Un moment fort, exceptionnel
L’Avant-Scène-Cognac, 7 mars 2005, avec Léa Dant
Ce jour là, je me rends au théâtre de Cognac pour rencontrer Léa qui, pour la Compagnie Théâtre du Voyage Intérieur, va m’interviewer sur ce qui est pour moi un tournant de ma vie. Parmi de très nombreux témoignages, elle en sélectionnera six qui constitueront son spectacle « Je cheminerai toujours » .
Même si ma relation ne figure pas parmi les textes retenus pour le spectacle, j’ai eu l’immense joie de vivre une soirée inoubliable lorsque, quelques temps après, les comédiens sont venus spécialement pour nous restituer nos récits. Un spectacle privé en quelque sorte et un moment de partage extraordinaire avec la Compagnie du Théâtre du voyage intérieur et l’équipe de l’avant-scène, lors du repas qui a conclu la soirée.
Je livre au lecteur ce récit que j’ai remis en forme d’après la bande magnétique que m’a gentiment remise Léa. Cette remise en forme, nécessaire pour une lecture facilitée, a consisté à gommer les traces du langage oral qui parasite considérablement la compréhension.
« Ce passage de ma vie, il est encore en cours de fabrication (rires)… Parce qu’en fin de compte, il démarre. J’avais quatorze ans, et je n’étais pas en métropole, j’étais en Algérie.
Donc je suis un enfant d’Algérie, français qui a été obligé de partir et qui ne l’a pas choisi. Ce départ, il a eu plusieurs vécus après. Parce qu’à quatorze ans, on est encore un gamin. On ne se rend pas encore tout à fait compte de ce qui se passe. On part… Bon, c’était la guerre, et l’indépendance arrivait. l’Algérie n’était plus française, mais, on ne voit pas tout ce que l’on voit quand on est un adulte bien entendu.
Et je suis donc parti avant mes parents, au mois d’août 62, une date que tout le monde connaît. Enfin, tout le monde… Ceux qui sont dans mon cas. Je me suis retrouvé en France, dans un internat, en Charente-Maritime, pas loin d’ici et ma vie de déraciné à commencé. J’ai eu une deuxième vie. J’en ai eu conscience très tôt. Même si j’étais déjà venu en France en vacances, là, j’ai réalisé que j’entamais une autre vie, ne serait-ce que parce que je me sentais complètement décalé dans cet internat. Il y avait des expressions d’ici que je ne comprenais pas forcément. Par exemple, il y avait quelque chose de très drôle (rire) : moi j’avais toujours entendu parler de pion dans les lycées, dans les collèges. J’arrive devant le grand ponte du lycée, premier contact et puis je lui parle de pions, je ne vous dis pas la tête qu’il a fait ! Des choses comme ça, des choses toutes bêtes… évidemment, des différences de mœurs, d’habitudes, etc…
Et puis, très vite, comme j’ai vécu quand même dans une atmosphère très influencée par l’extrémisme de droite (l’énorme majorité des gens en Algérie soutenait l’OAS), je me suis retrouvé évidemment tenant de l’Algérie française, avec tout ce que ça comportait, y compris l’inadmissible, mais c’est comme ça… Je fais partie des enfants manipulés puisque, au collège, nous transportions des tracts dans nos sacs. Nous étions instrumentalisés, bien entendu. Ça n’est pas seulement le fait de cette guerre-là, c’est le fait de toutes les guerres, où tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. Puis je suis allé à Paris. Là encore, je me suis retrouvé dans une métropole, dans un truc immense, avec des habitudes, des mœurs complètement étrangères à mon vécu. Et puis ça m’a poursuivi longtemps, y compris lorsque je suis devenu enseignant. Je ne me suis jamais senti à ma place. Mais je ne mesurais pas encore. Alors, pendant mes années de lycée, j’ai eu la chance de tomber sur des profs extraordinaires qui m’ont compris, qui ont su me prendre par le bon bout. J’ai eu la chance de vivre mai 68, qui est encore un tournant ! Mais ça n’est pas de lui dont je veux parler.
