vendredi 5 août 2011

Chicago Blues : A living History

Chicago Blues : A living History

Dans un post précédent je vous avez signalé la sortie de cet album et sa nomination aux Grammys awards 2010.
Voici la traduction du livret ainsi que la sortie du second album avec son livret.
Ils sont diffusés par la FNAC. Ne les ratez pas, si vous aimez le Chicago Blues !


Couverture de l'album
Chicago Blues : A Living History
Le Chicago Blues : A Living History est un hommage au passé, au présent ainsi qu’à l’avenir du Chicago Blues. Il rend hommage à ses créateurs, à sa riche histoire, à ses représentants actuels et à sa place très singulière dans la (r)évolution de la musique américaine du 20ème siècle. Cet album apporte un témoignage sur l’histoire de ce genre dans ce qu’il a de meilleur, puisque les artistes qui jouent sur cet album sont quatre des plus grands musiciens vivants de cette tradition. Billy Boy Arnold, John Primer, Billy Branch et Lurrie Bell sont la passerelle entre ceux qui étaient à l’origine de ce genre et le blues actuel de Chicago ; chacun d’entre eux a un pied dans une génération de l’histoire du Chicago Blues jusqu’à nos jours. C’est à travers eux que le Chicago Blues reste une tradition et vit encore.
Parce qu’il nous est impossible de savoir si ces artistes seront le dernier maillon de la chaîne de cette tradition, si d’autres pourront la perpétuer, cet enregistrement est un document qui tombe à point nommé et il est par conséquent essentiel.

C’est parce qu’il s’agit de ces quatre artistes que cette occasion est exceptionnelle et sans eux, il n’aurait pas été possible de réaliser ce projet. Il était donc important de saisir ce moment.

Cela n’est en rien une anthologie ou une compilation de ce qui s’est passé avant. L’histoire, avec ce CD se fait en même temps qu’elle est représentée. Il ne s’agit pas d’un enregistrement « rétro », il s’agirait plutôt de l’inverse. Bien que la musique a été enregistrée sur bande analogique et que l’on a prêté une attention toute particulière au son du studio d’enregistrement ainsi qu’aux techniques de micros utilisées alors dans les différentes périodes des premiers enregistrements, il ne s’agit ni de célébrer les techniques ou les technologies du passé, ni même de tenter une approche d’anthropologie ou d’archives pour photocopier cette musique du passé. Ce serait en contradiction avec la tradition et l’esprit dans lequel elle a été crée.

Plus important encore, je ne voulais pas être limité par les contraintes inhérentes au concept de ce projet qui aurait pu ne pas mettre en valeur les styles très accomplis de chaque artiste. Au contraire, nous avons choisi les chansons ensemble et ils ont compris qu’ils avaient la liberté de s’approprier chaque chanson comme ils l’entendaient.

Ce CD n’a pas pour but d’être une histoire détaillée du Chicago Blues. De part la nature même de ce projet et de part l’histoire très riche de cette musique, il a été tout simplement impossible de rendre hommage à tous les artistes qui ont contribué à façonner ce genre. Ce fut peut-être l’aspect le plus difficile et le plus frustrant dans la production de cet enregistrement.

Les artistes que j’ai choisis pour figurer dans ce CD en tant que pionniers incontestables du son Chicago Blues se sont imposés par leur contribution totale comme innovateurs du son, dans la mesure où leur contribution a influencé le reste.

En faisant ce choix, j’ai dû laisser de côté de nombreuses figures importantes de cette musique qui ont aussi laissé leurs empreintes indélébiles sur le son. Néanmoins cet enregistrement, sur deux disques, permet aux auditeurs d’entendre l’évolution du son Chicago Blues par ordre chronologique - des années 1940 jusqu’à nos jours dans lequel jouent 4 musiciens, héritiers de cette tradition.

