dimanche 21 août 2011

LE PONT DE SIDI RACHED FERMÉ DURANT 70 JOURS

Cirta revoit son plan de circulation

Par
 
De larges fissures, visibles à l'oeil nu, étaient remarquées sur certains piliers du pont Sidi Rached était considéré comme le plus haut pont du monde.
Construit entre 1908 et 1912, par l'ingénieur Aubin Eyraud, pour relier le centre-ville à la gare, le pont de Sidi Rached, d'une longueur de 447 mètres avec 27 arches dont une de 70 mètres, la plus haute culminant à 107 mètres, était considéré comme le plus haut pont du monde lors de sa construction. Vieux d'un siècle, le temps aura donc fait son oeuvre. Raison pour laquelle, il a eu droit récemment à des travaux de restauration d'extrême urgence, en attendant de subir une grande opération de réhabilitation et de renforcement plus approfondie.
Etant soumis au phénomène du glissement, le pont a connu plusieurs déplacements au niveau de sa culée Ouest. D'où les travaux urgents, qui s'imposent et débuteront enfin, demain. Le pont sera fermé à la circulation durant 70 jours. C'est au grand soulagement des habitants limitrophes qui vivaient dans l'angoisse de voir cette oeuvre s'effondrer, menaçant ainsi des vies humaines. De larges fissures, visibles à l'oeil nu, étaient remarquées sur certains piliers. Et l'alerte était au rouge. La fermeture du pont pour des opérations de renforcement demandera, cependant, un nouveau plan de la circulation.
Des mesures ont été prises dans ce sens par les instances compétentes de la wilaya. Dans cette perspective, il a été envisagé de déplacer la station de bus de la daïra d'El Khroub vers la place dite El Fedj, sise à Djenane Zitoune, ainsi que le transfert de la station de bus de la nouvelle ville Ali Mendjeli, depuis l'avenue Achour-Rahmani à Khemisti. Le nouveau plan de la circulation prévoit aussi une nouvelle trajectoire pour les taxis desservant les lignes, Oued El Had, Sidi Mabrouk, Daksi. Ils seront appelés à faire un détour via Bardo, alors que ceux qui assurent les lignes Ziadia, Emir Abdelkader et Djebel El Ouahche, doivent passer par l'avenue Tatache et Bab El Kantara. Leur stationnement sera déplacé vers la Casbah du côté de la caserne militaire.
Ce plan semble avoir pris en considération le problème des embouteillages, notamment au rond-point de la place des Martyrs. A cet effet, le stationnement sera strictement interdit à la rue Larbi-Ben M'Hidi, afin d'assurer une circulation fluide et permettre l'ouverture d'un second axe reliant la gare au centre-ville.
Comme souligné plus haut, ce plan sera fonctionnel 70 jours, le temps que la société à laquelle a été confié le projet de renforcement finisse ses travaux. A ce propos, les travaux ont été pris en charge par l'entreprise algérienne Sapta, connue pour ses multiples réalisations d'ouvrages d'art, en association avec une société italienne, connue aussi pour sa grande expérience dans ce domaine. Pour M. Amar Remâche, DTP de la wilaya de Constantine, l'opération de renforcement doit forcément se faire par étapes.

D'abord, il faut creuser pour atteindre les fondations, ensuite libérer complètement les espaces pour ne pas gêner les déplacements des engins, et c'est ce qui a nécessité à son sens un nouveau plan de circulation. Certes, il est à une durée déterminée de 70 jours mais la ville va davantage s'engouffrer dans une atmosphère étouffante. Déjà avec les travaux du tramway, la ville était devenue invivable et avec cette nouvelle stratégie de circulation, ce sera encore plus compliqué!

Exploitations agricoles de Boumerdès

Quand les terroristes rackettent les fellahs

le 21.08.11 | 01h00

L’islamisme armé fait encore parler de lui à ce jour en Algérie. Les attentats perpétrés ces dernières semaines dans les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira ont suscité moult interrogations quant à l’éradication définitive de ce fléau qui a mis le pays à feu et à sang durant la décennie noire. La peur et la crainte de lendemains incertains hantent de nouveau les esprits.
 
Les groupes armés, sévissant sous la bannière de l’ex-GSPC, ne semblent pas près à renoncer à leur logique criminelle, notamment dans les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira. Les populations de cette région vivent toujours sous la hantise de la violence terroriste. Les sbires de Droukdel s’en prennent à tout. Même aux agriculteurs, auxquels ils exigent le payement de «la dîme» afin de perpétuer leur sale besogne. Il y a quelques jours, une trentaine de paysans des localités de l’est de la wilaya de Boumerdès se sont plaints des pressions exercées contre eux par les groupes armés.
Ces derniers leur exigeaient le versement d’une partie des bénéfices engrangés après la vente de leurs récoltes sous peine d’être exécutés ou de voir leurs champs dévastés. Le fait n’est pas nouveau dans la région.


Le racket et l’extorsion de fonds des notabilités de la région n’est un secret pour personne. Aujourd’hui, l’opinion locale et nationale ne peut que s’interroger sur le sort de cet argent et les véritables sources de financement des groupes terroristes armés. Les dénonciations, dont ont fait part récemment certains paysans des localités à vocation agricole, ne sont qu’une infime partie de l’iceberg. Enfin, qui finance l’organisation terroriste et qui tire profit de la manne obtenue grâce aux actes de kidnappings perpétrés dans la région durant ces cinq dernières années ? Qu’en pensent les agriculteurs et quelles sont les difficultés auxquelles ils sont confrontés lors de l’exercice de leur activité ?
Pour répondre à ces questions, nous avons choisi d’effectuer un long périple à travers les localités abritant les terres les mieux cultivées et les plus fertiles de la wilaya. La première halte fût la plaine des Issers. Coincée entre deux oueds, cette contrée qui tire son nom du mot berbère Ighezer, semble à première vue désertée par les siens en cette matinée du premier week-end du mois de Ramadhan.
Ce qui attire l’attention du premier visiteur est le massacre que subissent les vastes surfaces du sud et de l’entrée ouest de la ville, à cause de l’avancée effrénée du béton. Les petites fermes coloniales se sont transformées en petits bidonvilles, érigés ça et là sans aucune norme et dans l’indifférence totale des autorités.

