Yasmina Khadra, un homme et un écrivain qui dérangent
25 mai 2008 - Mohamed Benrebiai
On a tellement dit et écrit, parfois des choses insensées, sur Yasmina Khadra, que ce soit sur sa personnalité ou sur ses positions à l’égard de son pays et l’armée, que les moins avertis se sont vus inoculer des idées fausses à l’instar de ce jeune homme qui disait, à son propos, lors d’une chaude discussion sur la terrasse d’un café d’Alger, que « Yasmina Khadra a tout renié pour les confortables salons des villes occidentales ». Cette affirmation a suscité ce modeste article en réponse à ses détracteurs, détestant l’oeuvre et l’homme et usant, en guise de critique, de dénigrements et de mensonges.
Lorsque la littérature algérienne a la chance de posséder un écrivain de cette envergure, dont la probité n’est pas la moindre de ses qualités, laisser courir de telles inepties est la pire des injustices envers celui que le prix Nobel de littérature J.M. Coetzee a qualifié « comme un des écrivains majeurs d’aujourd’hui ». Rachid Boudjedra, dont personne ne contestera les talents littéraires mais pamphlétaire acerbe à certaines heures, qui se dit, pourtant, « modeste par idéologie » trouve chez Coetzee une cinglante réponse à sa récente déclaration concernant Yasmina Khadra, qu’il considère comme « un littérateur moyen », sous-entendu comparativement à lui, et qui « ne fait même pas de roman mais du polar ». Pourquoi et à quel dessein vouloir réduire Yasmina Khadra à un écrivain de polars, sachant, pourtant, pertinemment que ceux-ci ne représentent qu’une infime partie de l’ensemble de son oeuvre constituée essentiellement de romans. Humble et modeste, Yasmina Khadra n’est cependant pas dupe de tant de vilenies, il connaît ses talents et en parle sans complexes, dans La Nouvelle République du 25 février 2001, « Je suis le seul écrivain, du moins c’est ce qu’on dit ici (en France), à pouvoir écrire dans tous les genres et à y exceller. Il ne faut pas tomber dans le piège. C’est une étiquette qu’on essaye de me coller pour me "disqualifier"...».
Yasmina Khadra déclarait, plus tard, en 2004, « A mon sens, ce qui est significatif, c’est l’engagement littéraire qui vous permet d’écrire avec intensité et authenticité. Je n’accorde pas d’importance à la querelle des styles. La preuve, j’en utilise plusieurs en fonction des atmosphères que je veux créer dans mes textes. Une oeuvre ne se réduit pas à sa catégorie. Un roman ne s’évalue pas à travers son volume. La volubilité n’est pas obligatoirement un critère de qualité, le laconisme n’est pas forcément un manque de souffle. Un livre ne vaut que par la dimension qu’il donne aux choses et aux êtres qui nous entourent » (Culture 27 mai 2004).
Dans une interview accordée, via son éditeur, à Jean-Luc Douin, de « Le Monde des livres », en 1999 soit avant qu’il ne dévoile sa véritable identité, à la question : Qu’en est-il aujourd’hui de la littérature algérienne ? Il répond : « Elle est bousillée par la jalousie ». Elle l’est certainement toujours aujourd’hui. Un article, paru au mois de novembre 2006, dans un quotidien national francophone, a vu son auteur s’atteler à déformer ou à extraire des phrases de leur contexte pour présenter Yasmina Khadra comme un mégalomane, le journaliste écrit « Il y a forcément matière à douter lorsqu’un écrivain commence à décréter, d’une manière martiale, que ses oeuvres sont les plus importantes du monde », ce qui ne fut jamais dit ou écrit par l’auteur incriminé. S’inspirant d’une critique, datant du mois de mars 2002, de Ingrid Merckx (critique du magazine Lire) qui écrivait à propos du livre L’imposture des mots , « Son récit n’a pas la teneur de L’écrivain, il est moins spectaculaire, plus intime, car il ne raconte pas, il s’explique », ce même journaliste, vraisemblablement en mal de règlement de comptes, la transforme en ces termes « Cela l’a conduit à écrire un essai maladroit dans lequel il a donné l’impression d’avoir des doutes sur son écriture. Il se justifiait presque d’avoir choisi la littérature et de s’y consacrer en s’installant en France».