Je suis tombé sur un prof de français qui avait une intelligence extraordinaire. Un grand militant, d’un grand parti de gauche et il m’a fait comprendre ce qui se passait, par le biais de la culture. L’attachement à la culture que j’ai aujourd’hui, je la lui dois. Je crois que je lui dois beaucoup. Il m’a aidé à comprendre qu’en fin de compte j’avais été utilisé, manipulé, que les idées que j’avais dans la tête par rapport à mon pays, ça n’était pas forcément ça, qu’il y a des choses qu’on m’avait cachées, etc… Petit à petit, je me suis fait une conscience politique, sans qu’il me dirige. Je me suis retrouvé engagé dans les évènements de mai 68, mais du bon côté de la barrière ce coup-là.
Parce que je crois qu’y a un bon et un mauvais côté de la barrière. Je me suis battu avec les forces de gauche, et puis j’ai eu une carrière de militant et politique et syndical etc… etc…
Mais je n’avais pas encore la conscience de ce qui me gênait dans ma vie. Aux alentours de la trentaine, il a fallu que j’arrive vers les trente ans à peu près, après avoir divorcé, j’ai fait une pause qui a été propice à une réflexion plus prolongée sur moi-même.
J’ai eu cet appel des racines. C’était confus, diffus, au tout début et puis ça s’est précisé, d’autant que j’ai trouvé une compagne qui était tout à fait étrangère à ça. Mais dans les idées, tout à fait prête à accepter ça.
Et puis, petit à petit, j’ai découvert que ce qui me manquait. C’était cette terre !
Je n’arrivais pas à me faire une vraie identité, malgré le fait que j’étais un militant, que j’étais engagé, que j’avais des responsabilités, que je faisais un métier engageant puisque enseignant donc un métier à responsabilité et qui demande quand même de développer sa personnalité, il me manquait ça. Mais je ne voulais pas y retourner tout seul parce qu’y aller tout seul ça se raccrochait tellement à un vécu difficile…
Il y avait le vécu heureux, mais aussi celui de la guerre. Donc, il y avait les peurs quand même. Il faut savoir que moi, jusqu’à l’âge de vingt-cinq, peut-être vingt-six ans, je me retournais dans la rue, la nuit, pour savoir si je n’étais pas suivi… Á Constantine, ma ville natale, je dormais à côté d’une ruelle qui était entre la prison et le cimetière musulman qui servait de refuge aux combattants qu’on appelait des fellagas. C’était donc des combattants de la liberté de l’Algérie. Je les entendais à travers les persiennes. Pour un enfant qui a entre six et quatorze ans, ça ne rassure pas.
De plus, il y avait des activistes de l’OAS qui passaient par là, qui manipulaient des armes, des grenades, des charges de plastic etc… Je peux vous dire que je » balisais sec » . En France, pendant des années, j’avais des hallucinations la nuit. Je voyais les poignées de porte tourner, quelqu’un rentrer, quel que soit le lieu où je me trouvais. C’était terrible. Encore aujourd’hui, je ne peux pas entendre d’explosions. Par exemple, je m’engueule régulièrement avec les gens qui balancent des pétards dans les manifs. Je leur dis « vous ne savez pas ce que c’est qu’une vraie explosion ? » Quand vous le savez, quand vous l’avez vécu, vous hésitez à le faire. C’est vrai que ça n’est pas forcément juste, la réaction que j’aie, mais elle est plus forte que moi.
Donc, voilà, j’avais tout ça, j’avais tout ce vécu et j’ai quand même réussi à trouver le moyen de connaître quelqu’un qui était devenu un grand, grand ami. C’était un parent d’élève d’ailleurs et ma façon de gommer la peur c’était d’être avec quelqu’un d’autre et puis quelqu’un qui était de la même année que moi. Il était arabe, enfin Algérien, je précise Algérien, parce qu’ils n’aiment pas qu’on dise arabe. Ils considèrent qu’ils ne font pas partie du monde arabe. Donc, Algérien musulman, même âge que moi. La seule différence entre lui et moi c’est qu’il habitait Alger et moi Constantine et que lui évidemment était de l’autre côté. Il était du côté des opprimés, comme moi j’étais du côté, entre guillemets, des dominateurs. Je n’étais pas un colon, bien sûr, mais bon, n’empêche que les Français étaient les dominants. C’est comme ça. Le colonialisme, c’est ça. Et donc, il m’a proposé qu’on y aille ensemble. J’ai emmené ma petite famille là-bas : mes enfants de mon premier mariage, mon fils qui avait trois ans et ma femme.