Les terres qui, jadis, nourrissaient même les Européens ne sont que de vastes champs abandonnés. «L’agriculture sans agriculteurs ! Les vrais paysans n’ont même pas de quoi acheter de l’engrais ou des semences pour cultiver leurs parcelles. Allez voir la ferme Ghanem, elle est squattée et occupée par des gens avides de terrain. L’Etat parle des milliards de centimes qui seraient destinés pour le développement de l’agriculture, mais on a rien vu venir. On connaît tous notre administration, elle ne donne que pour ceux qui en ont déjà», lance un quinquagénaire rencontré non loin de la coopérative apicole, au sud de la ville.

Le labour à l’orée des maquis

Poursuivant son constat, notre vis-à-vis soutient que même la situation sécuritaire y est pour quelque chose. «Les fellahs sont livrés à eux-mêmes. Les ’’terros’’ attendent jusqu’au moment de la récolte et viennent leur exiger leur part du gain. Pour le moment, tout le monde, y compris les autorités, sait qu’il y a ceux qui les financent mais contre leur propre gré et de peur de subir le pire.
«Moi, je crois que c’est à l’Etat de les protéger et de pourchasser les terroristes», pense notre paysan, le visage labouré par les rides. Le sujet est un vrai tabou dans la région. Même les premiers concernés par cet épineux problème font semblant de tout ignorer. «On est une proie facile pour les terroristes. C’est notre vie qui est en jeu. Car la majorité travaille à l’orée des forêts. Parfois, ils passent même au milieu de nos champs. Mais on ne sait même pas si ce sont des militaires ou des terroristes déguisés», lance un fellah de Tamlakmenth.

«Il y a une année, un citoyen qui ramassait du bois aux alentours de Oued Issers m’a confié être tombé nez à nez avec des hommes armés. Ils lui ont conseillé de ne plus revenir sur les lieux sous peine d’être égorgé», ajoute-t-il. Nous quittâmes Issers en prenant la direction de Naciria, une autre localité à vocation agricole, située au pied des monts de Sidi Ali Bounab, de sinistre réputation. À première vue, rien ne montre qu’on est dans un chef-lieu de daïra. Le centre-ville offre un décor hideux. La menace terroriste semble toujours de mise. Le rond point qui jouxte le commissariat ciblé par un attentat kamikaze en 2008, est barricadé.
La région est connue pour la production de raisin de table et de melon. Les automobilistes qui ont l’habitude d’emprunter la RN12 auront certainement remarqué les jeunes désœuvrés ayant érigé des baraques de fortune de part et d’autre de la rue pour faire face au chômage qui y fait des ravages. Des parcelles appartenant aux exploitations agricoles communes (EAC) sont inexploitées en raison du manque d’eau.
Le barrage réalisé au village agricole de Boumeraou n’a pas été d’un grand secours pour les fellahs. Le réseau d’irrigation est défaillant.

Il présente des centaines de fuites qui attendent d’être réparées depuis plusieurs années. «Pour le moment, il n’y a que les terres des alentours qui sont irriguées et avec nos propres moyens. Car le réseau n’a été réalisé que dans la partie aval, du côté de Chender», note un agriculteur qui se plaint des lenteurs enregistrées dans l’octroi des aides annoncées par la tutelle dans le cadre du FNRDA. «L’Etat fait des lois qu’on n’a jamais appliquées sur le terrain. J’ai formulé une demande pour l’achat d’un économiseur d’eau et une pompe depuis plus d’une année. Mais on m’a signifié que c’est moi qui devais l’acheter, après on me rembourse», ajoute-t-il avec amertume.
Les paysans évoquent tout, sauf les rançons et les terroristes. Certains soulignent que ce sont les propriétaires des parcelles reculées qui sont menacés. Ils rappellent le cas d’un fellah qui a été tué, au début des années 2000, suite à l’explosion d’une bombe artisanale placée au milieu de son champ de vigne, qui a été déraciné quelques semaines auparavant par les éléments de l’ex-GSPC. Mais il n’y a pas que lui qui a subi les affres du terrorisme. D’autres, natifs des localités de Cap Djinet, Legata et Sidi Daoud en ont également payé les frais pour la simple raison qu’ils avaient refusé de céder au chantage des terroristes. A Cap Djinet, quatre champs de vigne ont été pillés durant ces cinq derniers mois dans le seul village de Ben Ouali.
Les vergers sont détruits en une nuit. Leurs propriétaires ont été ruinés. Le même crime s’est produit également dans la commune de Legata, où l’on fait état d’un agriculteur qui a retrouvé la moitié de son verger déraciné, une semaine après avoir refusé de plier devant les exigences des membres de la phalange terroriste locale.

Les fellahs «très attachés» à leurs terres

Après Naciria, nous retrouvons Baghlia, une région connue comme étant le fief des acolytes de Droukdel et la terre nourricière de la wilaya. Avant d’atteindre la ville, il a fallu passer par deux barrages fixes dont le premier est installé avant le pont de l’oued Sebaou. Il est 14h, les habitants vaquent le plus normalement du monde à leurs occupations.
Baghlia est célèbre aussi pour son raisin de table, l’un des meilleurs à l’échelle nationale –notre visite intervient en pleine récolte – mais aussi et surtout pour ses vergers de pommes qui longent l’oued Sebaou. Aujourd’hui, les fellahs de la région sont très fiers de cette réputation.
Mais ils vivent souvent la peur au ventre. La menace terroriste plane toujours sur leur tête.