Khadra arrogant ? Ecoutons plutôt Youcef Merahi, auteur de Qui êtes-vous Monsieur Khadra (SEDIA 2007), « J’avoue avoir eu quelques appréhensions avant notre entretien ; et ce, pour la simple raison que j’avais en face de moi un immense écrivain, avec tout ce que cela peut comporter comme préalables labyrinthiques. Sauf que Yasmina Khadra s’est montré d’une disponibilité humaine et intellectuelle, à la hauteur de son talent ». Dans le cours des basses et méchantes attaques contre lui, un journaliste du quotidien arabophone le plus vendu l’avait traité de « mensonge littéraire, marque déposée d’une fabrication française ». Blessé, on le serait à moins, par une allégation aussi grossière que mensongère, l’écrivain répond dans son entretien avec Youcef Merahi, « Ce journaliste est-il plus algérien que moi ? J’ai passé trente-six ans dans l’armée algérienne... j’ai passé ma vie à parcourir mon pays, à veiller sur ses frontières, à fourbir ses armes... Mon passeport est algérien et je n’en ai pas d’autres. Mon visage, mon âme, ma démarche, mon regard est algérien. De quel droit ce journaliste me dénie-t-il mon algérianité ? » (Qui êtes-vous Monsieur Khadra de Youcef Merahi). Ces dénigrements éhontés ne sont pas, sans rappeler, celles dont a fait l’objet Mohammed Dib, qui est considéré à juste titre, avec Kateb Yacine, comme le monument de la littérature algérienne et dont la reconnaissance par les siens fut posthume, tardive, et sur le bout de la langue. Mais « Il est des gens qui rejoignent certains fromages dont l’authenticité relève soit de la teneur de la moisissure, soit de la densité de leur puanteur... Ils incarnent la purulence. Les désinfecter serait les dénaturer » (L’imposture des mots de Yasmina Khadra). Quelle meilleure réponse, à ceux qui mettent en doute l’attachement de Yasmina Khadra à ses origines et à son pays, que celle de l’intéressé, lui-même, qui déclarait à son interlocuteur français : « Je suis un romancier qui compte exclusivement sur ses convictions littéraires et sa probité intellectuelle. Je suis honnête et je ne vois pas pourquoi je dois en pâtir. C’est vrai qu’en France, pour être admis, il faut renier une partie de soi-même. Certains se disent Kabyles pour se démarquer des autres Algériens, d’autres renoncent à leur passeport vert pour brandir des passeports européens, d’autres encore se disent démocrates pour condamner les libertés de ceux qui ne militent pas dans leur groupe. Moi, on m’a demandé de cracher sur ma partie militaire pour lubrifier l’ascension de ma carrière littéraire. J’ai dit non. Je suis algérien, arabo-berbère, musulman et bidasse jusqu’au bout des ongles. Pas question de me défaire d’une seule fibre de mon être. Si j’ai du talent, je finirai pas forcer le respect ; si je ne suis qu’un écrivaillon de passage, je ne tarderai pas à l’apprendre à mes dépens... » (Culture 27 mai 2004).