Nous voilà partis en vacances pendant un mois. Ça a été mon premier contact, depuis 1962, avec mon pays. Alors on a débarqué à Alger et ensuite, je suis allé à Constantine avec ma famille en voiture. Ça a été extraordinaire, même si une semaine c’est un peu court, bien entendu. Séjour constantinois un peu perturbé parce que mon fils avait une otite, mais aussi parce qu’il faisait très chaud, ma femme ne supporte pas les grosses chaleurs. Il n’empêche que j’avais repris contact et que surtout, quand je suis arrivé dans MA rue j’ai retrouvé mon ancien voisin, vingt ans après. Le pire, c’est quand il a vu arriver la voiture : il est descendu et alors que je l’avais connu gamin, plus jeune que moi, je me suis entendu dire « Toi, je te connais ! » . J’avais la barbe, les cheveux longs, frisés et je me suis dis « Comment peut-il me reconnaître ? » Et il me lance « T’es Jean-Michel. » , et alors là, je suis tombé des nues et, par déduction, comme je voyais qu’il venait de la maison en face de la mienne, de la nôtre à l’époque, j’ai soudain réalisé « C’est pas vrai… t’es pas Mourad ? » « Et si, je suis Mourad… » . C’est extraordinaire, vingt ans après, je n’imaginais pas qu’il pouvait habiter au même endroit, d’autant qu’on était dans une partie du quartier qui était assez vieille. Avant de revenir, je pensais que c’était détruit et j’étais étonné de retrouver la maison.
Ça a été un choc émotionnel extrêmement fort. J’ai revu ma maison et nous sommes rentrés en France. Mais j’étais frustré, parce que je n’avais pas retrouvé mes sensations, certains lieux, certaines heures etc.…
Tout ça on ne le sait pas avant, on le réalise après. Et donc, dès ce retour, j’avais toujours dit : » Je retournerais, premier voyage à ma retraite, je retournerais, mais tout seul » . Tout seul, tout seul, un mois tout seul, parce que j’ai besoin de ça. Ce sont mes enfants qui m’ont offert le voyage pour ma retraite et j’y suis donc retourné en mai 2004. Je n’ai pas eu le même choc. J’ai retrouvé l’Algérie après la décennie noire , avec cette montée, cette flambée d’islamisme qu’y a eu, avec, les massacres et tout ce qui a suivi. À présent, on revient à une situation un peu plus normale, même si tous les problèmes ne sont pas réglés. Donc, j’ai pu retrouver des sensations, j’ai revécu des situations. La première nuit je l’ai passée à l’hôtel et après je suis allé chez l’habitant. Ça ne m’a pas posé de problèmes. J’ai vécu comme si je n’en étais pas parti. Je me suis remis aux habitudes de là-bas. Alors, j’ai goûté avec un délice extraordinaire le fait de pas aller au supermarché, parce qu’il n’y en a pas. Donc, de faire mes courses comme je les faisais dans mon enfance, chez l’épicier du coin, tout simplement. De passer par le marché, lors d’une ballade, pour prendre une babiole était fantastique. J’ai retrouvé tout ça naturellement et j’ai perçu à nouveau des choses que j’avais oubliées qui sont revenues sans peine.
Et lors de ce voyage, j’ai rencontré beaucoup de gens : des universitaires, des gens du peuple, des ouvriers, des gens de toutes les catégories, beaucoup d’intellectuels, des enseignants. Et, à peu près au milieu de mon séjour, j’ai dit aux amis qu’étaient avec moi : « Voilà, ça y est : je suis dans l’Algérie de demain ! » .