La plupart d’entre eux se sentent oubliés par l’Etat, mais cela ne les a pas poussés pour autant à renoncer au travail de la terre. «L’agriculture coule dans notre sang. Abandonner mes terres serait pour moi un sacrilège et une véritable trahison», tempête le fellah, spécialisé dans les cultures maraîchères, qui se plaint de la spéculation et des difficultés auxquelles les paysans font face pour écouler leurs produits en raison du diktat des gros mandataires et du monopole exercé sur le stockage.
Notre interlocuteur dénonce également le laxisme des autorités quant à la lutte contre le pillage du sable au niveau de l’oued Sebaou et la réalisation de forages leur permettant d’irriguer leurs vergers.
A toutes ces difficultés s’ajoutent la pression exercée sur les fellahs et les investisseurs de la région, de la part des éléments de la sériate terroriste locale, dirigée par un certain Slimani, qui a rejoint les maquis en 1994. Cette sériate serait en effet à l’origine de nombreux rapts perpétrés contre les agriculteurs de la région. Le dernier en date remonte au mois de mai 2010.
La victime du rapt a été libérée après plus de 20 jours de séquestration et après une large mobilisation des citoyens de la localité. Cette mobilisation a été enclenchée grâce au P/APC, assassiné deux mois après par la horde intégriste. De l’autre côté de l’oued Sebaou, l’on retrouve la localité de Sidi Daoud (ex-Abbo).
Une commune dont la majorité du territoire est parsemé de raisin, notamment sa variété «sabel». Les habitants de cette région, qui englobe également les communes de Benchoud, Dellys, Taouarga et Afir, ont payé un lourd tribut durant la décennie noire. Les groupes armés qui y sèment encore la terreur se réfugient dans les fameux maquis de Ghezeroual et Sahel Boubarak.
Ramdane Koubabi

vendredi 19 août 2011

Tunisie : Le pôle Démocratique Moderniste appelle au meeting du 20 août au Palais des spôrts d'El Menzah

Un meeting sera organisé au palais des sports
d'El Menzah, le samedi 20 août
par le Pôle Démocratique Moderniste



Le Pôle regroupe les partis et initiatives citoyennes suivants :


  • Mouvement Ettajdid
  • Le Parti Socialiste de Gauche
  • Alwifak Al Joumhouri
  • La Voie du Centre
  • Mouvement de la Citoyenneté et de la Justice
  • Appel pour un pôle démocratique culturel
  • Assez de divisions, Allons de l’avant
  • L’Initiative Citoyenne
  • Le Collectif National des Indépendants du PDM
  • La Ligue des indépendants progressistes


POURQUOI CE POLE EST-IL IMPORTANT? Voici une opinion argumentée :

Les lâcheurs de proie pour l’ombre

Par Boujemaâ REMILI(*)
Joseph Staline, pendant la Seconde Guerre mondiale, aurait répondu à quelqu’un qui lui faisait savoir que le Pape n’était pas content‑: «De combien de divisions blindées dispose-t-il‑?». Ceux qui tiennent en main les appareils des partis ont aussi l’air de répondre, à propos de ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, expriment leurs inquiétudes politiques concernant les risques que court le pays : «Qui sont-ils‑?». Mais ceux-ci ne devraient pas entrer dans un jeu puéril en retournant exactement la même question. Le moment n’est vraiment pas propice à ce type d’exercice.

La vérité des élites politiques tunisiennes va éclater le 24 octobre 2011. Sauf que cette vérité est connue d’avance. Une assemblée absolument ingouvernable, parce que ce qui se gouverne se planifie. Nous n’avons que trop souvent entendu l’argument justifiant le refus de l’alliance électorale des démocrates modernistes, parce que ce serait le système électoral qui aurait imposé d’aller aux élections en rangs dispersés, pour récolter le plus de «restes». Quelle belle stratégie que cette «politique des restes» !

Les véritables intentions se situent ailleurs. Tout le monde sait que, en l’absence d’un pôle crédible, qui emporte la conviction du trop grand nombre d’électeurs indécis et candidats à l’abstention, qui fait le poids face à Ennahdha et dont l’accord d’alliance serait conclu avant les élections et sert de base à la campagne électorale, avec des listes arrêtées d’un commun accord, en l’absence donc de cela, les partis démocratiques vont se faire ratatiner, parce qu’ils seront électoralement non crédibles, car personne ne comprendra sur la base de quoi ils se distinguent les uns des autres.
Ce scénario, tout le monde le connaît. Et c’est là-dessus que les stratégies post-électorales sont en train de se bâtir. Car il n’y aura pas d’autre choix pour beaucoup que de se tourner vers Ennahdha, qui deviendra ainsi maître absolu du jeu politique de la Tunisie post-révolutionnaire.

Cette voie est tellement crédible que même le système ex-RCD est en passe de basculer armes et bagages vers le parti islamiste. Mais qu’à cela ne tienne pour certains. N’ont-ils pas suffisamment assuré leurs arrières de ce côté-là, pour qu’ils se retrouvent en amis-amis aussi bien avec les «uns» qu’avec les «autres». Il est vrai que le parti islamiste peut considérer qu’il ne devrait pas trop faire peur et ne pas trop abuser de sa victoire, en restant légèrement en retrait et en mettant en avant des «façades modernistes», mais qu’il tiendrait suffisamment sous contrôle pour qu’elles ne puissent pas sortir de son dispositif.

Et on se retrouvera ainsi dans des situations à l’iranienne et la soudanaise, où beaucoup d’arroseurs ont été trop bien arrosés, pour finir en brochettes dans le broyeur des rouleaux compresseurs du totalitarisme.

Pourquoi  un pays comme la Tunisie qui a su, par une incroyable subtilité de l’âme et de l’esprit, échapper historiquement aux schémas moyenâgeux, se retrouve-t-il de nouveau confronté à ce risque majeur‑? Il ne faut pas engager des moyens trop sophistiqués pour découvrir la réponse. Ce qui nous arrive est le résultat de l’attitude de ceux qui ont décidé de «lâcher la proie pour l’ombre», de laisser échapper le vrai pouvoir de gouverner sur une base démocratique et moderniste pour une illusion de pouvoir sous contrôle passéiste.                    

