mercredi 7 novembre 2012

Mes démarches pour obtenir la nationalité Algérienne : nouvel épisode suite et pas fin...

J'avais adressé un courrier au Président de la République Française, à Madame la Ministre de la Francophonie et à Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères. Voir mon post : Mes démarches pour obtenir la nationalité Algérienne : nouvel épisode (15/09/2012)
 
La Présidence de la République Française
me répond
 
 
A suivre...


lundi 5 novembre 2012

La Pirogue : un film de Moussa Touré - 2012

La Pirogue : un film de Moussa Touré - 2012

La liberté est un combat
 
 
 
Un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar, d’où partent de nombreuses pirogues. Au terme d’une traversée souvent meurtrière, elles vont rejoindre les îles Canaries en territoire espagnol.

Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer. Il ne veut pas partir, mais il n’a pas le choix. Il devra conduire 30 hommes en Espagne.

Ils ne se comprennent pas tous, certains n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qui l’attend.

Allociné

Un sujet d'actualité bien traité. La trame est certes connue d'avance. Il n'y a pas de surprise, mais un regard très juste sur les personnages.
 
Ce film traite du droit de vivre, de la dignité, des combats à mener pour garder la tête haute. Il nous rappelle aussi que nous avons un intinct de survie qui ne donne pas forcément une belle image de nous-même.
 
La fin est inéluctable et on aimerait tant que ce ne soit pas ainsi !
 
Les acteurs jouent juste et la réalisation est très réussie. Bref, un film qu'il faut voir.
 


dimanche 4 novembre 2012

samedi 3 novembre 2012

France 24 : Benjamin Stora évoque le colonialisme français en Algérie

Algérie : Benjamin Stora évoque
le colonialisme français (France 24)

Emission diffusée sur France 24 le 21 mai 2010 - Benjamin Stora évoque le colonialisme français en Algérie
 


Mohamed GARNE : une histoire émouvante

Algérie/temoignage fils femme violée
 
7 décembre 2000 La cour régionale d'appel des pensions d'invalidité a examiné le 9 novembre dernier la demande de réparation de Mohamed GARNE, français né en 1960 après le viol de sa mère, alors âgée de 14 ans, par des militaires pendant la guerre d'Algérie.
 
M. GARNE argumente que son mauvais état physique et mental a été provoqué par les mauvais traitements infligés à sa mère par les militaires dans le but de provoquer un avortement. L'arrêt de la cour doit être rendu ce jour.
 

Mohamed Garne reconnu victime de guerre

22 novembre 2001
Reportage. Né d'un viol durant la guerre d'Algérie, Mohamed Garne, reconnu victime de guerre.
 
Après des années de démarches, Mohamed GARNE, né du viol de sa mère, algérienne, par des soldats français, a donc été reconnu victime de guerre.
 
Commentaires sur images de Mohamed GARNE au palais de Justice. Iterview de Mohamed GARNE, content que le dossier de la guerre d'Algérie ait été réouvert, sur le viol de sa mère "je ne sais même pas ce que je fais devant vous, je ne sais même pas comment j'ai pu être sauvé de cette guerre, je viens directement du champ de bataille."
 
Images d'archives : Alger 1960, troupes françaises durant la guerre d'indépendance algérienne dans les rues.[Source : Prompteur France 2]
 
Bonsoir à tous, merci de votre attention.. - C'est une affaire douloureuse et controversée encore une fois donc à propos de la guerre d'Algérie. Après des années de démarches, Mohamed GARNE, né du viol de sa mère, algérienne, par des soldats français, a donc été reconnu victime de guerre. Pour justifier sa demande de réparation, il évoquait les troubles psychiques résultant de ce viol et des mauvais traitements qu'elle avait subi pendant sa grossesse.
 
Jérome SOULARD et Delphine DETRIE


El Watan : Algérie-France : la droite veut polluer la visite de Hollande


Algérie-France : la droite veut polluer
la visite de Hollande

le 03.11.12 | 10h00

 
© Saâd

Les propos et gestes provocateurs de la droite, dont une partie ne s’est pas encore affranchie de son surmoi colonialiste, visent à exacerber les tensions, à quelques semaines de la visite du président français en Algérie.

Depuis l’annonce de la visite d’Etat du président français en Algérie, le ballet diplomatique de Paris vers Alger a connu une cadence accélérée. Des visites de ministres de premier rang aux gestes «symboliques» du président Hollande déclarant que «la République reconnaît avec lucidité la répression sanglante» de la manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, l’Elysée prépare minutieusement le voyage de Hollande. Un déplacement qui serait l’occasion de «sceller une amitié durable» entre les deux pays, espère le président français. Pendant que le gouvernement socialiste parie sur l’apaisement, à droite, des voix jouent les trouble-fête. «Le nouvel état d’esprit dans nos relations» dont s’est félicité le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, lors de sa visite à Alger en juillet dernier, risque d’être écorné.

Après le «vive l’Algérie française !» du député-maire de Nice, Christian Estrosi, le bras d’honneur indécent du sénateur et ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, les nouveaux «ultras» semblent effarouchés par l’évolution du discours de Paris à l’égard de l’Algérie, particulièrement sur la question de la mémoire.
La droite dure cherche-t-elle ainsi à saborder la visite d’Etat de François Hollande prévue pour le mois prochain ? Sans nul doute. Les propos et gestes provocateurs de la droite – dont une partie ne s’est pas encore affranchie de son surmoi colonialiste –, qui se succèdent à mesure que le voyage du président français approche, ne peuvent qu’exacerber les tensions. Si François Hollande prépare un atterrissage serein à Alger, il risque d’arriver sur un terrain miné que la droite lui prépare à partir de Paris.

«Au-delà du geste vulgaire, Longuet exprime quelque chose de profond dans l’establishment de la droite française. Ils sont inconsolables de la perte de l’empire», estime un analyste. Le geste de Longuet est loin d’être anodin, comme en témoigne la députée européenne des Verts, Malika Benarab-Attou : «Décidément, la nostalgie de l’Algérie française et l’esprit revanchard contre les Algériens indépendants sont encore présents chez certains Français ! Longuet est un ancien du club d’extrême droite Occident. Il fut proche du GUD qui, à Lyon, manifeste son opposition dès que des rencontres fraternelles ont lieu entre Français et Algériens, j’ai eu l’occasion de le vivre encore cette année.» La parlementaire européenne indique que «ce serait une erreur grave de penser que ces idées sont majoritaires au sein de la société française».

De son côté, la gauche mesure les dégâts que de telles déclarations peuvent provoquer. Elle a vivement réagi. «Le geste de Longuet illustre malheureusement la brutalité vulgaire d’une certaine droite qui abîme trop souvent le débat républicain», a fulminé le tout nouveau patron du Parti socialiste, Harlem Désir.

