vendredi 15 août 2008

Française

La réalisatrice, Souad El-Bouhati, passe à côté d'un très beau sujet : dommage !

Voir la bande annonce : ici


J'ai pour principe de ne mettre sur ce blog que des papiers positifs. Je fais ajourd'hui exception à cette règle, tellement je suis déçu, après avoir nourri beaucoup d'espoirs sur ce film. Je ne partage donc pas les nombreuses critiques positives et notamment celle de Télarama.

Je m'empresse de dire que Hafsia Herzi, césar du meilleur espoir 2008, est excellente, tout comme dans "La graine et le mulet" d'Abdellatif Kechiche.


Hafsia Herzi dans Française de Souad El-BouhatiLe pitch : "Sofia, née en France de parents maghrébins, passe une enfance heureuse dans sa cité de province. Son père [qui perd son job (ndlr)] ayant le mal du pays, elle se retrouve dans une ferme au Maroc. Elle a dix ans à peine. Elle se jure de passer son bac afin de retourner en France à dix-huit ans. Mais la vie s'arrange toujours pour bouleverser nos plans... " (evene.fr)

Le sujet abordé va à rebours des clichés sur l'immigration : Famille, déracinement, passage à l'âge adulte, refus de laisser sa terre natale, la France, pour Sofia, l'héroïne du film qui se sent exilée au Maroc et ne rêve que de son retour en France. Pour une fois "la beurette" n'exalte pas le communautarisme et exprime une identité très forte qui bannit les clichés habituels. Pas de problèmes des banlieues, pas d'islamisme, pas de replis communautaire. La réalisatrice a cette phrase qui situe ses intentions : "Le pays d'origine qui lui manque tant n'est pas la France, c'est son Enfance." Mais même là on ne trouve pas la profondeur.

Les paysages marocains sont bien mis en images. Ils permettent de rentrer dans cette ambiance si différente de celle ressentie de la France.

Le film tarde à démarrer et lorsqu'il s'installe enfin, après trois quarts d'heure très lents, Souad El-Bouhati, qui a été longtemps assistante sociale, traite tous les thèmes énumérés plus haut, d'une façon très superficielle. La mère qui finalement prend les décisions par rapport au combat de sa fille pour retrouver la France, offre un visage fermé, autoritaire, mais le spectateur reste sur sa faim quant aux relations avec le père qui est insignifiant dans le film. Hafsia porte le film de bout en bout sur les épaules face à des comédiennes mal dirigées qui récitent leur texte plus qu'elles ne l'interprètent.

Finalement, le spectateur comprend que Sofia gagne son indépendance, obtient le droit de décider seule, mais c'est à la toute fin du film, sans que le combat soit vraiment livré, en ce sens que l'héroïne ne s'attarde pas sur les problèmes de fond : les racines familiales, la terre natale (la sienne et celle de ses parents), l'enfermement des femmes marocaines, les rapports hommes-femmes au Maghreb, etc...

C'est un grand regret, car la thématique du film pouvait porter très haut la réflexion sociale et politique. Souad El-Bouhati, dont c'est le premier long métrage, aura sûrement l'occasion de concrétiser la sensibilité que l'on sent poindre avec ce film.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Bravo pour votre magnifique blog.
Comme vous, j'ai un blog sur la Culture Algérienne c'est:
http:hablehibou.blogspot.com
Abientôt.
Hab le hibou