mercredi 17 août 2011

Algérie-Focus : Un chanteur tunisien expulsé (2)

“Je n’ai jamais insulté l’Algérie,
j’ai parlé du mal qui règne dans les pays arabes ” :
Bendir Man raconte son expulsion de l’Algérie

Algerie-Focus.com : Vous avez été expulsé récemment d’Algérie avec une interdition d’accès au territoire algérien, alors que vous participiez à un concert de musique, sur invitation de Baâziz. Pouvez-vous nous dire les raisons qui ont motivé cette expulsion ?
Si je le savais, je vous l’aurais dit volontiers. J’ai juste fait une petite intervention avec Baâziz, je n’ai rien dit d’arrogant ni de déplacé, j’ai juste chanté des chansons que j’ai faites pour la Tunisie. 
A l’aéroport dimanche, j’allais partir quand au checkpoint l’officier me demande d’attendre, ( j’étais avec mon producteur). Ils sont allés au bureau et les agents sont revenus pour me dire : “tu vas partir maintenant mais tu as une interdiction du territoire algerien.” J’ai demandé pourquoi, on ma répondu : “Si tu as un problème, tu vas le regler avec le consulat”. C’est ça en gros ce qui s’est passé.

Comment ressentez-vous cette expulsion ?
Je n’en comprends toujours pas les causes. Je n’ai jamais insulté l’Algérie ni aucune personne, et je n’ai pas à intervenir dans ses affaires internes. Tout ce que j’ai fait c’est la chanson sans plus. Je ne suis pas donneur de leçons ni exportateur de révolution  comment on me l’a reproché, je suis un chanteur qui chante dans son deuxieme pays, l’Algérie, et qui dit les choses comme elles le sont, qui parle de la pauvreté, de la dictature, du chômage, de tout le mal qui règne dans les pays arabes et du tiers monde.

Un journaliste d’El Watan a écrit sur facebook que le chanteur Baâziz essaye de justifier votre expulsion en disant que c’est un coup médiatique dont vous profitez pour avoir de la publicité. Que lui répondez-vous ?
Baâziz est un grand frère pour moi et j’ai voulu lui rendre hommage en Tunisie en l’invitant à Carthage où il avait critiqué le pouvoir tunisien et où tout le monde  avait rigolé, tunisiens comme algeriens. Même le consul algerien était présent et c’était plus que sympatique car ça ne dépassait pas la rigolade.
Je respecte beaucoup Baâziz pour dire quoi que ce soit de mal sur lui. Je dis juste que je n’ai rien inventé, car il faut être un très bon mythomane pour creér tout ça.

Comment comptez-vous réagir après cette affaire ?
On m’a conseillé de me rendre au consulat, je vais le faire en respectant les procédures.  Je dis qu’il ne faut pas gonfler ce problème tout en le laissant entre nous, car il ne faut pas que les gens qui ne veulent pas que l’union des frères et soeurs maghrebins soit faite, aient cette chance de nous voir désunis. Je le dis à tous les médias : je n’accepterais jamais qu’on dise du mal de la Tunisie tout comme de l’Algerie.
Est-ce que vous pouvez chanter librement en Tunisie maintenant que Ben Ali est parti ?
Bien sûr qu’on peut chanter librement, la Tunisie est un pays en voie de devenir un pays démocratique, et on sera tous unis pour dépasser le stade transitoire. Il reste encore des problèmes, c’est tout à fait normal, car pour bâtir une démocratie il faut du temps et beaucoup de perseverence, et je suis très optimiste, je sais que mon pays progressera avec le temps, tout comme je le souhaite pour tous les pays arabes.

Un dernier mot ?
Dernier mot : un seul match de foot a montré au monde combien le Maghreb est uni et le sera encore plus inch’Allah.

Propos recueillis par Fayçal Anseur

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