Une autre décision que j’ai dû prendre a été de n’inclure aucune femme artiste de blues dans cet hommage. Bien qu’il y ait eu des artistes femmes de blues qui ont très certainement eu un impact sur le son Chicago Blues dans l’histoire de la musique et qui avaient un style remarquable, étant donné le concept du projet aucune ne pouvait être considérée comme innovatrice ou créatrice du son. Tout comme la période du blues dans les années 20 et 30 a été dominée par des chanteuses de blues classique qui étaient des innovatrices de cette époque, ceux qui ont innové le Chicago Blues des années 40 jusqu’à nos jours sont des artistes masculins.

Le disque n°1 commence avec My Little Machine de John Lee Williamson et est considéré comme le premier enregistrement de Chicago Blues qui a introduit la batterie dans une formation. Ensuite il nous mène sur les traces du piano des années 40 qui domine jusqu’à la fin de cette décennie et où la popularité de Muddy Waters a aidé à mettre en scène la guitare électrique pour remplacer le piano comme instrument de base qui dominait l’ensemble. Le disque n°1 continue avec l’évolution du son électrifié au sein du groupe au début des années 1950 avec également la mise en lumière du son de l’harmonica électrifié.

Le disque n°2 nous plonge dans la période classique et fertile de la moitié des années 1950 quand le Chicago Blues est en pleine effervescence. Il continue jusqu’aux années 1960 alors que le son du Chicago Blues, généralement qualifié d’après-guerre, a laissé place à un style électrique plus moderne. Il continue encore avec des exemples des années 1970, 80 et 90 et montre l’influence que les formes musicales plus nouvelles, plus populaires ont eu sur le son de Chicago. Ces exemples démontrent comment les formes musicales les plus contemporaines que le Chicago Blues a généré ont influencé les artistes actuels. Peut-être que plus que tous, Carlos Johnson, invité d’honneur, est la preuve de cette influence et représente le Chicago Blues contemporain du nouveau millénaire. Alors que les générations se succèdent et que les musiciens du Chicago Blues s’éloignent de plus en plus des auteurs et des héritiers directs de cette musique, ce sera cette forme d’adaptation et ce souffle de nouveaux sons issus du présent qui détermineront le chemin que prendra la tradition.

Quand j’ai apporté cette idée de CD à chaque artiste, aucune question n’a été posée. Tous voulaient en faire partie. Cet enregistrement est un vrai labeur d’amour venant de tous ceux qui y ont participé. La passion, la ferveur et l’engagement qu’ils y ont apporté sont la preuve de leur dévouement inconditionnel à cette musique et à son héritage. Les pères du passé, les fils et les filles d’aujourd’hui passeront le flambeau aux nouvelles générations du Chicago Blues et ce quelle que soit la forme qu’il prendra.

Larry Skoller,
Producteur, Chicago Blues: A living History

En vente à la FNAC :

 Couverture de Chicago Blues
A Living History
The (R)evolution

Avec The (R)evolution Continues, Chicago Blues : A Living History continue son hommage au Chicago Blues en sortant un deuxième album qui célèbre l'évolution de cette musique qui était à l'avant-garde d'une révolution de la musique américaine du XXème siècle. Cette évolution a non seulement jeté les fondements du Rock & Roll et de la Pop music que nous connaissons aujourd’hui, mais a exercé un effet incalculable sur la société américaine dans son ensemble, et a finalement influencé la vie des gens à un niveau global autant que n'importe quelle autre forme d'art américaine.

Comme avec Chicago Blues : A Living History, notre premier album, The (R)evolution Continues couvre le Chicago Blues avec le piano comme instrument principal dans les années 1940 jusqu’à la période classique des années 50 avec l’électrification de la guitare et de l’harmonica. The (R)evolution Continues accentue encore l’ éloignement du son classique du Chicago Blues, qui a été décrit comme «country-blues électrifié», vers la musique qui deviendra le Rock & Roll.

1955 a été une année clé et décisive pour le Chicago Blues. Il marque l'année où les principaux artistes afro-américains ont croisé le public blanc, ayant pour résultat des succès commerciaux pour les compagnies discographiques qui avaient précédemment vendu des disques de Blues à un marché principalement afro-américain. Ce fut également le début du déclin du son classique du Chicago Blues. Les entreprises discographiques avaient commencé à s’éloigner de ce son au profit de rythmes plus rapides de ce rock & roll que le jeune public blanc américain achetait massivement. En 1955, les ventes ont explosé grâce aux hits de Bo Diddley et de Chuck Berry sur le label Chess Records à Chicago, et le Rock & Roll en a émergé ; par la suite, cette période sera reconnue comme «l’âge d'or » du Chicago Blues.