B.R.
* (Universitaire, homme politique)

jeudi 18 août 2011

El Watan : Attentats, faux barrages, kidnappings, racket

La lutte antiterroriste mise à rude épreuve
le 18.08.11 | 01h00

Tizi Ouzou, Sidi Ali Bounab, Yakourène, des noms qui reviennent telle une litanie à la une de l’information sécuritaire en Algérie. Embuscades contre des convois des forces de sécurité, enlèvements avec demande de rançon, attaques à main armée de bureaux de poste et de transporteurs de fonds, faux barrages, rackets, délinquance diverse, la région sombre dangereusement dans l’insécurité.

Tandis que les autorités politiques se murent dans un silence incompréhensif, après avoir «rétabli» la paix sur papier, les maquis se régénèrent et la population redécouvre une implacable activité terroriste menée par des groupuscules mobiles, rompus aux tactiques de l’embuscade, capables de lancer des attaques meurtrières simultanées comme ce fut le cas en février 2008 à Aïn Zaouïa, Aït Yahia Moussa, Aghribs et Tadmaït. Les autorités chargées de la lutte antiterroriste ont de tout temps expliqué l’acharnement des groupes armés contre cette région de 2958 km2 par son relief escarpé, ses forêts touffues et ses innombrables abris difficiles d’accès. L’étendue des maquis de la wilaya peut-elle à elle seule expliquer cette facilité déconcertante de déplacement et frappe des phalanges affiliées à la branche locale d’Al Qaîda ? Pour des observateurs, même si le relief s’y prête à merveille, la défaillance est à situer plutôt dans la faillite du renseignement et une certaine baisse de vigilance constatée ces derniers temps.

A Tizi Ouzou, après chaque attentat, les interrogations fusent à propos de l’efficacité du déploiement sécuritaire annoncé par les autorités. En effet, en dépit des moyens d’intervention mis à la disposition des différents corps des services de sécurité, dont des hélicoptères à vision nocturne, le dispositif sécuritaire demeure vulnérable et la défaillance dans le maillage sécuritaire est palpable sur le terrain. On se replongeant dans l’atmosphère de 2008, l’on peut «justifier» la réussite de l’attentat suicide du 3 août de cette année contre la première sûreté urbaine de la wilaya de Tizi Ouzou, car le kamikaze n’avait pas rencontré trop de difficultés pour commettre son acte criminel en raison notamment d’une certaine baisse de vigilance à cette époque de la part et des services de sécurité et de la population, qui croyaient palper désormais le retour de la paix. Mais celui de dimanche dernier, presque le même horaire qu’en 2008, on ne peut l’admettre sans trop d’interrogations, sachant que la ville de Tizi Ouzou a toutes ses issues quadrillées par des barrages filtrants de gendarmerie, de militaires et de la police, quasiment «hermétiques», de par les moyens sophistiqués utilisés pour la détection d’armes et d’explosifs.

D’aucuns justifient la réussite de cet attentat par le fait que le barrage filtrant et permanent de la brigade spéciale de la police au lieudit Annar Amellal, au sud de la ville de Tizi Ouzou, ait été levé il y a plusieurs mois. Pour s’introduire dans la ville, le kamikaze islamiste, auteur de l’attentat, aurait emprunté ce côté qui donne sur plusieurs zones non contrôlées s’étalant vers la vaste région de Bouhinoun. Sur ce point, des observateurs se demandent à quel niveau de responsabilité a-t-on décidé de la levée de ce barrage vital, placé en permanence depuis plus d’une année ? En tout état de cause, la levée du barrage filtrant d’Annar Amellal a contribué, reconnaissent les mêmes observateurs, à la «réussite» de l’attentat criminel du 14 août 2011. Le démantèlement des groupes de patriotes et des GLD, en parallèle avec la politique de réconciliation nationale et de concorde sont les autres facteurs ayant contribué à la dégradation de la situation sécuritaire dans cette wilaya qui, outre les attentats meurtriers à l’explosif, a connu depuis 2006 pas moins de 65 cas d’enlèvement de personnes suivis de demandes de rançon.
Ahcène Tahraoui

mercredi 17 août 2011

El Moudjahid : Nouveau plan de Circulation à Constantine

Constantine : Un nouveau "plan de circulation d’urgence" pour le centre

Un "plan de circulation d’urgence", à même de décongestionner les différentes artères et d’organiser les flux de circulation et de déplacements urbains, sera mis en place au centre-ville de Constantine