Dans la même tonalité, le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, dénonce un geste «grossier et injurieux adressé aux autorités algériennes». A l’Elysée, le geste de l’ancien ministre de la Défense durant le règne de Sarkozy suscite l’indignation.
Contacté par nos soins, Faouzi Lamdaoui, conseiller du président de la République française, a indiqué que «le politique isolé de l’ancienne équipe gouvernementale, ne représentant que lui-même, en faisant ce geste abject, s’est lui-même couvert d’indignité». Pour M. Lamdaoui, l’essentiel est dans «la prise de position claire et ferme du président de la République contre les méfaits du colonialisme» et «avec François Hollande, les relations entre nos deux pays doivent entrer dans une nouvelle ère d’apaisement, ouverte sur l’avenir. Sa condamnation de la colonisation a toujours été claire et nette.  La France, conceptrice de la Déclaration universelle des droits de l’homme, doit montrer l’exemple dans le regard sur sa propre histoire. Elle en sortira grandie. Le travail de mémoire n’est pas un fléchissement tant il permet à chacun de comprendre le passé pour mieux préparer le futur», a clarifié notre interlocuteur.

A Alger, le geste grossier de Longuet soulève un tollé général et provoque l’indignation. Sans tomber dans le jeu provocateur de l’ancien ministre français de la Défense, plusieurs personnalités et autres organisations politiques dénoncent à l’unisson un comportement «honteux». François Hollande risque d’arriver à Alger dans un climat tourmenté.

Accord de coopération militaire


François Hollande réussira-t-il là où son prédécesseur a échoué ? Probablement. Sa visite en Algérie, en décembre prochain, serait l’occasion de parapher un accord d’importance stratégique car il s’agirait du domaine militaire. A en croire le Canard enchaîné, «la rencontre Hollande-Bouteflika sera l’occasion d’officialiser un accord de coopération militaire. Un projet négocié en juin 2008, sous le règne de Sarkozy, et qui attendait l’aval du Conseil d’Etat». Selon l’hebdomadaire français, l’accord porterait sur «des échanges stratégiques, la lutte antiterroriste, des manœuvres communes et un partenariat en matière d’industrie de défense, d’exportation d’armement et de formation d’officiers algériens en France». Une première.

Réactions :


-Mohcine Belabès, président du RCD : «Il faut arrêter le chantage avec l’histoire et aller à l’essentiel»

«Ce genre de dérapages est condamnable de part et d’autre. Les deux pays ont intérêt à dépasser cela et à s’occuper de l’essentiel, sans faire dans le chantage avec l’histoire. Il y a plus important que ce genre de petitesse. Les deux pays doivent s’occuper de leurs intérêts économiques, sociaux et diplomatiques sans aucune surenchère.»

-Miloud Chorfi, porte-parole du RND : «On parasite la prochaine visite de François Hollande en Algérie»

«Le RND dénonce ce comportement irresponsable et amoral des deux responsables français. Ces agissements confirment que les esprits colonialistes sont toujours présents et il faut les dénoncer en permanence. Il faut aussi travailler pour que la France reconnaisse les crimes commis par le colonialisme en Algérie. Au RND, nous pensons également que ces vils agissements visent à parasiter la visite qu’effectuera le président Hollande en Algérie.»

 Hacen Ouali



Amour de Michael Haneke (2012) : Palme d'or Festival de Cannes

Amour, un film de vie sur la mort
 
 
 

Lorsque Michael Haneke a écrit son film, il avait en tête dès le départ Jean-Louis Trintignant pour le rôle principal. Le réalisateur a même affirmé qu'il avait écrit le scénario pour lui et pour personne d'autre : "J'ai toujours voulu travailler avec lui car c'est un acteur que j'admire beaucoup. Sa présence dans Amour était une condition sine qua non. Je n'aurais pas fait le film sans lui", ajoute-t-il.
 
Malgré l'annonce de sa retraite du cinéma, Trintignant a accepté de lire le scénario de Haneke : "Quand il m'a envoyé le scénario j’ai été catastrophé parce que j’ai vu dans ce film une intensité, une force que je n’imaginais pas et je lui ai dit : "Je suis content de l’avoir lu parce que ça, c’est un film que je n’irai pas voir"", avoue-t-il. C'est grâce au réalisateur et à la productrice Margaret Ménégoz que l'acteur a accepté de se remettre devant la caméra et de jouer le rôle : "Je n'allais pas bien à ce moment-là et [la productrice] m’a dit quelque chose qui m’a touché énormément : "Vous n’allez pas bien mais si vous ne faites pas le film vous n’allez pas aller mieux pour autant, alors faites le film", et elle a eu raison", raconte-t-il.
 
Source : AlloCiné
On ne sort pas de la séance indemne. Certes, mais pour rien au monde on aurait voulu le rater. Ce film nous renvoit à notre propre vie, à notre vieillissement. Ce sont des questions que l'on a souvent du mal à regarder en face. Haneke a compris que nous avions besoin d'affronter la réalité. Il a donc fait un cinéma en plans séquences, sans choses inutiles. Il y a mis l'essentiel et toute l'âme des personnages.
 
C'est un film dérangeant, vrai, bouleversant. Un film sur l'Amour et un plaidoyer pour la mort dans la dignité. Haneke ne laisse rien de côté et montre combien la maladie isole un couple de son entourage immédiat, de sa famille. Il passe au scalpel les questions relatives à la souffrance psychiques et physiques, celles touchant à la difficulté de l'autre qui ne peut qu'accompagner et assister impuissant à la décrépitude, à la montée inexorable de la maladie et du handicap.
 
Que ceux qui se gargarisent de formules lapidaires sur les questions touchant à la mort pour contester l'euthanasie et la liberté de cahcun à décider de mourrir dans la dignité, aient le courage d'aller voir ce film. S'ils sont honnêtes, ils réfléchiront... 
 
Pour finir, allez voir ces acteurs merveilleux que sont Emmanuelle Riva (performance d'actrice extraordinaire !) et Jean-Louis Trintignant qui a bien fait de ne pas arrêter sa carrière au cinéma. Tous les deux sont bouleversants de vérité et Isabelle Hupert ne dépare pas, même si son rôle est moins important.
 
Si vous allez bien, précipitez-vous pour voir ce chef d'oeuvre !
 
 
                            
 

jeudi 1 novembre 2012

Orchestre symphonique National d'Algérie et Chorale de l'Orchestre Symphonique d'Alger

Un grand merci à Lala Sara pour ces deux magnifiques trouvailles

Carl Orff , Carmina Burana
من أجلكي يا جزائر
par L'orchestre Symphonique National d'Algérie
 
Version en arabe
 


 
Chorale de l'Orchestre Symphonique d'Alger
L'Hamdoulillah ma listi3mar
 

 
Voici ce que disent, en résumé, les paroles de ce chant :
La France a vendu le peuple Algérien à bas prix. Le Peuple Algérien a combattu pour garder sa dignité. En Algérie, nous devons bannir la honte et les rebelles indépendantistes, c'est grâce a la révolution. Nous avons soulevé l'étoile et le croissant.
 
