La lutte antiterroriste mise à rude épreuve
le 18.08.11 | 01h00
Tizi Ouzou, Sidi Ali Bounab, Yakourène, des noms qui reviennent telle une litanie à la une de l’information sécuritaire en Algérie. Embuscades contre des convois des forces de sécurité, enlèvements avec demande de rançon, attaques à main armée de bureaux de poste et de transporteurs de fonds, faux barrages, rackets, délinquance diverse, la région sombre dangereusement dans l’insécurité.
Tandis que les autorités politiques se murent dans un silence incompréhensif, après avoir «rétabli» la paix sur papier, les maquis se régénèrent et la population redécouvre une implacable activité terroriste menée par des groupuscules mobiles, rompus aux tactiques de l’embuscade, capables de lancer des attaques meurtrières simultanées comme ce fut le cas en février 2008 à Aïn Zaouïa, Aït Yahia Moussa, Aghribs et Tadmaït. Les autorités chargées de la lutte antiterroriste ont de tout temps expliqué l’acharnement des groupes armés contre cette région de 2958 km2 par son relief escarpé, ses forêts touffues et ses innombrables abris difficiles d’accès. L’étendue des maquis de la wilaya peut-elle à elle seule expliquer cette facilité déconcertante de déplacement et frappe des phalanges affiliées à la branche locale d’Al Qaîda ? Pour des observateurs, même si le relief s’y prête à merveille, la défaillance est à situer plutôt dans la faillite du renseignement et une certaine baisse de vigilance constatée ces derniers temps. A Tizi Ouzou, après chaque attentat, les interrogations fusent à propos de l’efficacité du déploiement sécuritaire annoncé par les autorités. En effet, en dépit des moyens d’intervention mis à la disposition des différents corps des services de sécurité, dont des hélicoptères à vision nocturne, le dispositif sécuritaire demeure vulnérable et la défaillance dans le maillage sécuritaire est palpable sur le terrain. On se replongeant dans l’atmosphère de 2008, l’on peut «justifier» la réussite de l’attentat suicide du 3 août de cette année contre la première sûreté urbaine de la wilaya de Tizi Ouzou, car le kamikaze n’avait pas rencontré trop de difficultés pour commettre son acte criminel en raison notamment d’une certaine baisse de vigilance à cette époque de la part et des services de sécurité et de la population, qui croyaient palper désormais le retour de la paix. Mais celui de dimanche dernier, presque le même horaire qu’en 2008, on ne peut l’admettre sans trop d’interrogations, sachant que la ville de Tizi Ouzou a toutes ses issues quadrillées par des barrages filtrants de gendarmerie, de militaires et de la police, quasiment «hermétiques», de par les moyens sophistiqués utilisés pour la détection d’armes et d’explosifs.
D’aucuns justifient la réussite de cet attentat par le fait que le barrage filtrant et permanent de la brigade spéciale de la police au lieudit Annar Amellal, au sud de la ville de Tizi Ouzou, ait été levé il y a plusieurs mois. Pour s’introduire dans la ville, le kamikaze islamiste, auteur de l’attentat, aurait emprunté ce côté qui donne sur plusieurs zones non contrôlées s’étalant vers la vaste région de Bouhinoun. Sur ce point, des observateurs se demandent à quel niveau de responsabilité a-t-on décidé de la levée de ce barrage vital, placé en permanence depuis plus d’une année ? En tout état de cause, la levée du barrage filtrant d’Annar Amellal a contribué, reconnaissent les mêmes observateurs, à la «réussite» de l’attentat criminel du 14 août 2011. Le démantèlement des groupes de patriotes et des GLD, en parallèle avec la politique de réconciliation nationale et de concorde sont les autres facteurs ayant contribué à la dégradation de la situation sécuritaire dans cette wilaya qui, outre les attentats meurtriers à l’explosif, a connu depuis 2006 pas moins de 65 cas d’enlèvement de personnes suivis de demandes de rançon.
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