PUBLIE LE : 02-07-2011 | 18:54

Un "plan de circulation d’urgence", à même de décongestionner les différentes artères et d’organiser les flux de circulation et de déplacements urbains, sera mis en place au centre-ville de Constantine "avant la rentrée sociale", a indiqué jeudi le directeur des Transports. Une enveloppe financière de 90 millions de Dinars a été débloquée pour concrétiser ce nouveau plan de circulation devenu, selon M. Abdelmalek Djouini, "vital" dans une ville qui étouffe sous le poids d’une circulation automobile et piétonne "infernale". Selon le même responsable, l’acquisition d’un millier de plaques de signalisation et la réparation des feux tricolores dans les différentes intersections et ronds-points du centre ville, figurent parmi les actions d’urgence qui seront menées dans le cadre de ce nouveau plan de circulation.
Destiné à fluidifier le trafic dans la zone dite "hyper-centre de Constantine", ce nouveau plan de circulation sera exécuté en trois phases pour permettre à la population de mieux s’adapter avec les nouveautés qui seront introduites dans la circulation automobile dans cette ville, a encore souligné M. Djouini.
Les concepteurs de ce nouveau plan de circulation ont préconisé, dans une première étape, la transformation de la rue du 19-juin (ex-rue de France) en voie piétonne et l’interdiction de stationnement de chaque côté de la rue mitoyenne Larbi Ben M’hidi, communément appelée, à Constantine, "Trik J’dida".
Le stationnement des véhicules sera également interdit rues Aouati Mostefa (ex-rue de Sétif) et Messaoud Boudjeriou (Saint Jean), à proximité du marché Bettou, a ajouté M. Djouini. Ces mesures d’urgences devront dynamiser le fonctionnement du nouveau parking à étages situé dans la rue Zaâmouche, a souligné le même responsable précisant que ce parking à étage réalisé pour régler le problème de stationnement dans la ""ville des ponts" continue de fonctionner en deçà de ses capacités faute de textes actualisés réglementant la circulation routière au centre-ville.
Les parkings des "S" (nom donné à une rue serpentant à hauteur du marché Bettou jusqu’au Coudiat) seront mis à contribution pour permettre une meilleure application de ce nouveau plan de circulation, présenté comme la seule alternative face à l’asphyxie constatée au centre-ville, a encore indiqué le même responsable.
Il sera procédé dans le cadre de ce plan à la création de deux nouveaux circuits, le premier allant du parking à étages de la rue Zaâmouche jusqu’à Bab El Kantara, en passant par le pont Sidi Rached, les allées Benboulaïd et la rue Larbi Ben M’hidi.
Le second trajet reliera les mêmes quartiers de Zaâmouche et de Bab El Kantara via le pont Sidi Rached, le boulevard Messaoud Boudjeriou, l’avenue Belouizdad, l’avenue Abane Ramdane, les allées Benboulaid et la rue Larbi Ben M’hidi, a précisé le directeur des Transports.
La station de taxis et de bus de l’avenue Rahmani Achour (ex-Bardo) verra une nouvelle domiciliation dans le cadre de ce nouveau plan de circulation puisqu’elle sera transférée vers le parc communal situé juste à côté mais assez loin des habitations, a fait savoir le même responsable.
Il sera procédé au titre des seconde et troisième phases à l’ouverture des souterrains du centre-ville à la circulation piétonne et à l’installation de barrières aux abords des places du 1er-novembre et des Martyrs pour séparer la circulation piétonne et automobile, a-t-on précisé. Dix-neuf autres artères et 7 carrefours situés dans les quartiers Filali, Coudiat, Ziadia, Sidi Mabrouk et Casbah, entre autres, seront ultérieurement touchés par des actions d’organisation routière initiées dans le cadre de ce nouveau plan de circulation, a-t-on également noté. La "plate-forme de la circulation routière" dans la ville de Constantine sera "complètement métamorphosée" d’ici à quelques mois avec la réception du tramway et de la dernière tranche de l’autoroute Est-Ouest qui imposeront une amélioration dans le mode de gestion routière, a conclu M. Djouini.

Algérie-Focus : Un chanteur tunisien expulsé (2)

“Je n’ai jamais insulté l’Algérie,
j’ai parlé du mal qui règne dans les pays arabes ” :
Bendir Man raconte son expulsion de l’Algérie

Algerie-Focus.com : Vous avez été expulsé récemment d’Algérie avec une interdition d’accès au territoire algérien, alors que vous participiez à un concert de musique, sur invitation de Baâziz. Pouvez-vous nous dire les raisons qui ont motivé cette expulsion ?
Si je le savais, je vous l’aurais dit volontiers. J’ai juste fait une petite intervention avec Baâziz, je n’ai rien dit d’arrogant ni de déplacé, j’ai juste chanté des chansons que j’ai faites pour la Tunisie. 
A l’aéroport dimanche, j’allais partir quand au checkpoint l’officier me demande d’attendre, ( j’étais avec mon producteur). Ils sont allés au bureau et les agents sont revenus pour me dire : “tu vas partir maintenant mais tu as une interdiction du territoire algerien.” J’ai demandé pourquoi, on ma répondu : “Si tu as un problème, tu vas le regler avec le consulat”. C’est ça en gros ce qui s’est passé.

Comment ressentez-vous cette expulsion ?
Je n’en comprends toujours pas les causes. Je n’ai jamais insulté l’Algérie ni aucune personne, et je n’ai pas à intervenir dans ses affaires internes. Tout ce que j’ai fait c’est la chanson sans plus. Je ne suis pas donneur de leçons ni exportateur de révolution  comment on me l’a reproché, je suis un chanteur qui chante dans son deuxieme pays, l’Algérie, et qui dit les choses comme elles le sont, qui parle de la pauvreté, de la dictature, du chômage, de tout le mal qui règne dans les pays arabes et du tiers monde.

Un journaliste d’El Watan a écrit sur facebook que le chanteur Baâziz essaye de justifier votre expulsion en disant que c’est un coup médiatique dont vous profitez pour avoir de la publicité. Que lui répondez-vous ?
Baâziz est un grand frère pour moi et j’ai voulu lui rendre hommage en Tunisie en l’invitant à Carthage où il avait critiqué le pouvoir tunisien et où tout le monde  avait rigolé, tunisiens comme algeriens. Même le consul algerien était présent et c’était plus que sympatique car ça ne dépassait pas la rigolade.
Je respecte beaucoup Baâziz pour dire quoi que ce soit de mal sur lui. Je dis juste que je n’ai rien inventé, car il faut être un très bon mythomane pour creér tout ça.

Comment comptez-vous réagir après cette affaire ?
On m’a conseillé de me rendre au consulat, je vais le faire en respectant les procédures.  Je dis qu’il ne faut pas gonfler ce problème tout en le laissant entre nous, car il ne faut pas que les gens qui ne veulent pas que l’union des frères et soeurs maghrebins soit faite, aient cette chance de nous voir désunis. Je le dis à tous les médias : je n’accepterais jamais qu’on dise du mal de la Tunisie tout comme de l’Algerie.
Est-ce que vous pouvez chanter librement en Tunisie maintenant que Ben Ali est parti ?
Bien sûr qu’on peut chanter librement, la Tunisie est un pays en voie de devenir un pays démocratique, et on sera tous unis pour dépasser le stade transitoire. Il reste encore des problèmes, c’est tout à fait normal, car pour bâtir une démocratie il faut du temps et beaucoup de perseverence, et je suis très optimiste, je sais que mon pays progressera avec le temps, tout comme je le souhaite pour tous les pays arabes.