 



Voici ce que disent, en résumé, les paroles de ce chant :
 Dieu merci, les colonisateurs n’existent plus dans notre pays.


mardi 30 octobre 2012

Driss Amine Khodja : dernier dinandier d'art de Constantine

Une vidéo de Tewfik Benzegoutta
 
 
 Une vidéo de SuperNadjoua
 
La dinanderie constantinoise est un héritage turc ancestral
Depuis 1827la famille AMINE KHODJA a gardé cet héritage
et la transmis en 7 générations dont Monsieur Driss est le dernier baron.
A nous de prendre le relais !!! Un message pour tout les jeunes algeriens.
 
 Un diaporama réalisé dans l'atelier
de Driss Amine-Khodja
(DarNhass à Sidi Bouanaba - Souika)
 
Cliquer sur la photo
 
https://apps.facebook.com/tripwow/ta-0699-6e50-ad0c?fg=1
Driss au travail dans son atelier
 

samedi 27 octobre 2012

Afropop Worldwide Interview with Souad Massi: May, 2012

AFROPOP WORLDWIDE By Banning Eyre, June 7, 2012
 
 
Algerian singer-songwriter Souad Massi has charted a singular course through Arab popular music and, since she moved to Paris in 1999, world music. A poet, a thinker, a sometimes rocker with a taste for classical music, Andalusian history, and African pop, she has recorded five remarkable albums that incorporate a vast array of musical styles and thematic moods. Her 2010 release, Ô Houria (Liberty), arrived just months in advance of the Arab Spring, prescience that paved the way for two major Middle East/North Africa tours in 2011.
Massis fluid, silky voice is by turns caressing and gusty, and she is always reaching out in new directions for musical and lyrical inspiration. As Massi prepares for her first North American tour since 2004including Kennedy Center in Washington, DC, on June 30, and Celebrate Brooklyn in New York on July 7Afropops Banning Eyre reached her by phone in Paris. Heres their conversation, with photographs from Massis performance at the 2011 Mawazine festival in Rabat, Morocco.

Banning Eyre: Souad, nice to speak with you again. The last time I saw you was in Rabat, Morocco, at the Mawazine Festival. We didnt speak, but I loved your concert. Your band is spectacular. But I understand that recently you have also been working with some different musicians, exploring flamenco and Andalusian music. Tell me about that.

Souad Massi: Well, I have still got my regular group. We tour all the time. But at the same time, in parallel, I am working with a flamenco guitarist named Eric Fernandez. Together we a group called Choeurs de Cordove (Voices of Córdoba), after the city of Córdoba. The inspiration was Córdoba. We launched a project, and so far weve had great reception. Weve toured little in France and a little bit outside. Ive always loved flamenco, and also the singing of Andalusian music. So Im putting them together.
B.E.: Have you composed new songs for this project?

S.M.: Yes, of course. We have created a lot of new songs. Some of them are homages to a lot of poets. Of course we speak about Córdoba, and about the great poets and thinkers of Andalusia, people like Ibn Zaydún, for example. I sing some of his poems in the repertoire. Its really an homage to the great writers of the ninth, 10th, and 11th centuries in Córdoba.
B.E.: Weve explored this music in a three-part series on our radio program, and we are very interested in that history. The music is beautiful.

S.M.: Thats great. Its very rich. For anyone who wants to do the research, theres a lot of inspiration there.
 
B.E.: And its not well known.
S.M.: Well, that depends. I have found at these concerts that people already know some of this repertoire and literature. Ive really been surprised how many people have delved into this history. At least in France.
B.E.: Right, its a little different here. In France its better known. And in Algeria too, since a lot of the Andalusian artists went there when they were driven out of Spain. How does Andalusian music fit into the picture in Algeria?

S.M.: In Algeria? Yes, we have Andalusian music. There is traditional Algerian music, Shabi musicthats the traditional singing of Algeria. There is rai. Its a big country. So its very, very rich in music and rhythms. Theres the music of the Tuareg in the South. And you have Berber music. And then theres the music of the East, Chaoui music, another language, and another tradition. The Andalusia and music of Constantine is very well-known. For those who want to look into things, and findings, its very, very rich. There is everything.
 
B.E.: And you grew up with all of that.

S.M.: I was very lucky, because I grew up in a family that listened to traditional music, classical music, Universal music, but they also listened to James Brown for example. All that was in my family. My parents were already very open people. They let us listen to any music we wanted. For me, as a woman, it was a little difficult, for sure, in the society in general. But on the other hand if you dont fight, you dont get anything.

B.E.: I recall that you had difficulty when you started performing in rock bands and the like. But it seems you were very lucky to have such open parents, who introduced you to so many things at a young age. I want to come back to this Andalusia project, Choeurs de Cordoue, for a moment. Aside from the music, is there a larger message in your focus on this region and this history?

S.M.: For sure. For sure. I talk about the message at the beginning of each concert. What I love about the town of Córdoba is that the 10th century, this was the capital of culture for the world. That was in the 10th century. I learned about this, and Im very proud of the intelligence of people of different sorts, Jews, Muslims, Christians, even atheists, and who worked together. They were doctors, writers, translators, jurists, artists, people of different backgrounds and different religions, and together they made an evolution of culture. That was how the city developed. And we in our group are also a mix of Muslims, Jews, atheists, Armenians, French, gypsies, Arabs. And there you are. The message is there. Why cant we in our time do the same thing that was done in the 10th century? Thats the message. And its the truth.
B.E.: A powerful message. And you have all those people in your group. Is it a big group?

S.M.: We are nine on the stage. You can see us on the Internet if you like, on Facebook or YouTube. Just enter Choeurs de Cordove. Voices of Córdoba.
B.E.: It sounds great. I hope one day you are able to bring this project over here to the US.

S.M.: I would love that. Its different. Some people wonder whether audiences in America would like it. Its very different. There is Spanish music in it, but also classical music in Arab music. Its very very mixed.
 

B.E.: I know that there are interesting groups that try to re-create the music of Andalusia. It requires imagination. Because of course we have no recordings, and no notation. But its beautiful with theyve done. And Im really glad that youre entering into that world.

S.M.: I adore flamenco. And I adore folk. These are different worlds, but I refuse to choose between them.

B.E.: You dont have to.
S.M.: Yes, Im free in my mind. If I want to hear flamenco, I work on flamenco. If I wanted to rock. I take my guitar and I play rock. Its good to be free.
B.E.: Lets come back to your group. I guess youre working on new music now. But I want to talk about this 2010 release, Ô Houria, Liberty. I know you made this record before the great events of the Arab world in 2011, but what was the idea in the beginning when you made it?