Si Yasmina Khadra devient sourcilleux lorsqu’il s’agit de certains principes, il ne juge, par contre, personne par rapport à ses choix. Cela le grandit plus et réduit à leur véritable nature ces pamphlétaires de carte postale qui, à force de manier le mensonge, le mensonge s’est retourné contre eux « En France, je ne suis pas un exilé, mais un émigré. Ma notoriété d’écrivain ne me met aucunement à l’abri des tracasseries administratives et mentales liées aux problèmes de l’émigration. Mais cela ne me consterne pas outre mesure. Certains amis me suggèrent d’opter pour la double nationalité. Je ne peux pas changer de papiers sans changer la couleur de mes yeux et le timbre de mon accent. Je suis algérien, et je préfère le rester. Cela ne veut pas dire que j’en veux à ceux qui ont opté pour la naturalisation. Chacun mène sa barque comme il l’entend. Moi, c’est ainsi que je veux mener la mienne, un point c’est tout». A Youcef Merahi, dans Qui êtes-vous Monsieur Khadra, il tient à préciser « je ne reproche rien ni à mon faciès ni à mon accent. Ils sont mon identité, mes coordonnées, ma filiation. Beaucoup de gens me demandent : "Est-ce que vous vous sentez français ? " Parce que j’écris en français ? Je suis algérien. Ce n’est pas la langue qui fait mon appartenance biologique, mes racines, mes traditions, ma nationalité ». Walid Sahraoui, dans L’Expression du 8 novembre 2007, résume presque parfaitement la nature profonde du sentiment de Yasmina Khadra pour son pays. « Il défend son pays bec et ongles. Là aussi, il le fait non pour avoir une rente, mais par conviction. Parce qu’il n’a pas de pays de rechange et parce qu’il sait que s’il veut imposer le respect aux autres, il est vital de ne pas insulter les siens. De ne pas s’insulter. Ce principe, Khadra l’a appris de ses ancêtres du Sahara, les Doui Meniâ, de grands poètes qui lui ont inculqué l’idée que la littérature est une grande charité ». Oserons-nous douter encore des principes de ce bédouin d’origine si fier de ses racines algériennes ? Il est parmi « les gens qui naissent debout, allergiques aux servitudes et qui cassent sec s’ils sont amenés à courber l’échine » (A quoi rêvent les loups de Yasmina Khadra). Son amour pour son pays ne l’aveugle pas pour autant sur tant de choses qui vont de travers et c’est un écrivain, à l’écoute de son peuple, qui, en génial observateur, a décrit et disséqué, comme personne d’autre n’a su le faire, une société, notamment celle de la décennie rouge, qui n’avait « ni repères, ni tutelle, enfin tutelle réelle». Yasmina Khadra «C’est la puissance transfiguratrice du réel», comme disait Malraux à propos de Balzac. Sa tristesse n’est pas feinte quand il décrit l’Algérie, dans sa tribune publiée par le quotidien espagnol El Pais le 1er juin 2007, comme «un monastère triste et désoeuvré... tous les clochers sont en berne. Félés, misérables et laids, ils continuent de sonner le glas de nos espérances». Il ne ménage pas nos gouvernants et écrit, avec raison, « ces artisans de nos déconfitures n’arrêtent pas de nous décevoir. A chaque banqueroute, ils nous promettent de revoir leurs copies et de se corriger et oublient l’essentiel : ce ne sont pas leurs copies qui sont en cause, mais eux-mêmes ». Les nantis et les parvenus, dont les portraits sont si bien restitués dans son roman A quoi rêvent les loups, sont durement épinglés dans son interview accordé à France inter, en 1999, « C’est un monde qui s’est fait d’une manière contestable. C’est une bourgeoisie née comme magie à partir de choses condamnables. Bergers d’hier, aristocrates d’aujourd’hui. De plus, au lieu de rester dans leur propre microcosme, ces gens là ont préféré étaler leur faste devant les pauvres. C’est donc une bourgeoisie agressive. C’est elle qui provoque la misère des autres. Elle l’accentue et s’attire toutes les foudres... » (Liberté du 25 septembre 1999).