Un dernier mot ?
Dernier mot : un seul match de foot a montré au monde combien le Maghreb est uni et le sera encore plus inch’Allah.

Propos recueillis par Fayçal Anseur

mardi 16 août 2011

Dernières Nouvelles d'Algérie : un chanteur tunisien expulsé

Le chanteur tunisien Bendir Man
expulsé d’Algérie pour avoir critiqué
les dirigeants algériens

Auteur de chansons satiriques, le tunisien Bayram Kirani, alias Bendir Man, a été « expulsé » par les autorités algériennes dimanche 14 août a annoncé l’intéressé sur ses comptes facebook et twitter. Cette expulsion a été assortie d'une interdiction de territoire algérien, a-t-il ajouté. Les autorités algériennes lui reprochent, selon ses propos, de vouloir exporter « les pensées de la jeunesse tunisienne ». C'est-à-dire, révolutionnaires.



Bendir Man se trouvait en Algérie pour tenir deux concerts d’affilée : le premier à Alger et le second à Bejaia. Vendredi 12 août, Bendir Man accompagné du chanteur algérien Baâziz a été invité à quitter la scène au beau milieu du deuxième concert, prétextant un problème de sono, raconte le site tunisien Webdo.
Le chanteur tunisien, contacté par ce même journal, a livré son récit des faits. « Tout a commencé la veille (jeudi, ndlr), lors du premier concert, quand Bendir Man a chanté ‘99% chabaa dimokratia’ (99% plein de démocratie), une parodie sur les élections pipées. Quand les spectateurs en liesse ont réclamé des noms, Bendir Man a tout simplement répondu ‘les dirigeants arabes, comme celui que nous avions en Tunisie, et que vous avez présentement’. Ce qui n'a pas manqué d'enflammer la foule de spectateurs, au point qu'à la fin du concert, certains ont crié ‘Baaziz président, pouvoir assassin !’ »
Ces propos, Bendir Man, allait les payer cher puisque le concert de Bejaia a été avorté. « Vendredi, l'organisateur a été sommé d’arrêter le deuxième concert, chose qu'il a refusée et le ‘show must go on’, mais au milieu du concert, la sono, sabotée, a tout simplement explosé’. Le concert a été arrêté. Les spectateurs sont restés sur leur faim », poursuit la même source.
Dimanche 14 août, une fois à l'aéroport, le vol de Bendir Man a été retardé d'une heure et quart. Pendant ce temps, selon le site tunisien, Bandir Man « a été questionné durant tout ce temps. Son bagage a été fouillé, et pour finir on lui a montré une feuille officielle mentionnant qu'il était désormais interdit de séjour en Algérie. Les policiers l'ont accusé d'exporter la révolution. Propos auquel, l'artiste a répondu que ce n'était pas des conserves de tomates».
« L’Algérie est un très beau pays, l'accueil et les gens sont très hospitaliers, mais sans être donneur de leçons, c'est dommage qu'avec autant de ressources et de richesses, ce pays se retrouve avec un taux de chômage élevé et un système aussi corrompu que le nôtre », a encore confié Bendir Man.
Aussitôt révélée, la nouvelle de son expulsion a suscité un élan de solidarité et de réprobation de ses nombreux fans.
Ce n’est pas la première fois que ce chanteur soit décrété persona non grata. Après deux ans de carrière, cet homme de 26 ans n’a pas eu le droit de donner un seul concert en Tunisie ou de diffuser sa musique du temps du règne absolu de Ben Ali
Pourtant, sa voix et ses chansons ont retenti plus fort avant et après la révolution du jasmin, faisant de Bendir Man un symbole. Ses chansons circulaient d’ailleurs sous le manteau.
Dans sans pays natal, Il a fallu attendre la chute de Ben Ali pour que Bayram organise des concerts.
Les textes caustiques de Bendir Man, accompagnées avec un peu de reggae, de sonorités nord-africaines et de musique traditionnelle tunisienne, révèlent les travers de la société tunisienne et plus particulièrement ceux du régime.
Cet artiste impertinent qui vit entre Paris où il poursuit ses études (master en sociologie du sport) et la Tunisie, est devenu rapidement la coqueluche des Tunisiens. Il compte plus de 150 000 fans sur MySpace et près de 120 000 amis sur Facebook. C’est grâce d’ailleurs à ces réseaux sociaux que les chansons de Bendir Man ont trouvé écho auprès d'une bonne partie des Tunisiens.

lundi 15 août 2011

Dernières nouvelles d'Algérie

L'arnaque de décembre 2010 :
«L’offensive de grande envergure»
contre Al Qaïda en Kabylie

La fin de l’année 2010 et les six premiers mois de l’année 2011 ont été marqués par des événements qui ont fait la Une des médias algériens. Surexposés ou surmédiatisés, ces événements se sont révélés comme des flops ou des arnaques. Grande offensive antiterroriste en Kabylie, ouverture des médias publics au pluralisme, agrément de nouveaux partis politiques, nouveau billet de 2000 dinars, dépénalisation du délit de presse... DNA revient au cours de cet été sur ces grandes arnaques qui ont fait les choux gras de la presse. Premier épisode : La grande offensive de l’armée contre Al Qaïda en Kabylie.



Tout le monde a tartiné dessus, DNA y compris avant que nous décidions de ne plus publier une ligne supplémentaire sur le sujet.
Des hélicoptères, des blindés, des milliers d’hommes en renfort, les réseaux de téléphonie mobile brouillés, l’opération lancée par l’armée en décembre 2010 a été présentée, nous l'avions présentée, comme une offensive de grande envergure contre les groupes d’Al Qaïda au Maghreb islamique qui infestent les maquis de Sidi Ali Bounab, en Kabylie. On allait voir ce qu’on allait voir en matière de lutte anti-terroriste.