S.M.: Listen, I read a book by the Arab historian Ibn Khaldun. He wrote an introduction to his work, and frankly, I had not had access to this kind of philosophical literature, something I regret. But now nothing prevents me. I can read what I want. But the book really astounded me with the dimensions of this mans intelligence. He was a great thinker, and really a visionary.
B.E.: Also a great traveler. He saw so much of the world.

S.M.: Yes, yes. Ah, you are well-informed. I was really charmed by his intelligence. You know, in the beginning, when youre young, you are impressed with people who are superstars are millionaires. But now, when I read something like this, or when I meet people who are very intelligent or visionary, Im impressed. And Ibn Khaldun, when I read this book, I understood a lot of things. There are other personalities like this who have inspired me a lot, but him, when I read his book, I saw so many things. He spoke about the changes in the world, the mentality that people had, and wanted, how individuals were demanding their rights. The struggles of people. In fact, he analyzed so many things. And there was something I imagined that there could be a great change in the Arab world. Its true that this was something that just stayed in my imagination, but there are many things that can prevent us from seeing what is possible.
But then it came. I cant say that everything that happened was good, because many people died. Sadly. But it is good to read the books of visionaries, and people who are really informed about their situation.
B.E.: And this inspired you when you were making that 2010 album?

S.M.: For me, yes, I wanted to write songs about freedom.
 

B.E.: And when the uprisings of 2011 began, after this record came out, what did you think? There is a certain harmony between the spirit of this record of what happened, right?

S.M.: Yes, after these things happen, I did a lot of interviews where people said I had seen something that was going to happen, and friends of mine said the same. But really, I was surprised, first of all. At the same time, this is something very unusual, when you sing a song and then the thing happens afterwards, thats very rare. I cant say that happens all the time. But at the same time, I think that what happened is some we have to really think about. Each case is different, and I cant say I really know what is happening in some of these countries. Things dont arrive just like that. Theres a lot of work to be done. Do you understand what Im saying? Its too soon to know, especially now.
B.E.: Yes, especially now. So, with your own group, are you now in the process of making new songs?

S.M.: Listen, just today, I was in the studio working on a demo. These are the first songs of a new album. What I do is I make demos, and then I bring in the musicians to work on songs. In the writing, I make the songs very rough. I like to be alone to write, all alone. And then I work with the group to do the arrangements and I need their participation.

B.E.: In the new songs you are writing, is there any sort of thought or reflection on these events in the Arab world?

S.M.: Well, there is an old poem, its not mine, but its one that Im bringing back that talks about these things. In fact, Im going in artistic direction where Ill use poems written by others, and set them to music. I read a lot, a lot of great philosophers and poets. I love to work with their poetry.
 
B.E.: We spent a month in Cairo last summer, and met a lot of musicians. I stayed in touch with some of them, and I get the feeling that its hard for them to know what to sing about right now. Its a difficult moment, because its sort of unclear where things are going, and what needs to be said.

S.M.: Yes. When you talk about someone who is powerful, like a politician, or even an artist who is well known internationally, there is a certain power, and you have to be very careful with your discourse. Because the words, the discourse will affect those who want to follow. So you have a responsibility. What is best for an artist is to have a universal message, like a message of peace. That is good. Afterwards, yes, its important to sing about liberty, about revolution, and to denounce dictators, and to work for rights. Of course, every artist has his way of writing. Thats important. But for me, when I go, for example to Egypt, they dont know my songs. But some of my songs are very engaged, and I never had problems before the revolution, or now.

B.E.: I understand youve been touring recently in the Middle East, and the Gulf. Where have you been?

S.M.: Ive made two Middle East tours. Weve been in Egypt, Syria, Jordan, Ramallah, other countries too. Lebanon.
B.E.: Do you feel a difference in the response of the audiences now?
S.M.: Yes. Yes. There is a difference. The reaction of people is different. Throughout the Arab world, people understand about 85% of what I say. So we communicate. If I talk about a girl who cant go out the house because of tradition, Arab women discover themselves and that song. Its something that concerns them, for example. I can understand my language.

B.E.: I noticed when I saw the group in Morocco that the sound on stage was somewhat different than the record. The record is very relaxed and beautiful. On stage, you have the feeling of rock n roll. A lot of energy.

S.M.: Yes, yes, happily. You know when you start writing songs come afterwards they really come to life on the stage. They grow, they change, they evolve. There are a lot of artists who tour the songs before they record them. Thats a nice thing to do. Its good to do that, because you have time to explore the songs and let them grow. Me, I do the opposite, record them in the studio and then I take them on tour. Maybe Ill change someday. Ill have to see. But what I can say is when the songs are new, theyre like a baby. Im not sure I want to expose them right away. I like to protect them, let them grow up, before I let people hear them.
B.E.: Maybe you have to do a live record so you can introduce the songs as adults.

S.M.: Yes. Yes.
B.E.: Your group is wonderful. Ive seen you perform a few times, and Im always impressed. It has some interesting conversations with your guitarist. Hes excellent.

S.M.: Well, weve been friends for 10 years. All that time, the same team. We have fun together. We amuse each other. Thats important. If you have problems among the musicians, it affects the music.
B.E.: Yes. And you feel that on the stage. You guys have real chemistry. The only way you get that is through experience.

S.M.: Yes. We feel that from the people too. Its important. We make mistakes. Thats normal. True. But its no problem.
 
B.E.: I know that when you tour this time, its going to be the 50th anniversary of Algerian independence. Is that some you think about?
S.M.: Absolutely. Its important. Its important because Algeria is a country that suffered a lot with war. They were millions of people who died during that war. My mothers whole family was killed during the war. So I respect their lives, their choices, their sacrifices. Its very sad to lose your family. So for me it is important. Its important to talk about history. Its important to know your history. If you dont hold onto these things, you wont know what happened afterwards.
 
B.E.: So even though you live in France, your connection to Algeria remains strong.

S.M.: Yes, it remains strong because I grew up in Algeria, I did my studies in Algeria. I sing in Arab. Im always in contact with my family, and I read the press from Algeria. So I stay in touch. Its still my home.
B.E.: And you go there to perform?

S.M.: Yes. I hope to go again soon. Ive been waiting for these elections to be over. I have a lot of fans who want to see me.
B.E.: When was the last time you played there?

S.M.: It was about two years ago.
B.E.: I read that the election went peacefully. Thats good.

S.M.: Yes. Happily. AlgeriaI always tell people that its not like the other countries in the region, like Egypt or Tunisia. I mention those countries because I know them a little. We already had the right to express ourselves. We have plenty of newspapers that denounce things going on with the government. Its not the same as in those other countries. We had quite a lot of stability. Of course, we do lack certain things. We were very much traumatized by our Civil War. We dont want to go back to that. The people of Algeria had enough of that. Most of the people I speak with they want to move ahead. They dont want to live in suffering and division. I think there are moments for really looking at what you want to do and what you want to win.
B.E.: I understand that you are going to star in a film by the Palestinian director Najwa Najjar. Tell me a little bit about that.