Pour Khadra tout n’est quand même pas noir puisque il a ce message d’espoir « Pourtant, l’Algérie n’est pas morte. Elle regorge de talents, par endroits de génie. Elle est encore aimée par ses enfants qui ne demandent qu’à lui venir en aide. Je les ai rencontrés en Europe, en Asie, aux USA, partout où je suis passé... nous avons un pays fantastique, riche et encore vierge, un Eldorado en jachère, un futur grand Etat capable de rayonner sur la Méditerranée... ». Sur la complexité des liens de Yasmina Khadra avec l’armée, qui a prêté à mille et une analyses, laissons la parole à l’écrivain, n’est-ce pas la meilleure des références. Les 36 années passées dans l’institution militaire, avec tout ce qui a pu avoir comme brimades et frustrations, et parallèlement les déchirures familiales, n’ont pas pour autant semé dans son coeur, à la grande déception de quelques cercles ici et en France, de la haine envers la grande muette. En réponse à Dehbia Aït Mansour, il déclare : « L’armée ne m’a jamais empêché d’écrire, elle m’a constamment ignoré. Tout ce qu’elle voulait, c’était un officier compétent, discipliné, et je crois l’avoir été de mon côté. Je n’ai rien exigé, rien revendiqué, parce que je savais que la place d’un écrivain devait se situer aux antipodes d’une place d’armes. J’ai vécu ma vocation d’écrivain quelque part dans un coin de ma solitude, avec l’espoir sans cesse grandissant de retrouver cette lumière qui me permettrait de retrouver la voie qui était foncièrement mienne : la littérature » (Liberté du 30 janvier 2001). La distinction est faite entre deux mondes, aux antipodes l’un de l’autre, celui de l’armée où « on se sert de sa tête que pour porter un casque et de ses neurones pour assimiler les ordres » et celui de la littérature son « Olympe de lumière ». Cette armée, qui fut sa « seconde famille », diabolisée par les uns et louée par les autres, qui savent que « c’est grâce à ce dernier rempart que la nation tient debout », il continue à la traîner comme un boulet difficile à s’en défaire. Lorsque son livre, L’écrivain, annoncé comme un best seller, sortit en 2001, son audience fut grevée par la parution des deux livres polémiques La sale guerre de Habib Souaïdia et Qui a tué à Bentalha ? de Yous Nasroullah. Yasmina Khadra déclara dans un entretien accordé à La Nouvelle République, le 25 février 2001, « Mon livre est sorti ici, en France, pris en sandwich entre deux écrits infamants. J’ai été pendant quatre ans pénalisé à cause de mon anonymat, maintenant, je suis pénalisé à cause de mon statut militaire ». A Youcef Merahi, dans Qui êtes-vous Monsieur Khadra, il confie « C’est vrai que je suis mal barré, avec cet uniforme qui se veut ma tunique de Nessus. Certaines chapelles bien pensantes préfèrent me tenir à distance, me disqualifiant d’office. Ceux qui me contestent n’ont pas besoin de ruer dans les brancards pour chahuter mon travail, il leur suffit de dire « c’est un militaire » et l’estocade fait mouche ». La rédaction du magazine Lire (Janvier 2007) tresse des louanges suite à la trilogie Les Hirondelles de Kaboul, sur l’Afghanistan, Les sirènes de Bagdad (2006), sur la guerre en Irak, et L’Attentat (2005), « Yasmina Khadra a un talent fou. Et un sacré courage ! Voici un romancier qui n’a pas peur de saisir à bras-le-corps une actualité que la plupart des romanciers se contentent de suivre ». Encensé par les uns et vilipendé par les autres, les siens surtout, Yasmina Khadra est sans appel envers la presse arabe dans une interview à Nassira Belloula (Liberté 30 octobre 2005) « Je refuse de m’enfermer dans une littérature endémique. Je suis traduit sur les cinq continents et cela fait de moi un citoyen du monde. Lorsque j’écris, je m’adresse à tous les hommes