Retour sur cette grande offensive médiatique

Sauf que huit mois après cette opération, on ne sait fichtrement rien de ses résultats. Et on en vient même à douter qu’elle ait eu lieu, du moins dans les propensions et l’ampleur que la presse lui a donnée. Une opération flop ? Une manipulation ? Retour sur cette grande offensive médiatique.
Mercredi 9 décembre 2010, la presse, y compris DNA bien sûr, annonce qu’une opération militaire est en cours dans les maquis de Sid Ali Bounab, réputés depuis le milieu des années 1990 comme un fief des groupes armés affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dirigée par Abdelmalek Droukdel.
Objectif ? Faire capoter une réunion que ce dernier préparait avec ses troupes, dont plusieurs émirs, dans ces maquis touffus et presque impénétrables de Kabylie.

3000, 4000, 5000, 6000, 7000 soldats engagés dans la bataille

Des milliers de soldats, 3000, 4000, 5000, 6000, voire même 7000, sont lancés dans la bataille. Des hélicoptères et des blindés sont dépêchés en renfort pour appuyer les troupes sur le sol. Des officiers supérieurs de l’armée, on parle même de deux généraux et d’un patron d’une région militaire, supervisent les opérations.
Les réseaux téléphoniques des trois opérateurs, Djezzy, Nedjma et Mobilis, sont brouillés et deviennent même inaccessibles dans plusieurs localités de Tizou Ouzou, Bouira et Boumerdés. Le grand ramdam!
Cette offensive rappelle celle menée par l’armée durant l’automne 1997 contre les fiefs du GIA, à Thala Acha, à Sidi Moussa, et à Oued Allen, dans les plaines de la Mitidja.
A une différence prés. A cette époque, les journalistes étaient conviés à assister aux briefings quotidiens conduits par le général Fodhil Cherif. Ils avaient même droit d’interroger des terroristes capturés au cours de cette opération.
En décembre 2010, l’offensive de l’armée contre les maquis d’Al Qaïda s’est faite dans l’opacité la plus totale.
Il n’empêche…

Dix, vingt, vingt cinq terroristes tués

Au cours des cinq premiers jours qui ont suivi le début cette offensive, des informations commencent à filtrer dans la presse. On y évoque le déroulement des opérations, les moyens engagés ainsi que les premiers résultats, c'est-à-dire l’élimination de plusieurs terroristes.
Dix, vingt, vingt cinq, les chiffres varient selon les titres et les sources.
Parmi les activistes éliminés, on dénombre deux gros poissons. Le premier n’est autre que le chef d’Al Qaïda au Maghreb, Abdelmalek Droukdel. L'homme donné mort, les services de sécurité se seraient ainsi rendus chez sa famille pour prélever des échantillons d’ADN pour aider à son identification.
Le second, s’il n’a pas l’envergure de son chef, n’est pas moins connu : c’est Abdelkahar Belhadj, fils d’Ali Belhadj, ancien numéro deux du FIS. Des échantillons d’ADN on été prélevés auprès de ses proches pour aider à l’identification de son corps.

Sources anonymes

L’opération se poursuit pendant plusieurs jours. Si la presse continue de publier des détails parcellaires mais plus ou moins précis, les autorités elles ne soufflent pas mot. Pas le moindre communiqué du commandement de l’armée, pas le moindre début d’une déclaration du ministère de l’Intérieur. C'est à peine si les médias n'inventaient pas cette opération...
Diable ! 7000 militaires lancés aux trousses d'Al Qaïda en Kabylie, deux généraux engagés dans la bataille, le chef même d'Al Qaïda au Maghreb islamique qui serait élimé au cours des engagements militaires et les officiels ne pipent pas un mot! Cette opération, à ne plus en douter, est une invention de journalistes...
C’est que, comme de coutume, les informations sont livrées par des sources anonymes, d’honorables correspondants qui refusent d’être cités.
Le premier, le seul et dernier responsable à s’exprimer sur le sujet est le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Interrogé mercredi 22 décembre 2010 par des journalistes, le chef de l’Exécutif confirme le déroulement de l’opération mais refuse de s’attarder sur la question. « Le bilan de l’opération vous sera fourni par les services concernés », répond-t-il laconiquement. Sans plus !

C’était six mois plutôt

Six mois plus tard, on ne sait toujours rien de cette opération. Les « services concernés » n’ont pas fourni de bilan et la presse n’a plus communiqué sur le sujet depuis lors. Abdelmalek Droukdel mort ou encore vivant ? On attend toujours les résultats des échantillons de son ADN prélevés en décembre 2010.
Le fils de Belhadj éliminé en décembre 2010 au cours de cette l’opération en Kabylie ? Selon notre confrère de la presse arabophone Ennahar (édition du mercredi 27 juillet), ce dernier a été plutôt abattu lundi 25 juillet à Thénia, à 100 km à l’est d’Alger, alors qu’il transporterait une ceinture bourrée d’explosifs.
L’opération de l’armée en Kabylie ? Une grande opération qui retombe comme un soufflé.