S.M.: Well, its a film that takes place in Ramallah. Its about a Palestinian who falls in love with an Algerian woman. I think thats why they chose me to play that part. It talks about war and love. Happily its more about love than war. Its a little bit funny. We will be starting to film on August 20.
B.E.: This is the first time you will act in a film?

S.M.: Yes. Thisll be the first time. The director saw me on stage and said, You look good. Your personality. You look like my character. But its something else, with the camera. It will be another experience. But I have confidence that it will work out.
B.E.: Did you do in a theater when you are young and Algeria?

S.M.: No, no. Not at all. I just did music, never theater. Frankly I dont know how this will go. But I figure, why not?
B.E.: Its a new adventure.

S.M.: Well, Im going to do it, and well see afterwards. You never know, but Im going to try.
B.E.: Are there other new developments in your career that we should talk about?

S.M.: I dont know. Im starting to work on the new album. Youre the first person Ive told that, because I just started today. I just started writing new songs. So far Im very happy. We will be playing festivals this summer. And Im looking forward to it returning to the American public, because its a super audience.
B.E.: And its too long since youve been here.

S.M.: Thank you.
B.E.: Now what about the Voices of Córdoba? Will you record a record?

S.M.: Yes, yes, yes. Universal is interested in having us record. Its in process. I think we will probably record in September.
B.E.: Thats great. I think this new project is really going to expand your persona as a musician.

S.M.: The problem is I would also like to grow the ensemble, with violin, and the guitars, and all these things, but the problem is its very difficult to tour. We dont have enough of a budget. The ideas are there, but its difficult.
B.E.: Well maybe it wont be able to tour a lot, but it will be something you can present a special concerts, or on television, and in recordings.

S.M.: Yes, this is what I say. We might not tour very much. This will be something for people who love literature and theater. It might be more for intellectuals and so on. You understand?
B.E.: Sure. And even if people only experience it through videos and recordings, they will see that youre making new connections with history and literature. Its not so many pop musicians who do things like that.

S.M.: Thats true. Frankly, Ive been very lucky. You know if you read, and you travel. For me, in discovering Córdoba was something new. I saw it, and thought it was beautiful. Afterwards, I started researching on the Internet, and in libraries. I found books. I spoke with friends. And then we started playing like this at home, and that led to composing. At first it was just among friends, in Italy. Then we set up some dates, pictures, videos. It grew. By now, weve worked very hard on this project.
B.E.: I am happy to hear about this. I look forward to of hearing more. Coming back to your return to the United States, you know that when you play in Brooklyn, it will be our Independence celebration as well. Youre playing over the Fourth of July weekend. So will celebrate together.

S.M.: The Fourth of July. Thats great. Thats great.
B.E.: In the venue where youll be performing, Celebrate Brooklyn, is one of the best stages in New York. Its beautiful, free to the public. All is a very diverse crowd shows up. Youll love it.

S.M.: Very good. I am happy to hear that.
B.E.: Thank you, Souad. See you in Brooklyn.
 
Traduction en français
Un grand merci à Danielle Mercier pour
son aide précieuse à la traduction. Sahalek !
 
AFROPOP WORLDWIDE par Banning Eyre, 7 juin 2012
 
Interview avec la chanteuse Souad Massi: mai 2012
Publié par Baning Eyre 7 Juin 2012

 La chanteuse algérienne Souad Massi compositeur-interprète a tracé une voie
singulière à travers la musique populaire arabe et, depuis, qu’elle s’est installée
à Paris en 1999, elle situe sa musique dans la world. Elle est poète, penseur,
rocker parfois avec un goût pour la musique classique, l'histoire andalouse, et la
pop africaine, elle a enregistré cinq albums remarquables qui intègrent un large
éventail de styles musicaux et d'ambiances thématiques. Son album 2010, Ô Houria
(Liberté), arrivé quelques mois avant le printemps arabe, prémonition qui avait ouvert
la voie à deux tournées importantes au Moyen Orient et en Afrique du Nord en 2011.
 
La voix fluide et soyeuse de Souad Massi est tour à tour caressante et en rafales,
et elle est toujours à la recherche de nouvelles inspirations musicales et lyriques.
Souad Massi se prépare pour sa première tournée nord-américaine depuis 2004, y
compris Kennedy Center à Washington, DC, le 30 Juin, Celebrate Brooklyn à New
York le 7 Juillet – Afropop par la voix de Baning Eyre l’a contactée par téléphone à
Paris. Voici leur conversation, avec des photographies du spectacle de Souad Massi
au festival 2011 Mawazine de Rabat, au Maroc.

 Baning Eyre : Souad, c’est agréable de parler avec vous de nouveau. La dernière
fois que je vous ai vue, c’était à Rabat, au Maroc, au Festival Mawazine. Nous
n'avons pas parlé, mais j'ai beaucoup aimé votre concert. Votre groupe est
spectaculaire. Mais je sais que récemment vous avez également travaillé avec des
musiciens différents, explorant le flamenco et la musique andalouse. Parlez-moi de
ça.
 
Souad Massi : Eh bien, j'ai toujours mon groupe régulier. Nous tournons tout le
temps. Mais en même temps, en parallèle, je travaille avec un guitariste flamenco
nommé Eric Fernandez. Ensemble, nous avons créé un groupe appelé Choeurs de
Cordoue (Voix de Córdoba), d’après la ville de Córdoba. L'inspiration était Córdoba.
Nous avons lancé un projet, et jusqu'à présent, nous avons eu de bons retours.
Nous avons fait une tournée en France et un peu à l'extérieur. J'ai toujours aimé le
flamenco, et aussi le chant et la musique andalouse. Donc je les mélange.

BE : Avez-vous composé de nouvelles chansons pour ce projet ?
 
S.M. : Oui, bien sûr. Nous avons créé beaucoup de nouvelles chansons. Certaines
d'entre elles sont des hommages à des poètes. Bien sûr, nous parlons de Córdoba,
et des grands poètes et penseurs de l'Andalousie, des gens comme Ibn Zaydun, par
exemple. Je chante certains de ses poèmes dans le répertoire. C'est vraiment un
hommage aux grands écrivains du IXe siècle, 10e, et 11e à Córdoba.

BE : Nous avons des émissions en trois parties, à propos de cette musique, sur notre
programme de radio, et nous sommes très intéressés par cette histoire. La musique
est belle.
 
S.M. : C'est très bien. Elle est très riche. Pour tous ceux qui veulent faire de la
recherche, il y a beaucoup d'inspiration.

B.E. : Et elle n'est pas bien connue.