Le « contentieux » que j’avais venait d’être réglé comme ça. J’avais réussi à m’en défaire. C’est à dire toute la partie mélancolie, nostalgie, pas toujours très saine même si on est du bon côté de la barrière. Il y a quand même des choses comme ça. Je me rappelle que lors de mon premier séjour, j’avais dit à ma femme, alors qu’elle voulait rester dans la voiture parce qu’elle était fatiguée : « Tu ne restes pas seule, à cet endroit-là, avec Julien.» . Ce que je ne lui disais pas, c’est que j’avais peur qu’on lui fasse du mal ! J’étais ENCORE dans le passé. C’est extraordinaire : alors que je défends l’Algérie algérienne que je suis ravi que mon pays soit indépendant, ne soit plus sous le joug colonial etc.… j’avais peur !
J’ai été rassuré, parce que Bedos a eu la même impression lorsqu’il est retourné en Algérie, à l’occasion du tournage d’une émission de télévision. Lui aussi retournait pour la première fois et il a eu le même sentiment de peur. Il a tourné ça en disant « Y a qu’des arabes ! » , mais bon, ça c’est son humour que l’on connaît bien. Mais… derrière il retrouvait des sensations de peur, qu’il avait du temps de la guerre, tout simplement. Ça m’a rassuré et je me suis dit : « Ça n’est pas tout à fait anormal, en fin de compte » . Il est vrai que ça interpelle quelque part quand même…
À partir de là, je me suis resitué dans la perspective de cette Algérie nouvelle et non plus dans ce que j’avais vécu ou pas. Ç’était réglé, j’avais retrouvé ce que je recherchais. J’avais remis les choses à leur place correctement.
J’étais certain, à présent, d’être un Constantinois, non pas parce que je le revendiquais, mais d’abord parce que là-bas, tout le monde me disait : « Mais tu es aussi Constantinois que nous ! » et puis que je connais toujours ma ville sur le bout des ongles. On a en effet la chance, eux un peu moins, que cette ville n’a quasiment pas changé dans le centre-ville et dans le quartier dans lequel j’habitais. Elle a beaucoup grossi, c’est une agglomération de huit cent soixante mille habitants. C’est énorme. Il y a une ville nouvelle à côté, les villages autour sont devenus des villes, parce qu’il y a eu une expansion démographique énorme après la guerre.
Je me suis retrouvé projeté dans cette Algérie en construction, avec y compris les perspectives de changements politiques qu’on peut entrevoir à un horizon un peu plus lointain, etc.… En tous les cas, dans une Algérie dynamique, qui se reconstruit, avec un peuple qui revit, qui reprend les choses en main qui récupère sa culture, puisqu’on leur interdisait la culture avec la montée islamique.
J’ai eu la chance de voir « Viva l’Aldgérie » là-bas, dans un cinéma à Constantine, avec un son exécrable mais ça n’est pas grave ! J’étais avec Najia, une amie écrivaine là-bas, originaire de Constantine aussi, qui a le même âge que moi. Avec elle, on a pu partager et en discuter. Ce film-symbole n’est pas neutre et c’était très intéressant.
Et tout ça m’a permis de dire : « Ça y est, maintenant, je sais ce que je veux : la nationalité Algérienne » .
Pour moi, la fin de mon histoire ça sera si j’arrive à l’obtenir.
Je l’ai demandée. En ce moment, il y a le nouveau code de la famille et ils réforment le code de la nationalité. Je peux peut-être espérer. Parce que mon argument c’est de dire : je n’ai pas choisi de partir. Évidemment, j’étais mineur. Mes parents ont choisi pour moi et je ne leur reproche pas, bien entendu, mais le fait est, que je n’ai pas choisi de partir.
Si j’avais été majeur, je ne sais pas ce que j’aurais fait. Je ne peux pas le dire. Mais je n’ai pas choisi de partir. A l’époque, lorsqu’on était majeur, si on voulait rester là-bas, on pouvait le faire. Les Algériens n’ont jamais demandé à ce que l’on parte. Simplement, on pouvait rester en ayant la nationalité algérienne et en gardant la nationalité française. Donc, je demande à avoir l’effet rétroactif, en quelque sorte. Je veux la double nationalité, parce que je suis d’abord Algérien.… Je me sens Algérien. D’autant plus que je suis en pleine phase avec ce peuple qui a conquis sa liberté, qui l’a eue avec toutes les souffrances que l’on sait.