samedi 13 août 2011

La Médina de Constantine

Le Ramadhan, ses saveurs et ses attraits

le 13.08.11 | 01h00
Ammi Mahmoud entame sa journée tôt le matin. Du haut de ses 60 ans, ce retraité, enfant de la médina de Constantine, n’a rien perdu de sa verve et de sa bonne humeur. « Même durant le mois de Ramadhan, je ne change pas mes habitudes », dit-il d’un ton jovial.
Dès 7h, ammi Mahmoud prend le bus du centre-ville à partir de la cité Sakiet Sidi Youcef où il habite depuis les années 1980, après avoir quitté la maison de ses parents à Souika. « Je garde toujours des liens avec mon quartier natal que je visite tous les jours », relève-t-il. Comme pour une escapade, il commence par une virée à la rue Mellah Slimane. « Chaque Ramadhan a un cachet inédit et inusité dans ce vieux quartier où les gens de la ville, quel que soit leur statut social, viennent même de loin faire leurs emplettes ici, où ils trouvent de la marchandise à bon prix, notamment la viande, mais aussi tous les ingrédients et les produits alimentaires pour faire des plats à la saveur typiquement constantinoise, même si les traditions et les mœurs ont beaucoup changé », assure-t-il. Il est vrai que certains profitent aussi de ce mois pour faire des affaires au gré des « humeurs du ventre ». L’image des ces vendeurs de petit-lait, servi dans des bouteilles en plastique ou même des sachets de congélation, confirme les clichés qui collent encore à ce mois, durant lequel certains consommateurs, assommés par le jeûne, n’hésitent pas à «ramasser» toutes sortes d’abats exposés aux poussières et visités par des nuées de mouches.

Des vendeurs de djawzia (nougat au miel et aux noix), de loukoum (halwet halkoum), de halwet turque et autres confiseries sorties de nulle part occupent les petits espaces qui restent entre les petites échoppes ne laissant qu’un infime passage aux piétons. Après les salamalecs d’usage à l’endroit des vendeurs de fruits secs, pruneaux et abricots séchés, l’on se dirige tout droit vers la place d’El Batha, en empruntant la rue Sidi Nemdil. Le local de Chabani Abdelaâdhim, maître incontesté de la fameuse harissa au miel, ne désemplit guère. La canicule de ce mois d’août n’a pas dissuadé une foule qui assaillit les lieux comme les abeilles, une ruche. « Tu me donnes une snioua (un petit plat dans lequel on sert la harissa) bien arrosée au miel, car celle d’hier, était presque sèche », s’écrie une dame voilée dont le corps a pris la moitié du comptoir. La harissa de ammi Chabani, succulente et fondant dans la bouche, est très célèbre même en dehors de Constantine. « C’est devenu presque une marque que certains commerçants véreux ont exploité à leur propre compte en prétendant vendre la harissa d’El Batha un peu partout dans la ville et même dans des wilayas voisines », dira ammi Mahmoud. Le patron des lieux a même collé un avis sur le devant de sa boutique. Une sorte d’avertissement pour ces clients afin d’éviter d’acheter « une fausse harissa d’El Batha », chez un commerçant « chinois ». Comme quoi, on n’hésite pas à usurper la fonction d’un préparateur de harissa. A 11h, le mercure monte, la chaleur devient insupportable dans ces venelles où l’on se dispute le moindre petit bout d’ombre.

Des vagues humaines à Trik Djedida

Sur le chemin vers la rue Larbi Ben M’hidi, plus connue par Trik Djedida (ex-rue Nationale), le passage par la rue Sellahi Tahar, dans le quartier de Sidi Bouannaba, du nom d’un saint de la ville, est inévitable. Difficile de se frayer un chemin entre une nuée de vendeurs proposant des bouteilles de jus et de « gazouz », du pain sous toutes ses formes et ses couleurs, des galettes maison, du «matloû» et des feuilles de bourek. Parmi les piétons, il y a plus de curieux que d’acheteurs.


Les rues à Constantine ont beaucoup plus d’importance que les édifices et les logements. « Les gens, regardez-les, sont des maniaques de la déambulation ; ils tournent en rond comme dans une cour de prison ou un camp de concentration. Que deviendraient-ils si l’on n’avait pas ouvert dans la ville toutes ces artères, bien qu’elles soient étroites et sinueuses ?», est-on tenté de paraphraser cheikh Abdelmadjid Boularouah, héros du roman Ezilzel (le Séisme) de Tahar Ouettar. Ammi Slimane évite de s’attarder sur les lieux. Il a d’autres chats à fouetter. « Je dois faire un saut à Rahbet Essouf (la place de la laine), ex-place des Galettes, où je dois passer voir mon ami Hadj Rabah, celui qui prépare la fameuse zlabia, format Boufarik », lance-t-il. Il faut jouer des coudes pour traverser la rue Kadid Salah, ex-rue Combes, devenue un souk spécial où l’on vend tout ce qui est féminin, de la petite lingerie, aux gandouras, en passant par le cosmétique. « C’est un véritable souk enssa (souk des femmes) qui occupe une partie importante du vieux quartier de R’cif ; les seuls hommes qu’on y trouve sont les commerçants », ricane ammi Slimane. Après un raccourci par le quartier El Djezzarine, qui abrite les petites échoppes des tripiers, on arrive devant le sabat (passage voûté) de la mosquée Sidi Lakhdar, qu’on traverse à la hâte pour se retrouver à Rahbet Essouf.

Téléphérique

Curieusement, il n’y a pas assez de monde devant le vieux local de ammi El Hadj Rabah. Ce dernier, la soixantaine bien entamée, garde toujours sa forme. Assis tranquillement face à un grand poêle, vêtu d’un tablier blanc, une chéchia sur la tête, une serviette mouillée autour du cou, il manie la pâte avec dextérité. Sans jamais s’arrêter, il joue avec un ustensile en forme d’entonnoir pour dessiner des morceaux de zlabia grand format, qui prennent une couleur dorée une fois plongés dans une bassine de miel. «Malgré le poids des années et les tentations du commerce lucratif, El Hadj Rabah n’a jamais pensé délaisser un métier qu’il exerce avec passion et patience», explique ammi Slimane. Ce dernier, après avoir acheté deux kilos de zlabia dorée, reprend le chemin du retour après une journée harassante. A quelques encablures de là, il y a la station du téléphérique, juste à proximité du vieux quartier Echaraâ, dans le temps celui des juifs de Constantine. « J’adore prendre ce moyen de transport, histoire de contempler le rocher et ses merveilles avant de rentrer chez moi », dit-il. 

Arslan Selmane