S.M. : Eh bien, cela dépend. J'ai trouvé lors de ces concerts que les gens
connaissent déjà certains morceaux de ce répertoire et de la littérature. J'ai vraiment
été surprise de voir combien les gens se sont penchés sur cette histoire. Au moins
en France.

B.E. : Oui, c'est un peu différent ici. En France, il est mieux connu. Et en Algérie
aussi, car un grand nombre des artistes andalous sont allés là-bas quand ils ont été
chassés d'Espagne. Comment la musique andalouse s'inscrit-elle dans la Culture
algérienne ?

S.M. : En Algérie ? Oui, nous avons de la musique andalouse. Il y a la musique
traditionnelle algérienne, La musique Chaabi c'est le chant traditionnel de l'Algérie.
Il y a aussi le Raï. C'est un grand pays. Il est donc très, très riche en musique et en
rythmes. Il y a la musique des Touareg dans le Sud. Et vous avez de la musique
berbère. Et puis il y a la musique de l'Est, la musique Chaoui, une autre langue et
une autre tradition. L'Andalousie et la musique de Constantine sont très bien connues.
Pour ceux qui veulent se pencher sur les choses, et les résultats, c’est très, très
riche. Il y a de tout.

B.E. : Et vous avez grandi avec tout ça.

SM : J'ai été très chanceuse, parce que j'ai grandi dans une famille qui écoutait de
la musique traditionnelle, de la musique classique, de la musique universelle, mais
ils ont aussi écouté James Brown, par exemple. Tout ceux qui était dans ma famille.
Mes parents étaient déjà des gens très ouverts. Ils nous ont laissé écouter toute la
musique que nous voulions. Pour moi, en tant que femme, c’était un peu difficile,
bien sûr, dans la société en général. Mais d'un autre côté, si vous ne vous battez
pas, vous n'obtenez rien.

BE : Je me souviens que vous avez eu des difficultés lorsque vous commencé à
jouer dans des groupes de rock et autres. Mais il semble que vous avez été très
chanceuse d'avoir ces parents ouverts, qui vous ont ouverte à tant de choses, à un
jeune âge. Je veux revenir à ce projet Andalousie, Choeurs de Cordoue, pour un
moment. En dehors de la musique, est-il un plus grand message dans vos objectifs
à propos de cette région et cette histoire ? 

S.M. : Bien sûr. Pour sûr. Je parle du message au début de chaque concert. Ce que
j'aime dans la ville de Córdoba , c’est qu’au 10ème siècle, ce fut la capitale de la
Culture pour le monde. J'ai appris sur ce sujet et je suis très fière de l'intelligence
des gens de différentes sortes, des juifs, des musulmans, des chrétiens, des athées
même, et qui ont travaillé ensemble. Ils étaient médecins, écrivains, traducteurs,
juristes, artistes, gens d'origines et de religions différentes, et, ensemble, ils ont
fait évoluer la culture. C'est ainsi que la ville s'est développée. Et nous, dans notre
groupe, c’est aussi un mélange de musulmans, de juifs, d’athées, d’Arméniens, de
français, de gitans, d’Arabes. Et voilà ,le message est là. Pourquoi ne pouvons-nous
pas à notre époque, faire la même chose qui a été fait au 10ème siècle ? C'est le
message. Et c'est la vérité.

B.E. : Un message puissant. Et vous avez tous ces gens dans votre groupe. Êtes-vous nombreux dans ce groupe ?
 
S.M.: Nous sommes neuf sur scène. Vous pouvez nous voir sur Internet si vous
voulez, sur Facebook ou YouTube. Entrez simplement Choeurs de Cordoue. Voix de Cordoba

B.E. : Ça sonne bien. J'espère qu'un jour, vous serez en mesure de réaliser ce projet
ici aux États-Unis.

S.M. : J'aimerais cela. C'est différent. Certaines personnes voudraient une audience,
aux US, comparable à celle que nous avons en France. C'est très différent. Il y a la
musique espagnole, mais aussi la musique arabe classique. C'est très, très mélangé.

BE : Je sais qu'il y a des groupes intéressants qui tentent de recréer la musique
d'Andalousie. Il faut de l'imagination. Parce que bien sûr nous n'avons pas
d'enregistrements, et aucune partition. Mais c’est beau ce qu'ils ont fait. Et je suis
vraiment heureuse que vous entriez dans ce monde.

S.M. : j'adore le flamenco. Et j'adore la chanson populaire. Ce sont des mondes différents, mais je refuse de choisir entre les deux.

B.E. : Vous n'avez pas à faire cela.

S.M. : Oui, je suis libre dans ma tête. Si je veux entendre le flamenco, je travaille sur
le flamenco. Si je veux du Rock, Je prends ma guitare et je joue du Rock. C'est bon
d'être libre.

B.E. : Revenons à votre groupe. Je suppose que vous travaillez sur de nouveaux
morceaux maintenant. Mais je veux parler de cette version 2010, « Ô Houria », la
Liberté. Je sais que vous avez conçu ce CD, avant les grands événements du monde
arabe en 2011, mais ce qu’est-ce qui vous a donné l’idée de le faire ?

SM : Écoutez, j'ai lu un livre écrit par l'historien arabe Ibn Khaldoun. Il a écrit une
introduction à son travail, et franchement, je n'avais pas eu accès à ce genre de
littérature philosophique, quelque chose que je regrette. Mais maintenant, rien
ne m'en empêche. Je peux lire ce que je veux. Mais le livre m'a vraiment étonnée
par la grande intelligence de cet homme. Il était un grand penseur, et vraiment un
visionnaire.

B.E. : C’était aussi un grand voyageur. Il a vu tant de monde.

S.M. : Oui, oui. Ah, vous êtes bien informé. J'ai été vraiment séduite par son
intelligence. Vous savez, au début, quand vous êtes jeune, vous êtes impressionné
par les gens qui sont des superstars millionnaires. Mais maintenant, quand je lis
quelque chose comme ça, ou lorsque je rencontre des gens qui sont très intelligents
ou visionnaires, je suis impressionnée. Et Ibn Khaldoun, quand j'ai lu ce livre, j'ai
compris beaucoup de choses. Il y a d'autres personnalités comme celle-ci qui m'ont
inspirée beaucoup, mais lui, quand j'ai lu son livre, j'ai vu tant de choses. Il a parlé
des changements dans le monde, la mentalité que les gens ont, et voulait, que les
individus défendent leurs droits. Les luttes du peuple. En fait, il a analysé tant de
choses. Et je pense qu'il pourrait y avoir un grand changement dans le monde
arabe. C'est vrai que c'était quelque chose qui était juste dans mes pensées, mais il
y a beaucoup de choses qui peut nous empêcher de voir ce qui est possible.
Alors, c’est arrivé. Je ne peux pas dire que tout ce qui s'est passé, c'est bien, parce
que beaucoup de gens sont morts. Malheureusement. Mais il est bon de lire les livres
de visionnaires, et les gens qui sont vraiment au courant de la situation.

