lundi 22 août 2011

Le Monde : La capture de Kadhafi manque encore à la victoire des rebelles libyens

La capture de Kadhafi manque encore

à la victoire des rebelles libyens

LEMONDE.FR avec AFP | 22.08.11 | 17h23 • Mis à jour le 22.08.11 | 18h50


Des rebelles dans les rues de Tripoli, lundi 22 août.
AFP/FILIPPO MONTEFORTE
Des combats ont fait rage, lundi 22 août à Tripoli, au lendemain de l'entrée des rebelles dans la capitale presque sans résistance de la part des forces de Mouammar Kadhafi. Seule la capture du dirigeant libyen semblait toutefois manquer aux rebelles pour s'assurer une victoire totale.

Des rebelles célèbrent la prise de contrôle
de Tadjourah, une banlieue de Tripoli,
le 22 août au matin. AFP/-
Le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion, basé à Benghazi, affirme contrôler 95 % de la ville et se prépare à s'installer à Tripoli, a annoncé son président, Moustapha Abdeljalil. Des combats ont notamment eu lieu autour de la résidence de Mouammar Kadhafi à Bab Al-Aziziya. Le colonel Kadhafi pourrait encore se trouver dans sa résidence. Le Pentagone affirme que le dictateur n'a pas quitté le sol libyen.

Dans la nuit, les rebelles, qui ont lancé une offensive samedi soir sur la capitale, ont atteint la place Verte, un lieu symbolique où les partisans du régime avaient l'habitude de se rassembler et que les insurgés ont rebaptisée "place des Martyrs". Une foule en liesse dansait et agitait des drapeaux rouge, noir et vert, aux couleurs de la rébellion. Pour autant, les affrontements se sont poursuivis dans la capitale, où des témoins ont fait état d'accrochages dans plusieurs quartiers du centre-ville, notamment du côté du port, et de la présence de tireurs embusqués pro-régime sur le toit d'immeubles. En fin de journée, les rebelles se sont regroupés dans les banlieues de la ville et se préparaient à passer plusieurs quartiers au peigne fin.

Selon une source militaire rebelle, des "tireurs embusqués ont visé la place des Martyrs", vers laquelle des dizaines d'insurgés, dans des camions, pick-up et voitures, ont convergé en milieu de journée. Des tirs sporadiques étaient entendus dans l'après-midi dans plusieurs quartiers.

Les habitants de la capitale étaient nerveux lundi, ne sachant pas ce qui allait se passer dans les jours à venir, mais déjà heureux d'avoir vu ce qu'ils considèrent comme la fin inévitable de Mouammar Kadhafi. Dans le même temps, des affrontements ont été signalés dans les villes d'Al-Aziziya (50 km au sud de Tripoli) et d'Al-Khoms, à mi-chemin entre la capitale et Misrata (est). A l'Ouest, des affrontements avaient lieu non loin de la frontière tunisienne. Dans l'Est libyen, les forces encore fidèles au colonel Kadhafi ont quitté Brega, se repliant vers Syrte.
Le sort de Kadhafi en suspens, ses fils arrêtés.

Quelques heures auparavant, le colonel Kadhafi avait appelé ses partisans à "nettoyer" la capitale, dans son troisième message sonore en moins de vingt-quatre heures. Dimanche matin, il avait déjà martelé qu'il ne se rendrait pas et sortirait "victorieux" de la bataille de Tripoli. L'Afrique du Sud a affirmé qu'elle n'avait pas envoyé d'avion en Libye pour lui permettre de quitter le pays, tandis que Malte a jugé hors de question que le colonel Kadhafi puisse être accueilli en exil sur l'île.

Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé que Seif Al-Islam, un des fils de Mouammar Kadhafi, présenté dans le passé comme le successeur de son père, et qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité, avait été "arrêté". Les rebelles ont également arrêté deux autres fils de Kadhafi, Mohamed et Saadi.

 Crainte de vengeances.

 Le chef du CNT a évoqué sa possible démission pour protester contre les actes de vengeance perpétrés selon lui par certains combattants rebelles sur le terrain. "Je salue l'action des chefs des révolutionnaires, j'ai confiance en leur parole, mais certains actes de quelques-uns de leurs hommes m'inquiètent", a déclaré Moustapha Abdeljalil, évoquant "des actes de vengeance".

"Ce pourrait être la raison ou la cause de ma démission", a mis en garde M. Abdeljalil, qui s'exprimait au cours d'une conférence de presse dans la capitale rebelle, Benghazi. "Je m'oppose fermement à toute exécution extrajudiciaire", a-t-il martelé.

Des félicitations internationales.
David Cameron, le premier ministre britannique,
s'exprime sur la capture de Tripoli par les rebelles
libyens, lundi 22 août.AFP/Andrew Cowie
Pour le président américain, Barack Obama, le régime "a atteint le point de non-retour" et le "tyran" libyen doit partir pour éviter un bain de sang. Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a estimé de son côté que "le régime de Kadhafi s'effondre clairement".

La France a proposé une réunion du groupe de contact sur la Libye la semaine prochaine à Paris. Le président français, Nicolas Sarkozy, a appelé les pro-Kadhafi à cesser "immédiatement" le feu et a "condamné avec la plus grande fermeté les appels irresponsables et désespérés" du colonel libyen à poursuivre les combats. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est sur la même ligne, promettant un sommet extraordinaire sur la Libye cette semaine.
L'UE et Londres ont affirmé que la fin du régime était proche, le premier ministre britannique, David Cameron, estimant que le colonel Kadhafi "bat en retraite" et "doit arrêter le combat", tandis que Berlin appelait Mouammar Kadhafi à renoncer au pouvoir, estimant qu'il a "perdu toute légitimité". Rome l'a appelé à se rendre pour "épargner à son peuple de nouvelles souffrances".

La Chine a déclaré "respecter le choix du peuple libyen et espère un retour rapide de la stabilité en Libye" alors que la Russie a dit attendre un transfert "imminent" du pouvoir aux rebelles. L'Egypte et le Koweït ont reconnu le CNT comme nouveau maître du pays. La Ligue arabe s'est pour sa part dite "totalement solidaire" des rebelles libyens. L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a félicité le peuple libyen pour "la réussite de sa révolution".

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