Même si je suis Français, que j’ai eu de la famille massacrée, y compris après la guerre, n’empêche que c’était une cause juste, et que malheureusement, dans ces cas-là, il y a des dégâts pour que les choses se règlent.
Maintenant, je me sens tout à fait à ma place. Mon identité, à 57 ans je la trouve seulement là. Il y a toutes ces années qui sont passées où j’avais l’air très sûr de moi, mais en fin de compte, j’étais sûr de moi sur des idées, sur des choses comme ça, mais par rapport à ma place dans la société, je n’étais pas sûr de moi du tout !
J’ai décidé d’aller tous les ans, au mois de mai, à Constantine. J’y retourne en mai 2005. Je me sens bien, maintenant et je sais que je peux donner quelque chose à mes petits-enfants, à mes enfants. Leur héritage ça sera ça. En mai 2004, j’ai fait un site Internet . C’est le site de mon voyage où j’y ai mis tous les attendus, toutes mes hésitations, mes questionnements, les raisons pour lesquelles je partais, etc.… J’y ai laissé un journal de bord illustré. Ce site, à présent, je n’y touche plus. Même si j’y retourne après, ça n’est plus pareil. Ce site-là, voilà, c’est pour mes enfants, mes petits-enfants. Au moins ils y trouveront des repères, dans leur histoire familiale. Là y a quelque chose de fort parce que je me suis retrouvé.
J’espérais bien que je me retrouverais ! Quand je suis parti, le 1er mai 2004, je ne savais pas si ça marcherait mon truc. Je ne savais que je retrouverais facilement les lieux. Quel effet ça aurait sur moi ? Je craignais que ce soit un coup d’épée dans l’eau, et que je me dirai « Mais tu t’es trop occidentalisé maintenant ! » . Ce ne fut absolument pas le cas
Maintenant, je sais que, jusqu’à ma mort, je serais un authentique Algérien. D’autant que je suis reconnu par les gens de Constantine…
Je suis resté un mois. J’ai circulé dans la ville tous les jours. Évidemment, j’étais souvent à pied, parce que dans cette ville si vous ne circulez pas à pied, c’est une horreur…
J’ai été reconnu par un tas de personnes qui me disaient : « Mais pourquoi tu ne rentres pas ? tu es chez toi ! » Ils étaient étonnés que je me rappelle d’autant d’habitudes. Même si je ne parle pas arabe, il y a beaucoup d’expressions que j’ai gardées ou qui me sont revenues une fois là-bas. J’étais étonné de me rendre compte à quel point j’étais incrusté dans cette culture. Surtout à Constantine, qui est une ville un peu particulière. C’est une ville historique, de lettres, d’art. C’est vraiment une ville de culture.
Je suis vraiment en prise directe avec et maintenant, je ne peux plus imaginer ne pas retourner tous les ans et ça m’aide à m’épanouir. Ça me donne du punch.
Ce dont je rêve c’est que l’on arrive un jour à ce que cette période un peu trouble, qu’on ose seulement maintenant appeler guerre d’Algérie, on arrive à en parler sainement, que l’on rende hommage à ceux à qui ont doit rendre hommage, des deux côtés d’ailleurs parce que les deux côtés ont souffert…
Qu’on rende le pays à ceux qui l’ont habité que ce soit des arabes, des juifs ou des français. On a des racines mêlées, tellement mêlées qu’on ne sait plus ce que l’on a d’arabe en nous, de juif, ou de français.
Si vous avez remarqué, je n’ai pas utilisé le terme « pied-noir » dans l’entretien. Ça n’est pas par hasard, parce qu’effectivement c’est un terme qui a pris une connotation extrêmement réactionnaire et que je ne veux pas employer. Quand on l’utilise à mon égard je dis « Non, je ne suis pas pied-noir, je suis un Français-Algérien» .
Ce tournant de ma vie, je l’intitule : « Passeport pour mon pays » , tout simplement.