BE : Et cela vous a inspiré quand vous avez fait l'album en 2010 ?

SM : Pour moi, oui, je voulais écrire des chansons sur la liberté.

BE : Ce disque est sorti après les soulèvements de 2011. Qu'en pensez-vous? Il y a
une certaine correspondance entre l'esprit de ce disque de ce qui s'est passé, non ?

SM : Oui, après ces choses, j'ai lu beaucoup d'interviews où les gens disaient que
j'avais ressenti quelque chose qui allait se passer, et certains de mes amis ont dit la
même chose. Mais vraiment, j'ai été surprise. Dans le même temps, c'est quelque
chose de très inhabituel, quand tu chantes une chanson et puis les événements se
produisent. C’est très, très rare. Je ne peux pas toujours dire ce qui va se passer.
Mais en même temps, je pense que nous devons vraiment réfléchir sur ce qui s’est
passé. Chaque cas est différent, et je ne peux pas dire que je sais vraiment ce qui
va arriver dans certains de ces pays. Les choses n'arrivent pas comme ça. Il y a
beaucoup de travail à faire. Vous comprenez ce que je veux dire? Il est trop tôt pour
savoir, surtout maintenant.

B.E. : Oui, surtout maintenant. Donc, avec votre propre groupe, vous êtes en train de
faire de nouvelles chansons ?

SM : Écoutez, juste aujourd'hui, j'étais en studio à travailler sur une démo. Ce sont
les premières chansons de mon nouvel album. Je fais des démos, puis je les apporte
aux musiciens pour travailler sur les chansons. Dans l'écriture, je fais des chansons
très approximatives. J'aime être seule à écrire, toute seule. Et puis je travaille avec le
groupe pour faire les arrangements et j'ai besoin de leur participation.

BE : Dans les nouvelles chansons que vous écrivez, il n'existe aucune sorte de
pensée ou de la réflexion sur ces événements dans le monde arabe ?

SM : Eh bien, il y a un vieux poème, ce n'est pas le mien, mais c'est un de ceux que
j’ai ramenés et qui parle de ces choses. En fait, ma démarche artistique est d’utiliser
des poèmes écrits par d'autres, et de les mettre en musique. Je lis beaucoup,
beaucoup de grands philosophes et des poètes. J'aime travailler avec leur poésie.

BE : Nous avons passé un mois au Caire l'été dernier, et j'ai rencontré beaucoup de
musiciens. Je suis resté en contact avec certains d'entre eux, et j'ai l'impression que
c'est difficile pour eux de savoir ce qu'il faut chanter en ce moment. C'est un moment
difficile, parce que c'est difficile de savoir où vont les choses, et ce qui doit être dit.

S.M. : Oui. Quand vous parlez de quelqu'un qui est puissant, comme un politicien,
ou même un artiste qui est bien connu au niveau international, il a une certaine
puissance, et vous devez être très prudent dans votre discours. Parce que les mots,
le discours aura une incidence sur ceux qui se tiennent au courant. Donc, vous
avez une responsabilité. Pour un artiste, le mieux est d'avoir un message universel,
comme un message de paix. C'est une bonne chose. Ensuite, oui, il est important de
chanter à propos de la liberté, de la révolution, et de dénoncer les dictateurs, et de
travailler pour les droits. Bien sûr, chaque artiste a sa façon d'écrire. C'est important.
Mais pour moi, quand je vais, par exemple en Egypte, ils ne connaissent pas mes
chansons. Mais certaines sont très engagées, et je n'ai jamais eu des problèmes
avant la révolution, ou maintenant.

BE : Je sais que vous avez récemment fait une tournée au Moyen-Orient et dans le
Golfe. Où étiez-vous précisément ?

S.M. : J'ai fait deux tournées au Moyen-Orient. Nous sommes allés en Egypte, en
Syrie, en Jordanie, à Ramallah, dans d'autres pays aussi. Le Liban.

BE : Le public se comporte-t-il différemment, aujourd’hui ? 

S.M. : Oui. Oui. Il y a une différence. La réaction des gens est différente. Partout
dans le monde arabe, les gens comprennent environ 85% de ce que je dis. Donc,
nous communiquons. Si je parle d'une fille qui ne peut pas sortir de la maison en
raison de la tradition, les femmes arabes elles-mêmes peuvent découvrir cette
chanson. C'est quelque chose qui les concerne, par exemple. Je peux comprendre
ma langue.

BE: J'ai remarqué que quand j'ai vu le groupe au Maroc que le son sur scène était
quelque peu différent de l'enregistrement. Le CD est très relax et très beau. Sur
scène, vous avez le une attitude rock'n roll. Beaucoup d'énergie.

S.M. : Oui, oui, heureusement. Vous savez quand vous écrivez des chansons
elles prennent ensuite vraiment vie sur la scène. Elles grandissent, changent,
évoluent. Il y a beaucoup d'artistes qui font une tournée avant d’enregistrer les
chansons. C'est une bonne chose à faire. Il est bon de le faire, parce que vous avez
le temps d'explorer les chansons et les laisser grandir. Moi, je fais le contraire, je les
enregistre en studio, puis je les chante en tournée. Peut-être que je vais changer un
jour. Je vais devoir voir. Mais ce que je peux dire, c'est que les nouvelles chansons
sont comme un bébé. Je ne suis pas sûre que je veux les exposer tout de suite. Je
tiens à les protéger, les laisser grandir, avant de permettre aux gens les entendre.

BE: Peut-être que vous devriez faire un disque live, de sorte que vous pourriez
présenter les chansons à l'âge adulte.

S.M. : Oui. Oui.

B.E. : Votre groupe est merveilleux. Je vous ai vue jouer quelques fois et je suis
toujours impressionné. Il a quelques échanges intéressants avec votre guitariste. Il
est excellent.

S.M. : Eh bien, nous sommes amis depuis 10 ans. Pendant tout ce temps, c’est
la même équipe. Nous nous amusons ensemble. Nous nous amusons les uns les
autres. C'est important. Si vous avez des problèmes avec les musiciens, cela affecte
la musique.

B.E. : Oui. Et vous sentez que sur scène, vous avez vraie alchimie avec le groupe.
C’est l'expérience qui permet cette complicité.

S.M. : Oui. Nous ressentons cela avec le public aussi. C'est important. Nous faisons
des erreurs. C'est normal. C’est vrai. Mais ce n'est pas un problème.

BE : Je sais que ça va être le 50e anniversaire de l'indépendance algérienne
pendant votre tournée. Est-ce que certains d'entre vous y pensent ?