de la Terre. Savez-vous que 90 % de mon lectorat est occidental. Hormis les Algériens et les Marocains, les Arabes ne me connaissent pas. Au Moyen-Orient, on me lit en anglais, et personne n’a cherché à me traduire. Quand je pense que je suis traduit en Malayalam (Inde), en Catalan (Espagne), bientôt en flamand et en créole, c’est-à-dire dans des langues régionales, ça m’effraie comme c’est pas possible. Les Arabes sont hostiles au livre. Savez-vous que le journal El Hayat m’accuse de sacrifier la Palestine pour décrocher le Goncourt, thèse que le journal libanais El Manar s’est chargé de colporter avec le même enthousiasme perfide ? L’apartheid littéraire est en nous, dans le monde arabe. Nous sommes les plus grands ennemis de l’écrivain... ». Yasmina Khadra « s’il a su capter, voire fasciner un si large auditoire, c’est parce qu’il ne s’est jamais départi de sa condition de héraut d’une cause, d’un peuple, d’une partie de l’humanité. Il le fait avec un talent encore non égalé. C’est l’Arabe qui ne vocifère pas, c’est l’Algérien lourd d’une des plus cruelles étapes dans la vie de son peuple, c’est l’officier de la seule et vraie armée du peuple dans le monde arabe. C’est le musulman qu’habitent les lumières d’une religion qui construit ; c’est l’alchimie de tout cela qui lui a sans doute permis de forcer le discours qu’est le sien, un discours qui porte. Le discours d’un humaniste. Un humaniste debout. Je dirais même d’un humaniste armé. Yasmina Khadra mérite d’être d’abord fêté par les siens » ( Zouaoui Benhamadi ex-Directeur de l’ENRS). La méchanceté des hommes le répugne et il n’aime ni la bêtise, ni la bassesse, ni la malveillance et encore moins l’hypocrisie et la médiocrité. C’est un humaniste qui, avec des mots, « multiplie les miracles », c’est un orfèvre en écriture.
Malheureusement et en raison, notamment, du vide culturel et du prix des livres, hors de portée des modestes bourses, les Algériens, qui ne font pas partie du monde argenté très restreint parmi les férus de littérature, comme ce jeune de la terrasse du café d’Alger, ne connaissent de Yasmina Khadra que ce qui est rapporté par les médias ou par ouïe-dire. L’objectivité n’est pas, bien sûr, toujours de mise, et on a pu apprécier comment quelques journalistes ou un grand écrivain comme Boudjedra, peut-être jaloux de la notoriété de Khadra devenu un écrivain mondialement reconnu et dont les livres sont traduits en 30 langues, peuvent déformer la réalité. Dans cet article, la parole a été volontairement et souvent donnée à l’écrivain pour rétablir un tant soit peu une vérité parfois travestie. Dans ce même ordre d’idées, nous lui laisserons le soin de conclure
« Pourquoi ce rejet, cette hostilité morbide qui nous amènent jusqu’à contester les meilleurs d’entre nous, qui nous empêchent de saluer les mérites des nôtres, de dire merci sans avoir le sentiment d’afficher profil bas ? Qu’est-ce qui nous dresse sans cesse les uns contre les autres dans la paix alors que nous sommes traités de la même manière en temps de guerre ? Pourquoi sommes-nous incapables de construire un avenir commun, alors que nous sommes si unis dans les martyres d’hier?... La réponse est le Mensonge. On nous ment depuis toujours. On nous manipule. On nous empêche de nous entendre. Et si les Algériens ne s’entendent pas, c’est parce qu’ils ne s’écoutent pas. Il est temps d’apprendre à vérifier la véracité de ce que l’on nous raconte, de se poser des questions lucides, de chercher nos vérités jusque dans la crasse des caniveaux. Celui qui ne connaît pas sa vérité ne saura jamais où il va. Quand on marche à tâtons en pleine lumière, on finit immanquablement par se casser les dents ».
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