Les événements de 1955 avaient même conduit Muddy Waters, roi régnant sur le Chicago Blues, à un quasi-éloignement. Ce n'est qu'au début des années 60 qu'il a commencé à gagner la notoriété en dehors de la communauté africaine-américaine ; au milieu des années 60, un nouveau public blanc a relancé sa carrière. Ce même public a été exposé au Chicago Blues par les enregistrements des Rolling Stones et autres groupes de rock britanniques qui reprenaient des chansons de Muddy Waters, Billy Boy Arnold, Howlin' Wolf, et Willie Dixon, entre autres. Bien que le Blues soit né aux Etats-Unis, il a été en grande partie (re)introduit auprès de l’Amérique blanche par ces groupes britanniques qui faisaient des reprises de Chicago Blues. Par la suite, les auditeurs américains se sont rendus compte que derrière cette nouvelle musique britannique, le Rock était en fait un «Enfant du Blues».

Peu d'innovations dans la musique contemporaine sont le résultat d'un « big bang. » Elles évoluent lentement de facteurs géographiques et sociaux, de changements des conditions de vie qui peuvent se réunir à n'importe quel moment. Les artistes du Chicago Blues, la plupart venus du Sud et qui étaient les héritiers des field hollers et du Blues du Delta du Mississippi, ont été la passerelle musicale à l'âge d'or du Chicago Blues. A l’image des bluesmen du Delta tels que Charley Patton, Son House et Robert Johnson avant eux, ces artistes ont été les innovateurs de leur temps, et au milieu des années 50 ils ont ouvert la voix au son électrique d'ensemble qui a été la base dont le Rock et la musique pop ont surgi. Bien que cet âge d'or ait connu son pic au milieu des années 50, leur musique demeure essentielle et maintient la tradition vivante à ce jour.

Pendant les années 60, des artistes comme Buddy Guy et James Cotton s’envolaient vers leur succès individuel et produisaient des enregistrements de Chicago Blues plus modernes et plus explosifs. Avec Otis Rush, Magic Sam et d'autres, ils ont été pionniers du son qui a incorporé plus de volume, plus de virtuosité, ajoutant les éléments soul, funk et jazz et, ironiquement, le son naissant du Rock qui était déjà redevable au Chicago Blues. Ces influences contemporaines ont marqué l'évolution de la musique afro-américaine pendant cette ère post-classique du Chicago Blues de manière similaire que les sons sophistiqués du jazz big-band qui ont dominé la scène musicale afro-américaine des années 30 et 40, ont influencé des musiciens de Chicago Blues comme Little Walter, Dave et Louis Myers, Robert Lockwood, Jr. et Fred Below ; ceux-ci ont ensuite introduit ces éléments dans le son du Chicago Blues des années 50.

En produisant un hommage qui traverse l'histoire d'un genre musical innovant, il était important pour nous de ne pas être coincé par une notion purement d’archivage. Bien que la plus grande part ait été ordonnée selon l’année de sa version initiale, comme sur notre premier album, l’ordre des pistes ne suit pas une chronologie stricte. C'est surtout une expérience d’écoute qui veut s’articuler autour de l'évolution dynamique du son du Chicago Blues.

Par tradition, le genre est défini par une musique qui vit ; elle respire, elle prolifère. The (R)evolution Continues n'est ni une anthologie ni une compilation des enregistrements par période ; c'est un nouvel enregistrement, y compris des interprétations contemporaines de certaines chansons, qui célèbre le passé, le présent, et le futur du Chicago Blues.

The (R)evolution Continues

Le succès lors des débuts de Chicago Blues: A Living History --y compris une nomination aux Grammy Awards dans la catégorie Meilleur Album Traditionnel de Blues--nous a donné l'occasion d’amplifier ce projet essentiel. Il nous a permis d'atteindre encore plus notre but de supporter cette musique en augmentant et en élargissant la sensibilisation du public sur sa tradition, son histoire et ses plus grands artistes.