S.M. : Tout à fait. C'est important. C'est important parce que l'Algérie est un pays
qui a beaucoup souffert de la guerre. Il y a des millions de gens qui sont morts
pendant cette guerre. Toute la famille de ma mère a été tuée pendant la guerre.
Je respecte leur vie, leurs choix, leurs sacrifices. Il est très triste de perdre votre
famille. Donc pour moi c'est important. Il est important de parler de l'Histoire. Il est
important de connaître votre histoire. Si vous ne détenez pas sur ces choses, vous
ne comprendrez pas ce qui s'est passé par la suite.

BE : Donc, même si vous habitez en France, votre lien à l'Algérie demeure fort.

SM : Oui, il reste fort parce que j'ai grandi en Algérie, j'ai fait mes études en Algérie.
Je chante en arabe. Je suis toujours en contact avec ma famille, et je lis la presse
d'Algérie. Donc je reste en contact. C'est toujours ma terre natale.


B.E. : Et vous allez vous y produire ?

S.M. : Oui. J'espère y retourner bientôt. J'ai attendu que ces élections soient
passées. J'ai beaucoup de fans qui veulent me voir.

B.E. : À quand remonte la dernière fois que vous avez joué là-bas ?

S.M. : C'était il y a deux ans.

B.E. : J'ai lu que les élection se sont bien passées. C'est bien.

S.M. : Oui. Heureusement. L’Algérie, je dis toujours aux gens que ce n'est pas
comme les autres pays de la région, comme l'Egypte ou la Tunisie. Je mentionne
ces pays parce que je les connais un peu. Nous avons déjà eu le droit de nous
exprimer. Nous avons beaucoup de journaux qui dénoncent ce qui se passe avec le
gouvernement. Ce n'est pas la même chose que dans les autres pays. Nous avons
eu beaucoup de stabilité. Bien sûr, nous manquons de certaines choses. Nous avons
été très traumatisés par notre guerre civile. Nous ne voulons pas revenir à cela. Les
habitants de l'Algérie en ont assez de cela. La plupart des gens avec qui je parle
veulent aller de l'avant. Ils ne veulent pas vivre dans la souffrance et la division. Je
pense qu'il y a des moments pour vraiment réfléchir ce que vous voulez faire et à ce
que vous voulez gagner.

BE : Vous allez tourner dans un film par le réalisateur palestinien Najwa Najjar.
Parlez-moi un peu à ce sujet.

SM : Eh bien, c'est un film qui se déroule à Ramallah. Il s'agit d'un Palestinien qui
tombe amoureux d’une femme algérienne. Je pense que c'est pourquoi ils m'ont
choisie pour jouer ce rôle. Il parle de la guerre et de l'amour. Heureusement, c'est
plus de l'amour que de la guerre. C'est un peu drôle. Nous allons commencer à filmer
le 20 Août.

BE : C'est la première fois que vous jouez dans un film ?

S.M. : Oui. Ce sera la première fois. Le directeur m'a vu sur scène et dit: « Tu as une
belle allure et de la personnalité. Tu ressembles à mon personnage. » Mais c’est
autre chose avec la caméra. Ce sera une autre expérience. Mais j'ai confiance et ça
va marcher.

BE : Avez-vous fait dans du théâtre dans votre jeunesse, en Algérie ?

S.M. : Non, non. Pas du tout. Je faisais de la musique, jamais de théâtre.
Franchement, je ne sais pas comment cela va aller. Mais je me dis, pourquoi pas ?

B.E. : C'est une nouvelle aventure.

SM : Eh bien, je vais le faire, et nous verrons par la suite. On ne sait jamais, mais je
vais essayer.

BE : Y a-t-il d'autres nouveaux développements dans votre carrière dont nous
devrions parler ?

S.M.: Je ne sais pas. Je commence à travailler sur le nouvel album. Vous êtes la
première personne à qui je le dis, parce que je viens de commencer aujourd'hui.
J'ai juste commencé à écrire de nouvelles chansons. Jusqu'à présent, je suis très
heureuse. Nous allons jouer dans des festivals, cet été. Et je suis impatiente d'y
retourner pour retrouver le public américain, parce que c'est un public super.

BE : Et il y a trop longtemps que vous n’êtes pas venue ici.

S.M. : Je vous remercie.

B.E. : Maintenant, qu'en est-il des Choeurs de Cordoue ? Allez-vous enregistrer un
disque ?

S.M. : Oui, oui, oui. Universal veut nous faire enregistrer. C'est en cours. Je pense
que nous allons probablement enregistrer en Septembre.

B.E. : C'est très bien. Je pense que ce nouveau projet va vraiment élargir votre
expérience en tant que musicienne.

SM : Le problème, c'est que je tiens également à développer l'ensemble, avec
le violon et la guitare, et toutes ces choses, mais c’est très difficile de faire des
tournées. Nous n'avons pas assez de budget. Les idées sont là, mais c'est difficile.

BE : Eh bien peut-être que ce ne sera pas assez en terme de tournée, mais vous
pouvez présenter une série de concerts spéciaux, ou à la télévision et par le biais
des enregistrements.

S.M. : Oui, c'est ce que je dis. On ne tournera peut-être pas beaucoup. Ce sera
quelque chose pour les gens qui aiment la littérature et le théâtre. Ce serait peut-être
plus pour les intellectuels et ainsi de suite. Vous comprenez ?

B.E. : Bien sûr. Et même si les gens ne le vivent qu’à travers des vidéos et des
enregistrements, ils verront que vous faites de nouveaux liens avec l'histoire et la
littérature. Il n’y a pas tant de musiciens pop qui font des choses comme ça.

S.M. : C'est vrai. Franchement, j'ai eu beaucoup de chance. Vous savez si vous avez
lu, et que vous voyagez .... Pour moi, la découverte de Cordoue était quelque chose
de nouveau. Je l'ai vue, et j'ai pensé que c’était beau. Par la suite, j'ai commencé
des recherches sur Internet et dans les bibliothèques. J'ai trouvé des livres. J'ai parlé
avec des amis. Et puis nous avons commencé à jouer comme ça à la maison, ce qui
a conduit à la composition. Au début, c'était juste entre amis, en Italie. Ensuite, nous
avons mis en place certaines dates, photos, vidéos. Le projet a grandi. Á l'heure
actuelle, nous avons travaillé très dur sur ce projet.

B.E. : Je suis heureux d'entendre ce que vous dites. J'ai hâte d'entendre la suite.
Pour revenir à votre retour aux États-Unis, vous savez que lorsque vous jouez à
Brooklyn, ce sera notre fête de l'Indépendance. Vous jouez le 4 Juillet. Nous allons la
célébrer ensemble.

S.M. : Le 4 Juillet. C'est très bien. C'est très bien.

BE : La salle où vous vous produirez, Celebrate Brooklyn, est l'une des meilleures
scènes de New York. C'est beau, c'est gratuit pour le public. La diversité de la foule
le montre. Vous allez adorer.

S.M. : Très bien. Je suis heureuse d'entendre cela.

B.E. : Merci, Souad. Rendez-vous à Brooklyn.