des tirs de l'OTAN sur des zodiacs loyalistes équipés d'explosifs.
Natalie Nougayrède
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