Cet écrivain de talent, m'attire beaucoup. J'aime bien sa façon d'aborder les questions. Il est en général lucide et sans concession.
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et de plaisir "Harraga" et "Poste restante : Alger". Je reviendrai sur ces deux ouvrages ultérieurement.
Par contre, son dernier livre "Le village de l'Allemand" m'interroge, après la lecture de nombreux articles de la presse algérienne notamment et l'écho de Ahmed hanifi sur son blog : http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2008/01/sansal-et-le-village-de-lallemand.html
J'ai choisi l'aricle ci-dessous qui me semble être assez représentatif de la presse algérienne.
Nul doute que je vais lire cet ouvrage et que j'en parlerai sur ce blog.
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et de plaisir "Harraga" et "Poste restante : Alger". Je reviendrai sur ces deux ouvrages ultérieurement.
Par contre, son dernier livre "Le village de l'Allemand" m'interroge, après la lecture de nombreux articles de la presse algérienne notamment et l'écho de Ahmed hanifi sur son blog : http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2008/01/sansal-et-le-village-de-lallemand.html
J'ai choisi l'aricle ci-dessous qui me semble être assez représentatif de la presse algérienne.
Nul doute que je vais lire cet ouvrage et que j'en parlerai sur ce blog.
Boualem Sansal (Écrivain) : Audacieux ou délirant ?
Après la parution de son roman Le village de l’Allemand, Boualem Sansal est crédité en Occident comme « un grand romancier arabe ». Pour les nombreux lecteurs algériens qui connaissent les œuvres de cet écrivain talentueux, Boualem Sansal recèle de grandes qualités de style et « colle » à la réalité.
Il est, indiscutablement, un écrivain de son temps et c’est ce qui fait son succès. Mais quand les médias occidentaux l’affublent de « grand écrivain arabe », c’est bien pour souligner une certaine désorganisation de personnalité qualifiée de façon insidieuse comme de l’audace. L’écrivain fait l’objet d’une opération de récupération à grande échelle pour avoir « osé dénoncer l’existence en Algérie des liens historiques entre le nazisme et l’islamisme ». Des journaux israéliens, notamment du Jérusalem Post, s’emparent du cas de Sansal. Avec du recul, on se demande si les accusations de ce romancier relèvent de l’audace ou, tout simplement, d’un délire paranoïaque mortifère qui se confirme au travers de toutes les déclarations aussi outrageantes qu’insensées du romancier. A l’apogée de sa maturité, Boualem Sansal semble perdre pied avec le réel. Dans le climat général qui prévaut, marqué par des confusions bien entretenues entre l’Islam, l’extrémisme et le terrorisme, notre romancier se relègue, volontairement ou non, dans un rôle peu glorieux de sous-traitant des théoriciens sur « le choc des civilisations » annonciateur d’une troisième guerre mondiale. Les interlocuteurs de Sansal, complaisants à souhait, ne relèvent pas le gigantesque écart chronologique qui sépare l’avènement du nazisme, né dans les années trente, et les violences islamistes apparues dans notre pays en 1990. M. Sansal répète inlassablement dans chaque interview que « des nazis ayant servi dans les camps d’extermination ont entraîné l’armée de Libération nationale ». Autrement dit, on n’aurait pas pu avoir notre indépendance sans le concours des résidus du 3e Reich… A l’appui de ses assertions, il s’en remet à des individus anonymes rencontrés dans un café vers 1980. Cette soi-disant présence de nazis, largement amplifiée, n’apparaît nulle part ailleurs que dans le génie de M. Sansal. Doué d’une qualité de conteur, Boualem Sansal captive l’attention de ses interlocuteurs. Il use de son pouvoir auprès de journalistes — crédules ou complices — qui pensent découvrir une Algérie pointée par un indigène du cru, comme une immense prison, un espace concentrationnaire. En observateur singulier, il divulgue un secret dont il est, apparemment, le seul dépositaire. Il fait état de « militarisation du pays, de lavage des cerveaux et même d’exaltation de la race » comme pour souligner de fantasmatiques similitudes entre l’Algérie contemporaine et l’Allemagne du national-socialisme. C’est fort. Se tournant vers la classe des révisionnistes qui glorifient l’occupation coloniale comme « un facteur de civilisation », M. Sansal apporte son argument ; il soutient que « l’histoire de la colonisation est instrumentalisée par les chefs d’Etat arabes pour désinformer le peuple. » Ajoutant une touche au tableau apocalyptique qu’il dépeint sur son pays, l’ancien haut fonctionnaire sort un autre scoop de son chapeau ; il déclare au Nouvel Observateur que l’Algérie est un pays où la « xénophobie, le racisme et l’antisémitisme sont érigés en dogme ». Et pour s’enliser un peu mieux sur le registre du sensationnel, l’écrivain aiguise l’appétit de ses nouveaux amis par une autre info hautement révélatrice d’une désorganisation psychique. Il aligne l’Algérie dans l’axe du mal, comme pour inviter un défilé de B 52 libérateurs sur nos têtes. Il lance au journaliste ébahi d’étonnement que « les Etats-unis, la France et Israël sont régulièrement sollicités comme des comploteurs par le pouvoir algérien quand il est aux abois ». Que vaut cette opinion accueillie sans critique ? Les chiffres du commerce extérieur de l’Algérie avec la France et les USA notamment, ne sont-ils pas, aussi significatifs d’amitié ? Les « révélations » de l’auteur du Village de l’Allemand ne méritent pas de démenti. L’analyse des propos démontre à l’évidence que l’homme est sous l’emprise d’une peur panique associée à des visions dans le cadre d’un complot à l’échelle mondiale. Il en est le témoin unique. Comme à travers la fresque de Guernica de Pablo Picasso, le roman de Sansal rassemble pêle-mêle tous les thèmes qui l’ont effrayé dans sa sensibilité et son émotivité d’homme de lettres. Faut-il lui en tenir rigueur ? Témoin et victime d’une époque de terreur qui semble ne pas finir, Boualem Sansal a vécu une tranche de vie dans la proximité avec la mort violente. Qui pourrait évaluer les dégâts d’une telle expérience dans toutes ses dimensions ? Les incohérences de Boualem Sansal sont un message à l’Algérie associée à l’image maternelle aimée et haïe en même temps. Romancier, à l’écoute de son temps, son système de perception a subi trop de sollicitations morbides. Dans ces conditions, l’envahissement de l’irrationnel dans le verbe est significatif d’un état traumatique.
Rachid Lourdjane
10 février 2008
10 février 2008
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