La clé à la suite du premier volume était d'inviter des artistes majeurs et émergents qui pourraient non seulement apporter une contribution musicale importante mais, de manière plus significative, compléteraient les principaux artistes exceptionnels de l'enregistrement précédent --Billy Boy Arnold, John Primer, Billy Branch, Lurrie Bell et Carlos Johnson—autour desquels ce projet a été élaboré.

Cela n'a pas pris longtemps pour savoir qui seraient ces artistes sur le nouvel enregistrement.

En haut de notre liste était M. Buddy Guy, roi incontesté du Chicago Blues. Peut-être plus que n'importe qui d’autre vivant, il personnifie la tradition du Chicago Blues, et il est l'un des plus grands représentants vivants du genre, un trésor de la musique américaine.

Une autre légende parmi nous, et un des artistes de Chicago Blues les plus importants et les plus innovateurs ayant une place indéniable dans l'histoire de cette musique, c’est l’exceptionnel leader et maître d’harmonica, Mr. ''Superharp'' James Cotton. Il a non seulement aidé à mettre en avant l'harmonica dans le Blues aux côtés de Muddy Waters pendant les années 1950, mais ses groupes pleins d’énergie, funky, avec une base de boogie ont contribué à définir le Chicago Blues contemporain après les années 60.

Naturellement, la gloire du Chicago Blues profond dans ce qu’il a de plus simple devait être représenté sur cet enregistrement. Avec sa fusion des styles urbains rugueux et du country Blues électrifié qui sont le noyau du genre, M. Magic Slim était le seul choix possible.

Nous avons su qu'il n'y a personne de plus qualifié pour représenter la présence importante des divas du Chicago Blues du début des années 80 au présent que Zora Young ; elle est présente sur la scène du Chicago Blues depuis plus de trente ans. Parente éloignée de Howlin' Wolf, elle est arrivée du Mississippi à Chicago à l'âge de sept ; elle y a eu pour mentor Sunnyland Slim. Rendre hommage à Sunnyland Slim sur cet enregistrement prend tout son sens.

Enfin, nous avons demandé à Ronnie Baker Brooks, fils du grand Lonnie Brooks, d’y participer. Ronnie est à la tête d’artistes de Chicago Blues qui combinent le vieux avec le nouveau, le passé avec le futur, menant la nouvelle génération du genre dans le XXIème siècle.

Non seulement ces icônes du Chicago Blues ont accepté notre invitation, mais ils ont apporté leur passion et leur générosité extraordinaires au projet. Par leur enthousiasme débordant, il est devenu clair que l'occasion de participer à cet hommage à la musique dont ils sont les pionniers, signifie quelque chose très spécial à chacun d’entre eux.

Bien que le Chicago Blues et ses représentants n’auront peut-être jamais la chance de faire partie de la culture pop actuelle, ils ont eu une si grande influence dans sa création, que nous espérons qu’en plus du premier album, Chicago Blues: A Living History - The (R)evolution Continues servira non seulement d'expérience musicale passionnante pour les amoureux du Blues, mais contribuera également au patrimoine de la musique pour les générations de fans à venir.



Larry Skoller, producteur

En vente à la FNAC :

2 commentaires:

Anonyme a dit…

En quête d'une traduction pour les deux double albums "Chicago Blues" j'ai trouvé ici une rapide et judicieuse réponse à mon attente! Un excellent travail. Si comme moi, tu es une adepte de cette immortelle musique,tu peux visiter mon pseudo: nime sur deezer. De nombreuse PL Blues attendent ton passage et peut-être tes commentaires.... Je t'y accueillerai avec plaisir.

Yahia a dit…

Je ne manquerai pas de faire un tour vers ton pseudo sur Deezer.

Il faut remarcier Larry Skoller qui est à l'origine de cet énorme travail sur la Chicago Blues, y compris avec le souci de traduire les livrets en français.

Nothing but the blues, Guy !